Au moment où le gouvernement Couillard impose un plan d’austérité budgétaire aux Québécois, le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a défendu lundi les investissements publics dans les infrastructures qui faciliteront le développement minier du Nord. Reste que des projets inscrits dans la première version du plan libéral ont été rejetés par le ministère des Transports, faute de rentabilité, a appris Le Devoir.
Selon ce qu’a fait valoir M. Arcand, le gouvernement ne peut tout simplement pas « délaisser les deux tiers du territoire du Québec », comme l’ont fait les gouvernements dans le passé. « Les populations nordiques ont besoin » du Plan Nord, selon lui.
« Le Plan Nord n’est pas seulement un développement minier. C’est aussi un développement économique et social », a-t-il également souligné en marge d’un forum sur les ressources naturelles organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Reste que le gros morceau justifiant la création de la Société du Plan Nord et le Fonds du Plan Nord demeure le développement du potentiel minier au nord du 49e parallèle.
Le ministre Arcand a reconnu que le prix de certains minerais, comme le fer, est au plus bas. Mais selon lui, plusieurs projets devraient néanmoins voir le jour au cours des prochaines années. D’où la nécessité de « vendre le Québec à l’international ». « C’est un bon moment pour faire connaître le Plan Nord. Il ne faut pas attendre qu’il y ait un boom minier incontrôlable », a soutenu Pierre Arcand.
Le ministre responsable du Plan Nord libéral est d’ailleurs formel : le Québec intéresse toujours les investisseurs étrangers attirés par les possibilités de profits dans l’exploitation des ressources minières. Mais pour ce faire, le gouvernement devra injecter des fonds publics dans le développement des infrastructures. « Les investisseurs sont tous intéressés. Ils nous disent : “nous sommes intéressés, mais si on investit, il faut qu’on puisse avoir les infrastructures”», a résumé le ministre Arcand.
Le gouvernement Couillard a déjà choisi de miser 20 millions de dollars de fonds publics pour la réalisation d’une étude de faisabilité en vue de la construction d’un nouveau chemin de fer reliant la fosse du Labrador à Sept-Îles. Une évaluation précédente, menée par le CN et la Caisse de dépôt et placement, a déjà conclu à la non-faisabilité du projet, qui pourrait coûter entre trois et quatre milliards de dollars.
Investissements à venir
D’autres annonces devraient suivre dans les prochains mois. Selon les informations obtenues par Le Devoir auprès du ministère des Transports du Québec (MTQ), Québec souhaiterait développer un « réseau de transport intégré » sur le territoire. « Différents projets routiers sont prévus au nord du 49e parallèle », a précisé récemment un porte-parole du ministère.
Des investissements publics sont notamment à l’ordre du jour pour la route 389, qui relie Fermont à Baie-Comeau. Une tranche de 30 millions de dollars, puisée dans le Fonds du Plan Nord — dont l’enveloppe doit totaliser deux milliards d’ici 2035 —, a déjà été prévue. Des réfections spécifiques seraient aussi envisagées « en fonction du cadre budgétaire ». Quant à la route 138, elle pourrait être à terme prolongée. Selon les précisions fournies par le MTQ, un prolongement de Kegaska à Blanc-Sablon est envisagé.
Des projets inscrits dans le Plan Nord lancé sous Jean Charest en 2011 ont toutefois été mis de côté depuis, a appris Le Devoir. C’est le cas du port en eaux profondes à Whapmagoostui-Kuujjuarapik, sur les rives de la baie d’Hudson. Ce village de 1500 personnes n’est pas relié par la terre ferme au reste du Québec. Le gouvernement Charest songeait d’ailleurs à construire une route pour rejoindre Radisson, située environ à 250 kilomètres plus au sud.
Mais les deux projets ont été mis de côté, a indiqué le MTQ. La construction du port aurait nécessité des « investissements considérables », a-t-on répondu, sans donner de précisions sur les montants. Quant à la route, elle ne serait « pas rentable » en l’absence de développements miniers significatifs dans la région.
Le gouvernement Charest avait par ailleurs entrepris les étapes préliminaires en vue d’établir un quai en eaux profondes dans le secteur de Kuujjuaq, dans la baie d’Ungava. Les études du MTQ ont conclu que le projet n’était pas réalisable.
Le secteur minier représente, les meilleures années, environ 2,5 % du PIB du Québec. Il se situe actuellement autour de 1 % du PIB. À titre de comparaison, l’industrie touristique se maintient bon an mal an autour de 2,5 % du PIB. Pour la période 2014-2016, les prévisions de Québec indiquent que les minières doivent verser un total de 405 millions de dollars en redevances. La valeur brute des ressources non renouvelables extraites devrait dépasser les 24 milliards de dollars au cours de la même période.
L’État québécois a par ailleurs hérité au fil des ans de 698 sites miniers abandonnés. La facture, estimée à 1,2 milliard de dollars, sera entièrement payée par les contribuables québécois. Québec n’a toujours pas de plan pour venir à bout de cet héritage toxique.
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