On avait cru, au lendemain de la guerre froide, que la violence politique était désormais bannie du monde occidental. Notre civilisation venait de franchir un cap historique. La violence serait désormais résiduelle, contenue dans les marges de la société, ou cantonnée dans des régions du monde en retard sur le chemin du progrès.
On constate aujourd’hui qu’il n’en est rien. Les idéologies radicales sont de retour. Les passions politiques se réchauffent. Le fanatisme redevient un signe de noblesse morale. Et le désir qu’ont les hommes de s’échanger des idées à coups de poing au visage remonte à la surface.
États-Unis
Les deux rives de l’Atlantique sont frappées.
Je ne parle pas ici de la violence terroriste à laquelle nous avaient habitués les islamistes depuis l’attentat contre Charlie Hebdo. Je parle d’une société qui se désagrège et où plusieurs tendances se radicalisent. Nos sociétés perdent en cohérence, s’écartèlent en factions et en tendances hostiles.
On le voit aux États-Unis, où les manifestations du mois de juin ont dégénéré. Les pillages sont de plus en plus nombreux et les groupes qu’on appelle «antifas» multiplient les raids dans les territoires qu’ils occupent, comme on le voit à Portland, et cela, dans un climat de relative indifférence collective, puisque la violence d’extrême gauche profite de la complaisance médiatique.
On le voit en Allemagne, où le mouvement antimasque se laisse gagner par la tentation insurrectionnelle, quand certains de ses éléments radicaux associés à l’extrême droite prennent d’assaut le parlement.
On le voit dans les universités nord-américaines, où la gauche radicale se donne le droit de faire taire ceux qu’elle n’aime pas.
Extrémisme
Plus largement, les sociétés exagérément hétérogènes deviennent conflictuelles. On le constate en France, où les violences contre les agents des services publics se multiplient dans ce qu’on nomme pudiquement les «banlieues».
Demain, en chronique, je reviendrai sur la situation québécoise.