Les médias rendent compte des troubles en Ukraine sous l’angle unique d’un conflit contre la domination russe et pour l’intégration dans l’Union européenne. En réalité, Washington et Bruxelles tentent de s’opposer à l’intégration économique avec la Russie en renversant un gouvernement démocratiquement élu. Ce qui se passe en Ukraine montre que désormais les méthodes de coups d’État expérimentées avec les révolutions colorées peuvent fusionner avec les soulèvements des printemps arabes pour changer les gouvernements européens de l’extérieur, au seul profit de l’Occident.
Après avoir pris le contrôle du siège de l’administration, les émeutiers ont contraint le gouvernement de Lvov à démissionner. On ne sait pas qui détient effectivement le pouvoir dans cette région. Un gouvernement fantoche de l’opposition pourrait bien être mis en place prochainement. La revendication de l’autonomie de ce territoire, voire l’affirmation au grand jour des velléités séparatistes, pourraient donner à Klishko —le champion de boxe poids-lourds qui aspire à la présidence— et à ses sbires davantage d’atouts pour négocier avec le gouvernement démocratiquement élu. Des actions encore plus radicales interviendront vraisemblablement à l’initiative de Klishko qui a déclaré le 22 janvier : « S’il me faut rejoindre les manifestants sous une pluie de balles, j’irai sous une pluie de balles ». Suite à cette provocation, Arsenly Yatsenyuk —le leader du parti Batkivschchyna— a repris à son compte la menace de plonger l’Ukraine dans la guerre civile, en déclarant à son tour : « Demain, nous marcherons ensemble. Et si le prix à payer est une balle en pleine tête, ce sera une balle en pleine tête, affrontée cependant en homme droit, juste et courageux ».
Il est maintenant évident que ces deux personnages font planer ces menaces pour encourager leurs milices respectives à mettre le pays à feu et à sang. Comme dans le déroulement des « Printemps arabes », ces provocateurs diaboliques manigancent pour faire tuer certains des leurs par les forces gouvernementales qui tentent de rétablir le contrôle de l’État dans les régions livrées à l’anarchie. Ce que cherchent Klisshko et Yatsenyuk, c’est justement le déclenchement par le président Yanukovich d’une riposte en règle de l’armée et des forces du Berkut —l’équivalent de nos C.R.S.—. Pour eux, plus il y aura de morts parmi les manifestants, mieux ce sera. Il n’est pas inutile de rappeler que dans les années 80, la loi martiale a été instaurée en Pologne suite à des désordres nettement moins violents que ceux auxquels on assiste actuellement en Ukraine.
Les dirigeants sont maintenant confrontés à un choix difficile : soit ils tentent de reprendre le contrôle de la région qui cherche à s’émanciper, soit ils tentent de reprendre celui de la capitale. La situation est réellement très grave. Il est devenu évident que, dans son cheminement schizophrène, ce monstre hybride à la Frankenstein, mi « Révolution colorée », mi « Printemps arabe », prend chaque jour davantage les traits de ce dernier (rien de bon n’étant d’ailleurs à attendre, ni de l’un, ni de l’autre ). La méthode libyenne a apparemment été perfectionnée au point qu’il est désormais possible à des forces extérieures de transporter à loisir leur boîte de Pandore au cœur même de l’Europe.
On voit bien à présent qu’après la révolution au bulldozer imposée à la Serbie il y a dix ans, les Révolutions colorées ressemblent de plus en plus au Printemps arabe, les deux se mêlant désormais pour enfanter Euromaidan, une forme inédite de guerre pour le XXIème siècle. Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, il est facile d’infiltrer les ONG des pays qui sont ciblés. En outre, les groupes terroristes et les réseaux de trafiquants d’armes œuvrent de concert et sont de connivence avec divers services secrets de l’étranger. De ce fait, le danger de propagation de ce virus social délétère dans toujours plus de pays n’a jamais été aussi grand. Qu’il ait été prévu de faire venir en Roumanie 3 000 terroristes du Proche-Orient, sans doute pour entraîner certains éléments de « l’opposition » ukrainienne, n’est sûrement pas une coïncidence. C’est la preuve que les puissances extérieures sont déterminées à mener une entreprise de déstabilisation aussi vaste que possible et de longue durée.
Gene Sharp est le maître à penser de ces stratégies en apparence sans danger qui ne sont en réalité que le prélude au coup de sifflet qui lâche la meute sur sa proie. Georges Soros, lui, en assure le financement. Les nations doivent s’unir pour combattre cette lèpre, se protéger, protéger leurs citoyens et préserver la paix. L’arrivée en Europe du schéma d’agression des Printemps arabes montre la désinvolture de ceux qui en coordonnent la mise en œuvre partout où ça leur plaît. Aujourd’hui, l’Ukraine, demain, tout autre État jugé rétif aux sirènes de l’Occident et de la « démocratie libérale ».
L’Ukraine est depuis longtemps l’objet de pressions de l’Occident dans le cadre d’un jeu géostratégique plus large destiné à contrer la Russie. Zbigniew Brzezinski écrivait en 1994 : « On ne soulignera jamais assez que , sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire ; mais que, avec l’Ukraine acheté puis asservi, la Russie devient automatiquement un empire ». Il y a un peu plus d’un an, les États-Unis ont fait savoir à mots couverts, par la bouche de leur secrétaire d’État de l’époque, Hilary Clinton, qu’ils feraient tout ce qu’il en coûte pour faire échouer les efforts d’intégration économique de la Russie. Après avoir caractérisé les plans eurasiens de la Russie « d’entreprise de resoviétisation de la région », Mme Clinton avait étayé son propos d’une menace : « Nous savons quel est l’objectif poursuivi et nous nous efforçons de trouver des moyens efficaces pour en retarder la mise en œuvre ou en empêcher la réalisation ».
Indubitablement, le monde entier assiste aujourd’hui en direct aux évènements que les États-Unis avaient en tête quand ils menaçaient de ralentir et d’empêcher l’intégration économique de l’Ukraine et de la Russie. Maintenant que la stabilité de l’Ukraine se fissure sous la pression du chaos orchestré et de la menace d’un effondrement quasi-imminent de l’économie, l’objectif affiché d’Euromaidan d’intégrer l’Union européenne se révèle n’être rien d’autre qu’un mensonge : soit l’Union européenne refusera d’intégrer un État ukrainien failli, tout entier absorbé dans le pansement des blessures occasionnées par des mois de soulèvement et de conflits, soit il était prévu depuis le départ, en coordination avec les donneurs d’ordre de l’Otan, de provoquer la ruine du pays et d’empocher les bénéfices de la reconstruction sous l’égide de l’Occident. Dans un cas comme dans l’autre, la fable de l’intégration dans l’Union européenne apparaît comme l’escroquerie qu’elle n’a jamais cessé d’être et, pour le citoyen ordinaire, rien de bon ne sortira de tout ce que les militants auront fait pour leur pays au nom de « l’intégration dans l’Union européenne ».
L’abondante publicité faite aux discussions pour un « cessez-le-feu » n’est rien d’autre qu’une tentative des saboteurs de gagner du temps pour continuer de renverser le plus grand nombre possible de gouvernements régionaux (de l’Ukraine Ouest). Malheureusement, ces discussions ne sont pas plus crédibles que celles de Genève 2 car, ici aussi, les deux groupes fers de lance de l’opposition ont pour seul objectif un changement de régime. Ils ne reculeront devant rien pour atteindre cet objectif. Toutes les actions qu’ils entreprennent, tous les mots qu’ils prononcent ne sont rien d’autre que des leurres pour tromper, pour désarmer, et pour éteindre toute velléité de résistance à leurs projets. Par ce travail de sape assidu, ils s’efforcent de hâter l’avènement de leurs coups d’État téléguidés de l’étranger.
COUP DE FORCE DANS L’OUEST DE L’UKRAINE
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