Crise grecque

Le répit

Décidément, l'Europe est prise entre l'arbre et l'écorce.

Crise de l'euro


Pour la deuxième fois en autant d'années, le Parlement grec a accouché d'un plan d'austérité aux forceps. De fait, le défaut de paiement qui inquiétait au plus haut point les dirigeants des pays membres de l'Union européenne (UE) ainsi que les acteurs financiers a été écarté. Pour combien de temps? Nul ne le sait.
Par une faible majorité, le gouvernement du premier ministre Georges Papandréou a fait adopter une forte dose de rationnements financiers qui prévoit la greffe d'une empilade de réductions salariales combinée à une hausse des impôts à celles fixées il y a un an. Ce faisant, la Grèce va percevoir les sommes promises sous conditions par le Fonds monétaire international (FMI) et l'UE qui lui permettront de s'acquitter de ses obligations financières dans le courant du mois de juillet. Voilà pour la facette facile du dossier. Passons à la «compliquée-complexe.»
Cet échange de milliards entre un pays soumis à un stress financier énorme et des organisations supranationales effrayées par un éventuel défaut de paiement est attribuable, en partie, à ce qu'il faut bien appeler une contorsion financière qui a Paris pour origine. Des semaines durant, Angela Merkel a soufflé le chaud et le froid en évoquant l'idée d'une restructuration de la dette grecque, et donc de la participation obligée des établissements financiers détenteurs de la dette en question. Cette proposition, ni le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, ni le gouvernement français ne voulaient en discuter jusqu'à...
Jusqu'à ce que Nicolas Sarkozy avance le compromis suivant la semaine dernière: la participation des banques devra se faire sur une base volontaire. Les titans français du capital ayant fait écho à sa suggestion, certains parmi les Allemands ont emboîté le pas. Ces derniers ayant convenu de modifier les termes afférents à la dette, ils vont se livrer à une restructuration, certes légère, mais à une restructuration tout de même. Si les dirigeants de la zone euro ont pris un soin méticuleux à ne pas prononcer le mot qui fâche, d'autres, et non des moindres, n'ont pas été dupes.
Il s'agit bien évidemment des marchés et surtout des agences de notation. Dans les semaines, voire les jours qui viennent, Moody's et consorts vont se prononcer. Si elles jugent suffisante cette restructuration qu'elles jugeaient inéluctable, les chefs d'État européens vont articuler un ouf sonore. Dans le cas contraire, autrement dit si elles l'estiment insuffisante, alors une énième décote s'ensuivra qui étendra la crise de l'euro.
En fait, lorsqu'on s'attarde aux problèmes rencontrés par le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et ces jours-ci l'Italie, c'est à se demander comment la zone euro va étouffer la crise. Prenons l'Italie. Aujourd'hui même, le Parlement doit étudier un autre plan d'économies totalisant 60 milliards. Au Portugal comme en Espagne, on vient tout juste d'additionner des restrictions aux restrictions. Idem en Irlande. Bref, partout on commande des politiques qui logent à l'enseigne de la réduction, de la compression.
Ces choix ont eu pour conséquence tout aussi récente l'allongement du nombre d'économistes qui appréhendent une autre récession. Leur argument? Ces choix effectivement dictés par une nécessaire discipline budgétaire ont pris un tel ascendant qu'ils étouffent la croissance économique. Décidément, l'Europe est prise entre l'arbre et l'écorce.


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