Le Québec plus francophone (ou plus francophile) que les Français eux-mêmes?

Déclin du français - La France dégénérative...


Berceau de la langue française, mère patrie des « canayens », grande puissance mondiale, telle est la France comme on la connait au Québec. De plus, certains voient en ce pays un des grands défenseurs de la langue française au niveau mondial. Pourtant, il m’apparaît que les Français sont plus anglicisés que ne le sont les Québécois.
En effet, étant arrivée depuis peu en France, ma première vraie constatation est l’anglophilie dont font preuve les Français. Au-delà des clichés, comme « parking » et autres, c’est une véritable mode ici que d’ajouter des termes anglais dans sa conversation ou dans ses expressions. Il n’existe pas de quota de contenu francophone dans la télé/radiodiffusion, donc une grande partie est anglophone. Certains commerces vont même jusqu’à n’afficher qu’en anglais! Chose qui ne passerait pas inaperçue au Québec et dont les grands défenseurs de la langue se feraient un plaisir de dénoncer en vertu de la loi 101. Ici par contre, ça ne semble pas contrarier personne, c’est presque normal…, ou plutôt ce l’est, c’est moi qui ne le suis pas!
En effet, il semblerait (au conditionnel, car ce n’est qu’une impression de ma part, donc très subjective) que la situation minoritaire des francophones en Amérique nous inspire un sentiment d’urgence et de défense, bref une sorte de complexe minoritaire, que n’ont pas les Français. Pourquoi l’auraient-ils, d'ailleurs? L’État français est officiellement de langue française, donc toutes les communications entre le gouvernement et les citoyens se font en français; les francophones forment la majorité (et de loin) du pays; les immigrants adoptent naturellement le français (malgré certaines exceptions que je m’explique mal, mais bon…); etc. On voit mal pourquoi ils se sentiraient menacés dans ces conditions…
Pour ce qui est de la défense du français, par contre, la France fait piètre figure. Même si elle a permis la mise en place d’une Organisation mondiale de la Francophonie. Cette dernière est avant tout une initiative des pays d’Afrique francophones. De plus, c’est au gouvernement du Québec que l’on doit principalement la Convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (appuyé par la France, tout de même). C’est comme si le fait que la langue française soit institutionnalisée et majoritaire en France rendait le gouvernement français moins combatif dans ce domaine, laissant le champ libre aux nations sans grand pouvoir, comme le Québec. Évidemment, pourquoi s’arrêter à des questions aussi banales quand on peut être à la table de négociation sur des enjeux aussi cruciaux que la dénucléarisation des armées par exemple?
Je crois qu’il est tout à fait normal que la France ait peu d’intérêt à promouvoir activement le français au niveau international. Cependant, je pense qu’elle devrait néanmoins considérer avec un peu moins de désinvolture l’anglicisation de sa propre société. Je dis cela d’un point de vue tout à fait externe à la situation et en ne me basant que sur des impressions, peut-être la situation est elle sous contrôle après tout. Bref, voici une de mes premières impressions sur ce pays. Vive la France, qu’il disait en 67 !

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Marc-André Pharand12 articles

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Étudiant en
Affaires publiques et Relations internationales à l'Université Laval,
Blogueur, Militant politique. Combat l'entêtement idéologique !

Québec





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9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    31 janvier 2011

    @ Yves Côté,
    je confirme la nécessité de dissimuler son identité française à Saskatoon et Edmonton. Les Métis ont compris ce compromis pour éviter le harcèlement. (voir les Amérindiens expulsés par la police loin de la ville en hiver, sans protection vestimentaire, et qui en meurent)

  • Yves Côté Répondre

    30 janvier 2011

    Un petite suggestion à Monsieur Martin : SVP, allez faire un petit tour en Angleterre pour vérifier votre idée nébuleuse qu'il y est facile de se faire servir en français... Je ne sais pas d'où vous tirez cette conclusion mais je peux pour assurer, pour vivre en Europe depuis 15 ans, que de se faire répondre en français en royaume britannique est aussi rare que ce l'est dans notre West-Island (et de plus en plus se générant sur la Catherine, d'ouest en est bien évidemment).
    Lorsque cela se produit et qu'une réponse en français nous est donnée, c'est toujours parce que la personne qui le fait est française, bien que travaillant en pays anglais. Et encore, cela est sans dire qu'un certain nombre de ces expatriés du travail fait tout ce qu'il peut, mais souvent sans trop de succès, pour ne pas se faire remarquer comme francophone... A l'identique de ce qui bien souvent se passe au Québec et encore plus, dans un Canada où cela n'est rien d'autre que la meilleure norme sociale à adopter pour réussir.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2011

    Le tourisme en France est un pilier économique , il ne faudrait pas confondre attrape mouche avec une recru-renaissance de l anglais en France ? Pour un touriste anglais sortir des cercles touristiques c est comme être sourd et muet et de toute façons un Français qui parle en anglais :).... En Angleterre il est facile de ce faire servir en français et beaucoup de mots utilisés provienne directement du français , pourtant personne ne parle du risque que l Angleterre devienne française ?
    La France est nullement l allié du Quebec , elle attend en silence , elle regarde. Pourquoi donner un coup de poing sur la table quand les Québécois eux même ne savent pas ce qui veulent ?
    Prenez un dictionnaire anglais , et pincez vous a tous les fois qu un mots français ou a consonance s y retrouve......
    Mon père disait a les osties de français , ils savent toute,ils connaissent toute..... Et oui et après, nous ont est quoi ?...

  • Archives de Vigile Répondre

    27 janvier 2011

    Même si leur langue n'est pas menacée sur leur territoire, je m'étonne que les Français n'aient pas davantage à coeur le respect de leur langue, qu'ils n'en soient pas davantage fiers. Car, c'est une fierté de bien parler sa langue.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 janvier 2011

    Le français est déjà parti de la France. Pour ceux qui en douteraient (attention au choc) lire cette référence de Marc Chevrier, toute fraîche:
    http://agora.qc.ca/francophonie.nsf/Documents/France--Les_nouvelles_vaches_sacrees_des_elites_francaises_par_Marc_Chevrier

    extraits:
    Or, depuis quelques années, la France a été prise d’une peur, d’une consternation, d’un sentiment de déclassement et d’abaissement, qui lui a fait voir ses institutions d’enseignement supérieur non plus comme des fleurons nationaux dont elle pouvait s’enorgueillir mais désormais comme des canards boiteux peu performants, incapables de soutenir la concurrence avec les universités anglo-saxonnes et les autres universités, hollandaises, finlandaises, suédoises, qui en imitent les méthodes et en adoptent la langue. Sans doute la publication des premiers résultats du classement académique des universités mondiales de Shangaï en 2003 a-t-elle eu l’effet d’un électrochoc sur les élites françaises. L’ancien président (recteur) de l’université Paris VI, Gilbert Béréziat, a raconté en ces termes cette épreuve : « Au niveau mondial, les établissements français n’existent pas. Ils ne sont pas considérés comme des universités, mais au mieux comme des facultés mono-disciplinaires. Avec seulement trois établissements parmi les cent premiers, l’Université française faisait pâle figure » (1) Cette réaction est en elle-même un extraordinaire aveu de ce que désormais les élites universitaires françaises se sont senties soudain habitées par un sentiment d’inanité et de dépossession, parce que leurs établissements ne figurent guère ou mal dans les palmarès universitaires anglo-saxons.
    Cependant, au lieu que de rire des résultats biaisés de ces palmarès, les élites françaises ont tenté de mettre au pas leur système universitaire. Loin d’être abolies ou réformées, les grandes écoles françaises, qui rendent si distinctif et peu comparable l’enseignement supérieur français à celui des autres nations, ont reçu carte blanche pour multiplier les formations qui imitent les recettes anglo-saxonnes, en anglais s’il le faut, histoire de maintenir leur attractivité dans le marché très lucratif des étudiants étrangers. Le 1er janvier 2011, 75 universités françaises devraient accéder au statut d’universités autonomes, dotées d’une plus grande marge de manœuvre dans leur administration et le recrutement des professeurs et chercheurs. Cela dit, cette réforme poursuit un autre but, lui-même avoué, qui est de « rendre la recherche universitaire visible à l’échelle internationale ». Un site patronné par le ministère de Valérie Pécresse énonce sans ambages : « Les universités françaises doivent devenir visibles à l’échelle internationale.» (2) Cette inspirante ministre est connue aussi pour avoir déclaré en 2008 que le français est une langue en déclin et que le supposé tabou à l’égard de l’anglais dans les universités françaises doit être brisé (3). En d’autres termes, si la recherche française n’existe pas, quand bien elle pourrait se vanter d’un Claude Lévi-Strauss ou d’un Albert Fert (Nobel de physique 2007 et médaille d’or du CNRS 2003), c’est parce qu’elle n’a pas paru dans certaines revues, ni dans la bonne langue. Avec l’autonomie universitaire, Valérie Pécresse remettra l’enseignement supérieur français dans la bonne voie, c’est-à-dire celle de l’hétéronomie culturelle et linguistique.
    Le phénomène n’est pas strictement français ; le même sentiment de déclassement, de perte de repères, à des degrés variables, s’observe chez les Allemands, Italiens, Grecs, etc.
    Les élites françaises poussent le zèle dans l’introjection des normes culturelles universitaires anglo-saxonnes jusqu’à importer, en bloc, des concepts dernier cri, comme celui de « learning centre », nouveau gadget bibliothéconomique à la mode dans les universités de l’anglosphère et leurs imitatrices néerlandaises, qui consiste à rassembler dans un seul lieu physique, dans des espaces « conviviaux », « ouverts » et « flexibles », tous les équipements et les ressources utiles à l’apprentissage continu. Dans un diaporama mis en ligne dans le site du Monde le 27 octobre 2010, on a pu admirer les esquisses des nouveaux « learning centres » français, l’un à Aix-en-Provence, deux autres à Lille…(6) Il ne manquerait plus que la Bibliothèque François-Mitterrand, la Très Grande Bibliothèque, soit rebaptisée Mitterrand's Huge Learning Center. Signe des temps, même la Sorbonne vient de former avec quelques consoeurs un pôle de recherche et d’enseignement supérieur dont l’appellation, Sorbonne Universités, épouse la syntaxe de l’anglais. Dans les écoles de gestion, l'anglo-conformisme est très avancé; l'école de gestion de Reims s'est carrément donné une appellation anglaise, Reims Management School, d'autres, comme l'ESC Saint-Étienne, arborent des devises anglaises – innovating in business.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 janvier 2011

    Il semble que M. Pharand a largement dépassé sa pensée en écrivant :
    « Je crois qu’il est tout à fait normal que la France ait peu d’intérêt à promouvoir activement le français au niveau international.»
    Non, il n'est pas normal du tout que la France, foyer d'une culture plus que millénaire et d'une langue de précision répandue dans le monde entier, ne fasse pas la promotion active de cette langue et de cette culture que nous partageons.
    Non, il n'est pas normal du tout qu'on trouve tant de commerces en France qui se donnent des noms anglais.
    Non, il n'est pas normal du tout que des Français et autres Francophones, pour se faire remarquer, farcissent leur conversation de mots anglais dont ils ne comprennent souvent pas le sens, alors que nous avons un riche vocabulaire pour tout décrire.
    Non, ce comportement n'est pas normal pour des gens dits civilisés.
    D'ailleurs il suffit, par exemple, de voyager en Allemagne et en Espagne, de fréquenter les sites internet de ces pays pour constater qu'ils sont relativement beaucoup moins affectés par ce virus... Curieusement ! Je pourrais donner de nombreux exemples.
    Pourtant, le grand écrivain anglais Charles DICKENS écrivait à son ami Forster en 1850 : « La difficulté d’écrire l’anglais m’est extrêmement ennuyeuse. Ah, mon Dieu! Si l’on pouvait toujours écrire cette belle langue de France!
    (Source : http://books.google.ca/books?id=LSHnEhDB0wMC&pg=PA486&lpg=PA486&dq=%22Charles+Dickens%22+Forster+%22langue+de+France%22&source=bl&ots=niA9W3dGMp&sig=jWVz3y-
    s1NJ5BL7MYE1gQEo66QE&hl=fr&ei=b9xBTcGGEo-t8AagsoXWAQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=4&ved=0CCwQ6AEwAw#v=onepage&q=langue%20de%20France&f=false)
    Rappelons-nous de cette citation d'Antoine RIVAROL :
    « Ce qui n’est pas clair n’est pas français.» dans son « Discours sur l’universalité de la langue française.»
    Ou encore : « La langue française est le produit, en même temps que le document, le plus parfait de notre tradition
    nationale.» comme l'écrivait Paul CLAUDEL (L’oiseau noir dans le soleil levant)
    Pour sa part, notre grand poète national, Félix LECLERC, a écrit en mai 1987 :
    « Que les jeunes par cent mille volent au secours de leur langue maternelle en détresse.»
    « Que les vieux par centaines, cessent de mourir, de trahir et de fuir! »
    Oui, j’ai une patrie : la langue française...

  • Marc-André Pharand Répondre

    27 janvier 2011

    @ Claude Richard
    Je ne dis pas ça sans fondement, rassurez-vous ! En fait, je pose la question : Pourquoi le ferait-elle ? Qu'a-t-elle a gagné qu'elle n'a pas déjà ?
    Je suis d'accord avec vous sur l'importance du français, et je sais que c'est un sujet...disons sensible au Québec. La réalité, elle, nous impose des constats. La France n'agit pas énormément sur le plan international pour la défense du français.
    Je dis aussi que ce n'est pas dans leur intérêt. Bon, peut-être est-ce un excès de langue de ma part, mais à tout le moins, ce n'est pas un priorité ! Je crois d'ailleurs que ça ne doit pas l'être.
    À l'heure des changements climatiques, des tentatives de réduction des armes atomiques, des troubles au Moyen-Orient, etc. La France, en tant que puissance mondiale (on pourrait débattre longtemps de ça aussi, mais elle possède tout de même une influence indéniable) à d'autres chats à fouetter que la valorisation du français. Peut-on vraiment le lui repprocher, d'ailleurs ?
    Bref, je dis cela en regardant les autres enjeux beaucoup plus prioritaires pour la France que la valorisation du français à l'étranger. En revanche, c'est un combat tout à fait à la hauteur du Québec que les gouvernements successifs tâche de remplir !

  • Claude Richard Répondre

    27 janvier 2011

    "Je crois qu'il est tout à fait normal que la France ait peu d'intérêt à promouvoir activement le français au niveau international."
    Quelle affirmation! Et pourquoi la France n'aurait-t-elle pas intérêt à promouvoir sa langue au niveau international? À ce que je sache, le français est encore une langue internationale: il est parlé un peu partout dans le monde et c'est une des quatre langues officielles de l'ONU en plus d'être une des deux langues du Comité olympique international. La Chine elle-même a annoncé l'an dernier, je crois, qu'elle utiliserait le français comme langue diplomatique. Jean-Pierre Raffarin, ex-premier ministre français, a reçu le mandat de justement promouvoir le français à l'échelle internationale.
    Le français, rappelons-le aussi pour notre jeune ami, est une langue de grande culture qui a généré une littérature abondante et de qualité, qui est lue partout sur la planète. Si un grand pays comme la France ne voit pas son intérêt à faire rayonner sa langue (ce qui est à prouver), autant dire qu'elle est d'accord pour qu'elle s'éteigne à la longue, comme le latin.
    Il faudrait peut-être faire attention avant d'exprimer une opinion aussi peu fondée.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 janvier 2011

    Je suis d'accord. Etant français francophone de France, j'adhère pleinement à ce constat. Ca fait moderne de glisser (beaucoup parfois) des mots anglais. A tel point que mes collègues de travail rigolent quand je préfère "télécopie" à "fax" ou "courriel" à "mail" ; mais, je tiens bon. La faute à qui ? A nos gouvernants successifs, nos intellectuels en mal de branchitude, nos journaleux qui veulent se montrer, bref à tous ceux qui font et défont la culture. Mais, comment ne serait-il autrement quand tant en interne qu'en externe, nous perdons du crédit, nous ne sommes plus capables de défendre la liberté, l'égalité, la fraternité et la laïcité ; alors notre langue ??
    En tout cas, merci à nos amis québécois et franco-canadiens de résister. Tôt ou tard, nous en serons amenés à vous rejoindre.
    Hector.