Le Métissage a-t-il eu lieu ?
Y-a-t-il eu durant une époque l’émergence d’un nouveau peuple, le peuple Franco-Amérindien ?
De nombreux historiens et de nombreux auteurs ont tenté de répondre à ces questions, en étudiant les textes anciens. Ils en ont tiré des déductions selon leur perception de l’influence amérindienne sur la société française de la Nouvelle France.
C’est pourquoi il est possible de distinguer plusieurs époques:
La première au 19ème siècle où les historiens se sont très peu intéressés à cette question, puis a succédé une autre période, fin 19ème début 20ème, où l’on a observé la négation absolue de toute influence jusqu’à refuser de reconnaître le moindre métissage, en occultant même pour cela les textes le signalant, comme Lionel Groulx ou Benjamin Sulte.
Groulx, s’il explique parfaitement les particularismes locaux, occulte toute contribution des nations amérindiennes et tout rapprochement, redoutant l’idée qu’on associe les Français aux Sauvages. Sulte, s’il ne rejette pas une certaine influence, démontre la plupart du temps que les Français perfectionnent immédiatement les techniques apportées par les Amérindiens !
Deux autres historiens François Xavier Garneau et l’abbé Jean-Baptiste Ferlan décrivent tous les deux à peu près les mêmes choses :
*Des apports amérindiens sur les choses matérielles mais ne reconnaissent aucune influence morale puisque les Français gardent toutes leurs coutumes et leur religion.
*des Français différenciés, petit à petit au cours des ans, des Français de France.
Puis dès la moitié du 20ème siècle et enfin surtout depuis le début de notre 21ème les chercheurs se sont finalement davantage penchés sur cette question fondamentale et ont pu affirmer qu’il y avait eu une influence des deux côtés, tant Amérindien que Canadien français ce qui tendrait à admettre qu’il y a effectivement eu une vraie entente commune, une vive amitié mêlée d’affection, si bien qu’il est possible d’affirmer qu’un véritable peuple franco-amérindien avait pu un temps, mais un temps sans doute, effectivement émerger.
Guy Frégault à la différence de Groulx ne cherche plus à défendre la pureté de la race française.
Gustave Lanctôt dans « L ‘Histoire du Canada » parue en 1960, s’il décrit le métissage il n’évoque les mariages entre les communautés qu’à l’état d’exception. Les Canadiens Français ne songent pas à aller vivre dans les bois le reste de leur vie et ils ne sont pas très nombreux à avoir épousé des Amérindiennes comme l’a fait Pierre Boucher. Par contre il affirme que les tribus amérindiennes ont grandement contribué à faciliter l’adaptation des Français sur cette terre septentrionale et tout particulièrement leurs explorations.
Si de nombreuses choses les ont aidés, comme les raquettes par exemple, le canot a été primordial ! C’est grâce à ce moyen de locomotion sur les fleuves et les rivières qu’ils ont pu pénétrer aussi loin sur ce continent.
C’est dans son deuxième tome que se trouve la citation célèbre de Marie de l’Incarnation, citation qui a entraîné de nombreuses réactions « …On ferait plus facilement un Français d’un Sauvage… »
Le père Récollet Gabriel Sagard avait, comme Marie de l’Incarnation, souligné l’attirance des Français pour peu qu’ils vivent un moment dans les bois avec eux.
La Révolution tranquille de 1960 verra le changement affiché des auteurs.
En effet pour la première fois, il y a débat non seulement sur l’héritage laissé par les Premières Nations, mais également sur l’importance des emprunts sur les mentalités, même si tous ne sont pas d’accord, certains historiens trouvant ces contributions bénéfiques (Jacques Mathieu, Marcel Trudel…) et d’autres fâcheuses (William Eccles)
Marcel Trudel souligne l’importance de ces valeurs et cette influence « libératrice » dues aux peuples amérindiens. Cette société sans contrainte attirait les Français qui vivaient dans une civilisation régie par des lois.
Marcel Giraud, dans une étude approfondie, fait la part des choses :
La Nouvelle France n’a jamais subi l’influence de la société indigène au point d’abdiquer sa propre culture.
Parkman reconnaît quelques rares contributions pour expliquer le caractère canadien qui s’est forgé au cours des ans, mais affirme lui aussi que les Français surpassent très rapidement les Indiens dès qu’ils adoptent leurs techniques.
En 1974 Louise Duchêne rejette totalement toute influence tant matérielle que morale, expliquant que ce n’est pas représentatif de la totalité des Canadiens Français, tout en écrivant que ces Canadiens étaient « durs à la peine, résistants », mais aussi insouciants et corrompus, traits pourtant généralement attribués aux Amérindiens ! Elle reconnaît les contacts importants, avec une amitié, une grande affection et cette familiarité créées, tout en soulignant que la culture française a été dominante.
Elle décrit une société française, après les quelques années d’ajustement à l’environnement, ayant gardé tous les points communs avec celle de la France, que ce soit au point de vue nourriture qui reste basée sur le pain ou encore sur les contributions linguistiques rares quasi inexistantes.
Louise Duchêne remarque qu’aux yeux des Canadiens Français les Amérindiens restent des Sauvages pour qui on a cette grande amitié mêlée d’affection, qu’on veut certes aider si nécessaire, mais qu’on ne désire pas imiter.
Jacques Mathieu tout comme Eccles ne suit pas Louise Duchêne, il reconnait une dette importante des Québécois d’aujourd’hui dans son appréciation des nombreux emprunts, mais à l’opposé de W. Eccles, il les juge positifs, ainsi il est facile d’observer que l’éducation en Nouvelle France a davantage penché sur moins de rigorisme.
Guy Frégault dépeint, comme ses prédécesseurs, une société de Nouvelle France très proche culturellement et socialement de la France, mettant ainsi au second plan les Premières Nations et ce qu’elles auraient pu léguer aux Canadiens.
Au moment où a eu lieu le déclin de l’Église catholique, les souverainistes et les indépendantistes n’ont plus pu opposer le catholicisme au protestantisme anglo-saxon, ils trouvèrent dans leurs rapprochements avec les Amérindiens une autre altérité. Leurs contacts amicaux, si privilégiés bien avant la conquête anglaise, avaient été suivis brusquement d’un rejet alors total de cette amitié, afin de se différencier des « Sauvages » aux yeux du conquérant, et cela d’autant plus que la Grande-Bretagne avait tout mis en œuvre pour provoquer une coupure radicale avec leurs alliés amérindiens de toujours, pour mieux tenter de les assimiler à leur empire tout en les séparant également de la France, dans le même but.
L’originalité des Québécois d’aujourd’hui est bien d’avoir intégré à leur plus grand avantage le meilleur des deux modes de vie. Ce qui pouvait auparavant paraître pour insultant de « passer pour un Sauvage » devenait plutôt objet de fierté en soulignant qu’il y avait bien eu une nation française préexistante aux Anglais, et donc qu’il y a bien eu un peuple conquis !
Cela permit de servir d’assise solide au nationalisme québécois.
Les historiens, en mettant en valeur les apports Amérindiens dans l’identité franco canadienne de la Nouvelle France reconnaissent aux Québécois leur façon de se distinguer des Anglais, devenus eux aussi des Canadiens, mais des Canadiens sur lesquels, arrivés bien après eux sur leur sol, le vent de la liberté n’a jamais soufflé !
Allan Greer en 1997 cite les mêmes auteurs qu’Eccles, mais contrairement à lui, tout comme Jacques Mathieu, il estime que cela donnerait plutôt des raisons de fierté pour les descendants des Canadiens Français.
Il est à souligner qu’il décrit lui aussi les coureurs des bois différents des Canadiens des bords du Saint Laurent, même si de nombreuses interactions ont également eu lieu dans certaines villes, de Trois-Rivières, Montréal et Québec mais aussi dans certaines paroisses rurales. Cf. Denys Delâge
Si tous les historiens et les auteurs ne sont pas unanimes sur la valeur de cet héritage, ils définissent tous les Canadiens Français influencés à différents niveaux par la vie au fond des bois. Ce Renouveau, démontre aujourd’hui leur gratitude aux peuples amérindiens… Certes tardive !
C’est la thèse dominante.
Elle est pourtant contestée par ceux qui affirment que les hommes de la vallée du Saint Laurent après la Conquête redevinrent presque quasiment des Français cherchant à reproduire sur place toute la société et la culture de la France, dans le but de démontrer au conquérant anglais qu’ils étaient issus d’une grande civilisation, de cette culture française que les Anglais admiraient d’ailleurs.
Que reste-t-il des hypothèses de ces influences amérindiennes de Denys Delâge?
Si on distingue chez certains auteurs dans les années 1800 et jusqu’en 1960 cette peur de passer pour « des Sauvages » par la suite plusieurs facteurs sont entrés en ligne de compte pour diminuer notablement cette crainte :
*l’évolution des mentalités avec la condamnation du racisme
*la multiplication des études amérindiennes permettant d’en apprendre davantage sur le passé.
* le renouveau du nationalisme québécois cherchant à souligner les différences avec le Canada anglais.
Lorsque certains auteurs nient une influence quelconque, c’est moins par peur de montrer l’amitié des Canadiens pour leurs alliés amérindiens que par le fait que les Français de France (comme on l’a vu pour Montcalm), n’avaient pas une haute considération pour ces tributs qui participèrent pourtant à leurs côtés à tous les combats pour sauver la Nouvelle France. Les auteurs anglais puis Canadiens anglais restent, quant à eux, totalement neutres sur le sujet, ou même indifférents.
Quant aux États-uniens, les Indiens ne leur ont rien légué car ils se sont construits en opposition totale à eux.
Dans cette lutte de représentation, l’identité canadienne en Nouvelle France est toujours en perpétuelle négociation. Soit l’influence amérindienne est avancée, soit totalement rejetée. C’est selon les circonstances, selon les interlocuteurs selon les époques…
L’influence amérindienne reste un mystère entier, mystère sans cesse augmenté par les nombreuses sources, par les avis différents des historiens et auteurs, qui au fil des siècles décrivent cette facette de l’identité si complexe des Français de Nouvelle France devenus des Canadiens, comme étant tout à la fois Français, Canadiens et un peu Amérindiens ?
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6 commentaires
Marie-Hélène Morot-Sir Répondre
23 août 2016Le livre de David Fisher est en effet un ouvrage magnifique, exhaustif même, dont le tiers est composé de notes et de références, d’un index de plus de 3000 noms et d’une bibliographie de 700 titres.
Cet écrivain s’est depuis toujours passionné pour Champlain, il est venu en France à Brouage, il a parcouru l’ancienne Nouvelle France sur ses traces.. Il s’est également servi de nombreux passages des écrits de Champlain lui-même. C’est absolument un livre passionnant d’autant plus que pour la première fois il y est décrit cette partie peu connue de la vie de Champlain, jeune homme « rompu aux arts de la navigation, de la guerre, de la balistique, brillant dessinateur et cartographe », que beaucoup ignorent ne sachant rien de lui avant son arrivée sur les bords du Saint Laurent.
Cependant Fisher écrit avec une telle passion sur lui qu’il occulte bien souvent la politique de la France elle-même, mais aussi les autres personnages, ou les autres régions françaises, lorsqu’il s’enflamme par exemple pour la seule Saintonge.
Car Champlain n’était pas seul avec son rêve. Si Champlain est le « grand initiateur » du respect des Amérindiens par les Français, c’est bien parce que c’était le désir intrinsèque du roi Henri IV mais aussi des rois suivants tels Louis XIII puis Louis XIV ce dernier allant jusqu’à désirer, s’ils se convertissaient à la religion catholique, que les Sauvages deviennent « naturels françois »
Henri IV était un esprit progressiste, il a nourri le rêve de Champlain. Champlain est parti grâce à Henri IV.
En France, Champlain a toujours évolué « dans les cercles humanistes, les lointains ancêtres des Lumières et les initiateurs de ce courant philosophique qui traversera par la suite, jusqu’au siècle suivant, toute la pensée européenne. »
En arrière-plan des écrits élogieux de Fisher, en arrière-plan de l’immense travail de recherches effectué, il est néanmoins intéressant de décrypter à nouveau ce syllogisme états-unien, ciblant uniquement un homme de grande valeur.
S'’il mérite bien entendu, d’être honoré et mis en avant, il est cependant commissionné par son pays, envoyé par le roi de France, et bien entendu il a avec lui toute une équipe, sans laquelle il n’aurait rien pu entreprendre.. Mais en ne mettant que lui dans la lumière cela permet de laisser ainsi de côté tout le reste..
Cela a été maintes fois observé au cours du passé, faire ainsi l’éloge d’un grand homme plutôt que d’un pays ou d’un autre peuple que le leur.
Ainsi, entre autres, pour Henry Longfellow qui dans son poème " le chant de Hiawatha" emploiera le mot " étranger " au lieu de "Français"... De même ce sera la statue du père Jacques Marquette, ce missionnaire parti avec Louis Joliet à la recherche du Mississipi,( Metsi Sipi) qui a été érigée dans le Michigan, et non celle de Cavelier de La Salle le découvreur et le fondateur de la Louisiane française, le représentant légal de la France, envoyé par le roi Louis XIV.
Le père Marquette lui ne représentait pas la France à leurs yeux, mais la religion.. il paraissait donc neutre pour les états-uniens…
Les Anglais et les Espagnols, hermétiquement fermés aux cultures amérindiennes, qui les ont bien souvent détruites, ont bâti en Amérique des empires infiniment plus importants par leur étendue, leur puissance et leurs populations que les Français.
De ce point de vue, cela pourrait ressembler à un échec Pourtant humainement, la Nouvelle-France a été un bien plus grand succès que la Nouvelle-Espagne ou que la Nouvelle-Angleterre En Acadie, dans la vallée du Saint-Laurent, dans les Grands Lacs, les relations entre Français et Indiens ont toujours été fusionnelles, amicales, intimes, créatrices.
La Nouvelle-France a été au contraire une formidable réussite, une véritable leçon de vie entre les peuples dont on n’a pas d’autre exemple dans toute l’histoire des Amériques. Dont Samuel de Champlain a été un de ses plus brillants artisans... mais pas le seul !
Archives de Vigile Répondre
21 août 2016Je vous suggère toutes et tous de lire la biographie "Le Rêve de Champlain" de David Hackett Fischer (un Américain du Maine qu'a exploré Champlain) paru chez Boréal - 4ème tirage en 2015 - .
C'est l'immense Champlain le grand initiateur du respect des Amérindiens par les Français. C'est effectivement unique pour cette époque, parce que voulu, entre autres, par Henri IV et Louis XIII rois de France.
Champlain est sous-estimé au Québec comme en France. On lui doit beaucoup.
Marie-Hélène Morot-Sir Répondre
21 août 2016Monsieur Verrier, c’est tout à fait exact les Français sont hélas dans une grande majorité, ignorants de ce qui s’est passé en Nouvelle France, y compris de ce qui se passe actuellement chez vous de l’autre côté de l’Atlantique.
Ils ne font pas une grande différence entre le grand Canada anglophone et votre Québec francophone. L’Histoire n’est plus effectivement enseignée comme elle le devrait, mais depuis le départ de la France, c’est comme si un voile avait recouvert le passé !
Les médias ont également une grande part de responsabilité, puisqu’ils ne nous parlent du Québec uniquement lorsqu’il vient un de vos chanteurs ou chanteuses sur les plateaux de télévision !! Comment en vouloir aux Français dans un tel contexte ?
Ceci est d’autant plus triste, qu’à peine ils sont au courant, en lisant ou venant à une conférence – j’écarte les voyages au Québec où de nombreux Français se rendent, y compris ceux qui passent parfois un an ou deux chez vous, parce qu’ils reviennent sans avoir rien compris de la situation puisqu’il ne leur a été exposé que des clichés pour touristes ! - C’est pourquoi dès qu’ils en apprennent davantage, immédiatement ils sont étonnés de n’en avoir rien su jusque-là et ils l’expriment avec une émotion contenue, prouvant que les liens n’ont jamais été coupés entre nous des deux bords de l’Atlantique.
Afin de poursuivre d’une façon plus détaillée mais trop longue pour un commentaire j’envoie un texte à Vigile sur ce sujet,
Bien cordialement,
Marie-Hélène MOROT-SIR
Archives de Vigile Répondre
20 août 2016Madame Morot-Sir,
J'ai vraiment apprécié votre réponse qui, en tant que non spécialiste mais Québécois attaché à la cause de l'indépendance me conforte dans mes intuitions et mes prises de position antérieures.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de colliger les positions exprimées par différents spécialistes et historiens. Ceci documente l'état des lieux. Fait troublant, il ressort que jamais la qualité exceptionnelle de la colonisation de peuplement française-néo-française n'a été célébrée. Dans ce cas plus que jamais les vainqueurs qui, dit-on, écrivent l'histoire n'ont pas manqué leur coup. Tellement vrai que même chez les auteurs les plus patriotes, la singularité de la colonisation égalitaire et mutuellement respectueuse propre à la Nouvelle-France n'est jamais souligné comme un fait exceptionnel, sans précédent, vraisemblablement unique dans l'histoire de toute la colonisation.
Voilà de quoi rétablir la justice et la confiance en soi, mettre fin à un sentiment de culpabilité mal placé, non seulement chez les Québécois et les Canadiens français mais également chez les Français eux-mêmes. Car, vous le savez, en France, toute l'histoire de la colonisation est enseignée depuis quarante ans comme une infamie. L'histoire de la Nouvelle France prouve qu'il n'en est rien. Au contraire, les Français peuvent s'enorgueillir avec nous d'une colonisation humaine et assez égalitaire comparée à celle pratiquée par les Anglais, néanmoins donneurs de leçons.
Pareillement, aliénation du colonisé, chez les Québécois, toutes les politiques gouvernementales envers les peuples autochtones partent du point de vue Canadian. Les indépendantistes québécois n'ayant pas pu en cinquante ans de tribulations se distinguer des Canadians, n'ayant pas su renouer avec l'histoire glorieuse de la Nouvelle-France, se l'approprier et la prendre pour point d'appui des nouvelles relations à proposer aux peuples autochtones. Au contraire, les indépendantistes ont fait l'erreur d'intégrer la culpabilité du «blanc», sans comprendre les distinctions considérables à faire entre le régime français et le sort réservé aux autochtones depuis la Conquête. Admettons aussi, il faut peut-être le rappeler, que la rencontre entre les peuples indigènes d'Amérique avec les Européens était inévitable. Et il est clair que les autochtones avaient plus à apprendre des Européens que l'inverse. Ce sont les circonstances de cette rencontre que les Français ont presque amenés à un niveau de perfection en évitant non seulement le choc des civilisations mais aussi le bruit des armes.
Vous écrivez néanmoins : «Quelle immense fierté pour vous, tous leurs descendants, sur le sol de votre Québec»
Malheureusement, les Québécois ne tirent aucune fierté de cette glorieuse épopée qui pourrait être édifiante pour le monde entier si on était assez fier pour la partager. À la place, malheureusement, les Québécois ont intériorisé le récit Canadian raciste qui fait d'eux des «Blancs», que des Blancs. Belle façon de gommer l'histoire et de nous interdire de nous présenter comme les continuateurs de l'esprit de la Nouvelle France. Pareil en France. Je souhaite que l'amitié entre les Québécois (et Canadiens-français) et les Français se renouvelle sur des questions qui nous font communément honneur. Celle de la relation avec les autochtones à l'époque du régime français en est une de toute première importance.
Marie-Hélène Morot-Sir Répondre
20 août 2016Monsieur Verrier merci de votre si intéressant commentaire.
Ce texte est une étude sur les différents ressentis au cours des siècles, selon les historiens, les auteurs et selon les époques .
Il est cependant plus que passionnant d’observer que c’est bien grâce aux Amérindiens que les Français ont pu avancer dans cet immense pays et découvrir toujours de plus en plus loin presque toute l’Amérique du Nord.
Cela a été le seul peuple étranger invité à rester sur une terre par les peuples eux-mêmes, sans vouloir les exterminer pour prendre leurs terres, mais au contraire pour vivre en toute amitié et harmonie avec eux.
Cette attitude s’est confirmé en 1701 au moment de la grande paix de Montréal puisque les Français ont alors voulu rallier à cette amitié les cinq Nations Odinossonis(Iroquoises).
Ils ont voulu les amener, à faire la paix avec toutes les nations amérindiennes que ces tribus vindicatives combattaient depuis si longtemps, avant même de faire la paix avec les Français. Cette paix de Montréal a été une chose si importante que cela ne s’est plus jamais vu depuis.
Impossible de ne pas admirer cette entente et cette amitié des plus extraordinaires entre ces hommes venus de France, et ces tribus amérindiennes si diverses, une entente comme vous l’exprimez qui semble bien unique au monde par son ampleur..
Quelle immense fierté pour vous, tous leurs descendants, sur le sol de votre Québec ;
Comment ne pas se rappeler de cette phrase de l’écrivain américain Francis Parkman : « L’Espagnol a écrasé l’Indien, l’Anglais l’a méprisé, le Français l’a adopté, aimé et entouré »
Mais tout cela a été rayé d’un trait de plume lors de la Conquête anglaise ainsi que je l’ai évoqué dans des textes précédents. Le Conquérant a tout fait pour séparer les Amérindiens des Canadiens. les Anglais n’oubliaient pas qu’ils avaient toujours perdu aussi longtemps que les Amérindiens et les Canadiens avaient combattu ensemble !
Ainsi ils sont arrivés à mettre les Amérindiens de leur côté (traité d’Oswegatchie et de Kahnawake dès 1760) afin de mieux assimiler les Canadiens, et les Canadiens abandonnés seuls face à l’adversaire, ayant vu ce que les Anglais avaient été capables de faire aux Acadiens en 1755 ont tenté de survivre en s’éloignant des Amérindiens, craignant qu’on les prenne pour des Sauvages !
Incroyable que beaucoup aient pu oublier aujourd’hui cette grande amitié, mais le Conquérant a bien joué !
Une amitié et une affection si importantes que cela parait bien réel que ces deux peuples se soient autant rapprochés au point qu’un nouveau peuple franco amérindien ait pu naitre un temps et évidemment qu’un certain métissage ait pu en découler.
Archives de Vigile Répondre
20 août 2016Si on met de coté les facteurs géographiques qui facilitèrent la pénétration de l'Amérique du Nord par la Nouvelle France, le facteur humain, que vous qualifiez comme l'amitié et l'affection réciproques entre les peuples explique également la possibilité donnée aux Français de cartographier, et de nommer les deux tiers de l'Amérique du Nord. Cette avancée vers l'Ouest, le Sud et le Nord, réalisée dans la paix et la coopération, ferait de la colonisation française en Amérique le modèle de colonie de peuplement le plus réussi de l'histoire. À moins que d'autres exemples aussi réussis de la rencontre entre deux civilisations aussi différentes existent, pour ma part je n'en connais pas. Ne trouvez-vous pas que la nature de la colonisation française en Nouvelle France est un modèle positif qui trouve peu de comparables, s'il y en a ?
Il est clair que la Conquête a mis fin à cette expérience humaine, perfide Albion s'employant à diviser ce qui était jusque là uni. Si bien que les Québécois canadianisés finissent par partager la culpabilité des Anglais pour le sort des autochtone alors qu'ils partagent tout comme eux le destin de la victime. Le régime ségrégationniste des réserves indiennes n'a-t-il pas été établi par les Anglais partout en Amérique ? Et les États-Unis ne sont-ils pas construits sur le refus d'un rapport égalitaire avec les premiers habitants ? La construction du deuxième Canada, celui d'après 1763, a suivi le même chemin.
Sur la question du métissage, le territoire étant vaste et la population clairsemée, il n'y avait guère pour celui-ci de nécessité à son existence. C'est pourquoi le rapport se déclinerait plutôt comme une cohabitation sympathique chapeautée par l'esprit d'alliance (paix de Montréal de 1701) où les indigènes et Néo-français apprennent les uns des autres dans le cours de leurs découvertes et de leurs explorations.
En attente de votre réponse
GV