Dans le dernier Discours du trône, le nouveau gouvernement conservateur de Stephen Harper exprimait clairement son intention d'"inviter le Québec à jouer un rôle au sein de l'Organisation des Nations-Unies pour l'éducation la science et la culture (UNESCO)".
Cet engagement formel du nouveau Premier ministre a été reçu avec une satisfaction évidente par le gouvernement Charest.
Au-delà des préoccupations strictement électoralistes, il y a, en effet, une volonté manifeste de redéfinir les relations entre Ottawa et le Québec; c'est-à-dire satisfaire, dans le cadre d'un fédéralisme souple, la volonté du gouvernement québécois d'exprimer, sur la scène internationale, ses propres opinions sur des sujets qui relèvent de sa compétence.
En 1986, le même argument avait justifié Brian Mulroney d'accorder au Québec un statut particulier à la table de la francophonie; au cours des rencontres internationales qui ont suivi, le Canada et le Québec se sont exprimés sans que des problèmes particuliers surgissent. L'un et l'autre ne sont pas forcément en désaccord sur les sujets discutés et, même si cela devait se produire, il serait possible d'atteindre, après discussion, un consensus comme cela se fait entre tous les partenaires internationaux.
Voix discordantes
Cependant, il n'a pas fallu de temps avant que certaines voix se fassent entendre sur le "risque éventuel" d'accorder au Québec un rôle international. Cela mettrait en danger, semble-t-il, la responsabilité du gouvernement central de déterminer la politique étrangère du Canada.
À cet égard, un petit effort de mémoire nous ramène presque 20 ans en arrière, au moment de la ratification par les provinces de l'Entente du lac Meech. L'échec final de ce nouveau pacte fédératif est dû essentiellement au refus de Pierre Elliot Trudeau, de Clyde Wells et du parti libéral, de reconnaître un statut particulier au Québec. Nous connaissons la suite...
La réaction négative de quelques députés d'Ontario et des Maritimes signifie-t-elle une fin de non-recevoir pour toute réforme constitutionnelle qui impliquerait une plus grande autonomie du Québec? Il est pertinent de se poser la question!
Je ne crois pas qu'une telle réforme soit imaginable, de toute façon, et ce à court ou moyen terme. Mais le situation désastreuse du parti libéral fédéral au Québec(12%), et surtout la course à la direction, a justifié une réaction immédiate d'un des favoris. Michel Ignatieff s'est empressé d'approuver, ou presque, l'initiative du Premier ministre Stephen Harper, en insistant peut être davantage sur l'empreinte profonde laissée par la présence du Québec dans la fédération canadienne; opinion partagée d'ailleurs par un grand nombre d'intellectuels au Canada anglais.
Caractère distinct
Un chroniqueur influent du Globe & Mail, Lawrence Martin, écrivait, à la veille des dernières élections fédérales, que le caractère distinct du Canada face à son puissant voisin du Sud tient essentiellement à la contribution politique, sociale, culturelle et linguistique, de sa province francophone.
Pour lui, le Canada sans le Québec serait une pâle copie des États-Unis d'Amérique; une identité imperceptible derrière l'écrasante présence de ceux qui s'identifient Américains, excluant ipso facto autant ceux qui vivent au nord comme au sud du continent.
Je suis bien conscient, cependant, qu'une telle opinion n'est pas partagée par une majorité de Canadiens hors Québec. La réaction spontanée de quelques députés libéraux en est la preuve la plus évidente.
Il y a, au Canada, incluant le Québec, des citoyens qui croient qu'accorder des pouvoirs accrus aux provinces sur la scène internationale représente un risque d'incohérence. L'État fédéral, seul, doit parler au nom de la fédération.
Ce débat n'est pas nouveau, c'est celui d'un État central fort devant une confédération de provinces exerçant leurs pleins pouvoirs dans leurs juridictions respectives.
La question n'est pas réglée et ne le sera peut être jamais. C'est, en fait, toute la dynamique du système fédératif qui est en cause et aucune autre province n'a su, comme le Québec, profiter de cette dynamique.
Le Québec, un exemple de dynamisme et d'efficacité
Par Benoît Bouchard
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