Les espoirs du président bolivien Evo Morales d'amender la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat semblent sur le point de s'envoler en fumée.
Les Boliviens étaient appelés aux urnes dimanche pour décider s'ils acceptaient d'amender la Constitution afin de permettre à M. Morales, en poste depuis une décennie, de se présenter de nouveau en 2019.
La limite actuelle est de deux mandats et le changement proposé permettrait aux présidents de se faire réélire deux fois.
De nombreux Boliviens en ont toutefois assez de la corruption de leurs dirigeants et ils ont témoigné, surtout lors de récentes élections municipales, d'un désir de changement.
Les résultats officiels partiels étaient dévoilés au compte-gouttes, particulièrement dans les régions rurales, où le soutien au président est le plus fort et où le décompte se fait manuellement.
Après le dépouillement de 40 % des bulletins, le non était en avance à 62 %, soit un recul de cinq points par rapport aux résultats précédents.
Un comptage rapide non officiel des bulletins d'un bureau de vote sur 15 par la firme de sondage Ipsos-Apoyo donnait une avance plus mince du non, à 52 %, contre 48 % pour le oui.
Le vice-président Alvaro Garcia a déclaré lors d'une conférence de presse, dimanche soir, que le résultat du référendum est trop serré pour en connaître l'issue.
« Personne n'a gagné, personne n'a perdu », a-t-il lancé avec frustration.
Dans les semaines ayant précédé le référendum, les sondages donnaient le oui et le non à égalité, avec quelque 15 % d'indécis.
Puis le scandale éclata.
Un journaliste favorable à l'opposition a révélé il y a deux semaines qu'une ancienne compagne de M. Morales avait été nommée gestionnaire des ventes de l'entreprise chinoise CAMC Engineering en 2013 et que celle-ci avait obtenu près de 500 millions $ US en contrats publics, sans appel d'offres pour la plupart.
Evo Morales a nié toute allégation de trafic d'influence et a affirmé qu'il n'avait pas revu son ex-compagne depuis 2007, lorsque leur enfant est mort dans des circonstances qu'ils n'ont pas expliquées.
L'histoire est venue appuyer les doutes quant à l'intégrité du parti de M. Morales, le Mouvement vers le socialisme.
Pour ajouter aux difficultés du président bolivien, six fonctionnaires municipaux sont morts asphyxiés la semaine dernière, dans la ville d'El Alto, dirigée depuis l'an dernier par une mairesse de l'opposition.
Les forces pro-Morales ont été accusées d'avoir allumé l'incendie responsable des décès, d'avoir pillé l'édifice où les fonctionnaires travaillent et d'avoir brûlé des documents qui incriminaient apparemment l'ancien maire dans une affaire de corruption.
Un observateur américain a estimé que le résultat serré du scrutin est étonnant pour M. Morales, qui avait été réélu avec plus de 60 % des votes en 2014.
« Si on ne peut nier que la Bolivie a connu une croissance économique importante et des progrès sociaux d'envergure sous M. Morales, nombre d'électeurs lui disent que cela ne suffit pas - ils exigent un gouvernement honnête, plus redevable, et une politique plus concurrentielle », a dit Michael Shifter, du groupe de recherche Inter-American Dialogue, à Washington.
Le directeur de la mission d'observation de l'Organisation des États américains, l'ancien président de la République dominicaine Leonel Fernandez, a assuré que le vote de dimanche s'est déroulé « normalement et pacifiquement ».
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