Dans l'Antiquité, avant même que le concept de nation puisse exister, les populations du monde vivaient dans des empires multi-ethniques où se côtoyaient tant bien que mal toutes sortes de communautés diverses distinctes entre elles, qui n'avaient en commun que leur soumission à une administration et une bureaucratie despotiques.

Les gens de ces communautés, s'excluant les unes des autres autant par la religion que par la langue, avaient pris l'habitude de porter des signes distinctifs pour se reconnaître entre eux et pour se regrouper dans des zones bien délimitées - des ghettos - qu'ils contrôlaient avec une mentalité tribale.

Les empires multi-ethniques de l'Antiquité ont disparu depuis longtemps, remplacés peu à peu par les pays-nations, beaucoup plus stables et démocratiques, mais il semble que l'ancien concept impérial, qu'on croyait depuis longtemps obsolète et dépassé, est sur le point de faire un retour aussi spectaculaire qu'inattendu sur la scène contemporaine en prenant avantage du phénomène de la mondialisation de l'économie et de l'abolition des frontières nationales.

Ainsi, au nom de "la liberté" et de "l'ouverture", l'humanité reviendrait après deux mille ans à des structures étatiques et sociales évoquant à s'y méprendre les anciens empires de l'Antiquité, indifférents au fait national, peuplés de communautés ethniques disparates arborant des signes distinctifs de manière ostentatoire et se terrant dans leur ghetto du coin. D'un point de vue historique et progressiste, ce retour du balancier s'appelle une totale régression, malheureusement cautionnée le plus naturellement du monde par certains de nos dirigeants politiques, leaders d'opinion, philosophes et sociologues bien-pensants. Devant une telle dégénérescence du politique et du social, il y a de quoi hurler!!!