Fondé en 1968 par René Lévesque, le Parti Québécois (PQ) franchit cette année le cap de la cinquantaine. Le même René Lévesque qui a dit un jour que "Tout parti naissant devrait à mon avis inscrire dans ses statuts une clause prévoyant qu'il disparaîtra au bout d'un certain temps. Une génération? Guère davantages..."
Et pourtant, malgré les nombreux heurts suscités par les conflits générationnels lors du dernier congrès national du PQ, les participants ont voté unanimement pour la tenue d'un vaste chantier sur la refondation du parti. Un projet réaliste ou utopique? Le PQ est-il réformable ? Ce véhicule politique a-t-il fait son temps? Le PQ est-il voué à être un perdant, comme l’affirme Catherine Fournier? Toutes des questions qui me laissent pour le moins perplexe sur l’avenir du PQ.
Or, un sondage réalisé en 2016 révélait que 52 % des Québécois de langue maternelle française voteraient en faveur de l'indépendance du Québec alors que du même groupe seulement 36 % appuieraient le Parti québécois. Une statistique qui révèle hors de tout doute que la cause est plus populaire que le parti. D’où le défi colossal auquel sont confrontés les partisans de la refondation du PQ.
À cet effet, le dernier congrès national a fait ressortir deux visions qui s’affrontent et qui risquent d'être irréconciliables. Il y a ceux pour qui la solution se trouve à l’intérieur du cadre politique qu’est le Parti québécois, et il y a ceux qui sont prêts à explorer à l’extérieur du cadre. Aux yeux de ces derniers, il faut refonder le parti sans s’attacher nécessairement au nom. Tout mettre dans la balance et voir ce qui en ressortira. Ne plus s’attacher nécessairement à cette étiquette et faire cheminer cette idée qu’il existe une place dans l’échiquier politique québécois pour la refondation d’un parti résolument indépendantiste. Et l’idée, semble-t-il, est loin de déplaire à bien des militants…
Les défenseurs du PQ disent aujourd'hui vouloir faire de l'indépendance leur «priorité», ce qui est tout sauf nouveau. Depuis des années, ils soutiennent que cet objectif est leur priorité et que, comme il ne faut pas «parler de date» et que «les Québécois ne sont pas prêts», cette «priorité» se dissipe dans un horizon indéfiniment nébuleux. Or, au-delà des questions d'image, la vraie refondation de l'indépendantisme commencera le jour où cet argumentaire aura été définitivement rangé dans le placard.
En conclusion, s’il désire accoler l’étiquette de la crédibilité à son projet de refondation, le Parti québécois doit mettre fin à toutes les ambiguïtés qui le minent présentement. À tenter de courtiser tout un chacun, le PQ s’est dénaturé complètement et a ouvert les portes à sa propre désaffection politique. En termes clairs, il doit mettre résolument le cap sur l’indépendance du Québec.
Québec solidaire et la laïcité : Dans la petite poche de Trudeau
Si Québec solidaire (QS) avait l’intention de se particulariser dans l’épineux dossier sur la laïcité, on peut affirmer hors de tout doute que ses membres ont atteint leur objectif, à l'occasion de leur Conseil national, en votant, à la quasi-unanimité, pour qu’aucune règle particulière ne régisse le port des signes religieux, un recul sur la position du rapport Bouchard-Taylor qu’il défend depuis six ans, laquelle prônait l’interdiction de signes religieux pour les employés de l’État en autorité, à savoir les juges, les procureurs, les policiers et les gardiens de prison.
«Considérant que le devoir de réserve s’applique aux actions et aux décisions des personnes et non à leur apparence ; Aucune règle particulière sur les signes religieux ne devrait s’appliquer à certaines professions plutôt qu’à d’autres, incluant celles qui exercent un pouvoir de coercition», stipule notamment l’option adoptée à la majorité par les quelque 300 militants présents.
Plus question donc pour les députés de QS de défendre l’interdiction des signes religieux chez les juges, policiers et gardiens de prison, comme le faisait pourtant un projet de loi déposé en 2013 par l’ancienne coporte-parole solidaire Françoise David. Et, qui plus est, les solidaires ouvrent également la porte à la prestation et la réception de services publics à visage couvert.
Conséquemment, les membres présents se sont nettement prononcés en faveur du respect des libertés individuelles en matière de religion tel que prescrit dans la Charte des droits et libertés fédérale, une position qui place QS en complète opposition avec le projet de loi 21 de la Coalition avenir Québec déposée par le ministre Simon Jolin-Barrette.
De cette façon, QS aboutit dans la p’tite poche du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, qui se retrouve avec un défenseur du multiculturalisme à l’Assemblée nationale du Québec, un accroc flagrant à une laïcité dont la mission première est de séparer l’Église de l’État qui doit d’abord être laïc pour pouvoir être ouvert à tous, ce que, à n’en pas douter, les membres de QS n’ont pas du tout compris.
Enfin, je vous laisse sur cette « profonde » réflexion de la députée solidaire Catherine Dorion : «On est en train à QS de redessiner un indépendantisme qui assume profondément son antiracisme. Il va falloir le dire partout que ce qui menace notre culture et notre territoire, ce n’est pas l’islam, et lâchez-nous avec l’islam ! Ce n’est pas les musulmans qui sont partout dans les couloirs à mettre du gros cash pour influencer le gouvernement, c’est le capitalisme qui couche dans le lit de nos gouvernements. Lâchez nous avec l’islam et les chartes des valeurs !»
Henri Marineau, Québec
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