Au pays, le PQ n’y croit plus vraiment. Ça se voit d’ailleurs sur les visages. Pour compenser, et pour faire oublier son désarroi, il se rabat donc sur l’État, le p’tit gros de la confédération, le bouboulimique qu’il faudrait envoyer au «gym» pour remettre d’aplomb.
L’État chouchou au chevet duquel l’Institut d’information et de recherche sociosyndicale distribue les Kleenex. Un État soumis à vingt ans d’austérité, répète l’IRIS au nom du soviet local.
Vingt ans de programmes sédimentés, d’instances superposées et de bureaucraties volontairement érigées en silo. Une incohérence grandiose de cent milliards...
Pauvre État, rembourré de gestionnaires superfétatoires, de consultants temporaires et permanents, de superviseurs invisibles, de suppléants honorifiques et de missionnaires en tous genres, un État confiscatoire à la Ponzi qui impose une fiscalité parmi les plus voraces au monde...
C’est donc vers cet État, pâlot et adipeux, omniprésent et superbement efficace en hiver, c'est vers cet indéniable succès que le PQ se tourne pour trouver quelque réconfort...
Mais, en ces temps d’extrême morosité souverainiste, que peut faire un parti fait de profs, de syndicalistes, de fonctionnaires et de retraités sinon se tourner vers l’État qui en a fait ce qu'ils sont...
Voilà pourquoi, hier comme aujourd’hui, quand un personnage hors normes comme PKP frappe à sa porte, il s’en trouve pour rappeler que, avant d’entrer, il faut prêter serment. À l’État. À la dépense. Ainsi soit-il.
Chérissez-vous nos programmes? Aimez-vous nos fonctionnaires? Vous soumettez -vous au conseil central? Si oui, et seulement si vous dites oui pourrez-vous tenter votre chance chez les marguillers du national-syndicalisme.
Le PQ d’aujourd’hui, sectaire comme une femen, on l’a vu s’exprimer à nouveau ces jours-ci par la bouche du vénérable François Gendron.
Quand on lui a demandé son avis sur le retour possible de PKP, il a fait la moue du penseur expérimenté. Avant de susurrer dans un bouquet de micros que les «progressistes» sont les bienvenus au PQ...
Si c’est pour mettre «l’accent sur la social-démocratie», d’accord. Mais si c’est pour donner une voix aux objecteurs de la dépense, alors là...
On voit bien que l’idée du pays n’a plus rien de «national»; elle est subordonnée à la social-bureaucratie, aux intérêts particuliers collés aux flancs du PQ depuis toujours, épuisée par maints marchandages.
Le OUI est d’ailleurs sous la houlette d’une ex de la CSN, Claudette Carbonneau, qui a tout ce qu’il faut, n’est-ce pas, pour garder la cause à huis clos...
Gendron n’a rien inventé. Il a répété la cassette de celui qui n’ose plus réfléchir. Il ne s’est sans doute pas rendu compte de l’inconvenance de ses propos.
Inconvenance que d’autres ont formulées à maintes reprises: Marc Laviolette, un ex de la CSN lui aussi, militant péquiste de longue date, qui disait que l’indépendance ne devait pas avoir préséance sur l’étatisme enragé qui nous caractérise depuis cinquante ans.
«L’important, c’est le type de société qu’on s’est donné au Québec, avec nos services publics, il faut que ce soit préservé, on fait pas un pays pour détruire ça», disait-il aux Francs-Tireurs à propos de l’arrivée de PKP au PQ...
La patrie, mon œil! Le pays, ça dépend! Le PQ est fatalement miné par ce courant suicidaire, par l’obsession des petits enjeux. C’est ce qui l’a poussé dans les bras de Québec solidaire. Il a cru que la terre promise était à gauche : erreur!
Prendre fait et cause pour un État abusivement gourmand ne fera qu’empirer les choses. Remarquez que le PQ n'en est pas à sa première erreur...