Comme on le sait, le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument. Or, la corruption n’est pas toujours une question d’argent. Bien plus souvent, trop de pouvoir entre les mains d’un seul homme finit par corrompre son propre jugement.
Un cas patent est Gaétan Barrette, l’omnipuissant ministre de la Santé et des Services sociaux. Ses manières de matamore autoritaire affaiblissent un système public déjà fragilisé par la première chasse au déficit-zéro sous Lucien Bouchard.
Depuis trois ans, c’est la tempête parfaite. Combinée à l’austérité, l’hypercentralisation des services sous le contrôle direct du Dr Barrette a réussi à faire taire les gestionnaires. « Prière de ne pas déranger le ministre » est leur leitmotiv de survie.
La disparition par étapes de tout contrepoids possible dans le système de santé fait le reste. Les plus vulnérables écopent plus que les autres. S’il est vrai qu’on peut mourir « dans la dignité », vieillir ou être handicapé « dans la dignité » devient un luxe.
Tandem payant
Pendant que sous le tandem des docteurs Couillard et Barrette, les médecins - tout particulièrement les spécialistes -, sont passés à la caisse, les soins à domicile manquent souvent à l’appel. Des milliers d’aidantes et d’aidants naturels sont aussi laissés à eux-mêmes.
Dans une société vieillissante, c’est très grave. Résultat : le recours croissant et discret au privé s’installe à demeure. Du moins, pour ceux qui en ont les moyens.
Sur l’ensemble de l’œuvre du ministre Barrette, l’ex-ministre libéral de la Santé, Claude Castonguay, en faisait lui-même le constat en mars dernier : « la réforme conçue et imposée par Gaétan Barrette est un échec. Certains qualifient cet échec de désastre. »
Parmi d’autres drames en attente, le « cas » de l’hôpital Sainte-Justine témoigne des effets pervers des « réformes » Barrette. Depuis des mois, les médecins, pharmaciens et dentistes de Sainte-Justine sonnent l’alarme non pas pour eux-mêmes ou leur rémunération, mais pour leurs patients.
Défendre les patients
Dans un système où l’omerta sévit, ils ont le courage de parler haut et fort, mais le ministre reste sourd. Avec raison, le personnel médical craint de voir le regroupement insensé de Sainte-Justine et du méga CHUM déboucher sur une fusion dévastatrice.
Déjà que ce regroupement est contraire à la mission pédiatrique unique de Sainte-Justine et menace son expertise reconnue de par le monde, une fusion avec le CHUM achèverait cette institution essentielle à la santé des enfants du Québec.
Cette maladie de l’hypercentralisation dont souffre le Dr Barrette sert en partie à économiser sur le dos des patients, mais elle sert aussi à renforcer son propre pouvoir sur un système qu’il s’amuse à déconstruire comme si c’était son jeu personnel de Lego.
Défroqué de la CAQ, M. Barrette fait ce qu’il veut sous Philippe Couillard. On prête à Louis XIV d’avoir dit « l’État, c’est moi ». Une maxime que le ministre Barrette semble avoir fait sienne au détriment du bien commun.
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