"Les nations savent-elles encore rêver ?" Gérard Bouchard

Le multiculturalisme à tout crin

« Je ne vois pas [par exemple] la fin prochaine du multiculturalisme. Ça fait un demi-siècle que ça dure et ça marche bien. »

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Tribune libre

 


Entrevue accordée au journal Le Devoir du 10 octobre 2019 par Gérard Bouchard (extrait)


« Quelle nation de ce coin-ci du monde sait encore le plus rêver en articulant ses mythes fondateurs, ces valeurs jugées fondamentales, pour ne pas dire sacralisées? Le Québec, le Canada anglais ou les États-Unis ? »


Le docteur Gérard Bouchard s’est penché au chevet de ces collectivités dans son livre et son diagnostic développe des constats surprenants. La nation distincte n’est finalement pas celle que l’on croit. Le grand mythe étasunien s’effondre, les rêves québécois rapetissent, mais l’idéal national du Canada, lui, tient bel et bien le coup…


« Dans mes conclusions, je crois que dans la grande majorité des cas, les mythes nationaux ne se portent pas très bien, y compris au Québec, dit le savant mythologue. Certains ont des difficultés plus graves que d’autres et certains sont carrément en crise. Il y a des exceptions parmi lesquelles je vois le Canada anglais. »


Pourquoi ? « Leurs mythes nationaux sont encore florissants, gonflés et ils rendent les Canadiens heureux de cette situation. Je ne vois pas par exemple la fin prochaine du multiculturalisme. Ça fait un demi-siècle que ça dure et ça marche bien. »


Alors que faire ? Pour le pro du mythe, il n’y a pas mille solutions. Il faut réactiver des valeurs fondamentales, dont celle du multiculturalisme, plein de promesses de cohésion. « Il faut réinventer des équilibres, dit le professeur. Des équilibres entre l’intégration et le respect des droits, entre la survie de la majorité sans broyer les minorités. Ce n’est pas vendeur, mais ça se fait. »


De l’avis de Gérard Bouchard, au Québec, deux mythes servent d’axes centraux. D’abord la reconquête pour redresser le malheur de 1760, avec les idées connexes celles du Canada binational, du « maître chez-nous » ou de la souveraineté. Et puis, l’idée de former une minorité sur le continent, consacrée depuis la Rébellion de 1837. « Qui parle encore de tout ça, demande le professeur ? L’autonomie et le nationalisme sont devenus des coquilles vides. Le moteur qui nous a soutenus collectivement ne marche plus. C’est fondamental. »


Réaction personnelle


De ces « constats » de Gérard Bouchard, je retiens deux éléments. D’abord, son culte viscéral envers le multiculturalisme canadien, « plein de promesses de cohésion » et qui, dans la réalité, contribue grandement à des frictions constantes entre le ROC et le Québec. Ensuite, son assertion voulant que « l’autonomie et le nationalisme sont devenus des coquilles vides » alors que le gouvernement québécois de François Legault vient de faire reconnaître par une majorité de Québécois la laïcité de l’État.


Alors oui, M. Bouchard, le Québec peut encore rêver pour autant qu’on lui en fournisse les motifs qui font vibrer ses convictions profondes, son identité propre et ultimement, son cheminement vers son indépendance.


Intégralité de l’article


https://www.ledevoir.com/societe/564456/gerard-bouchard-demande-si-les-nations-savent-encore-rever-a-l-ere-de-la-mondialisation   


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com