Le maire Tremblay est responsable

Corruption à la ville de Montréal


Un gâchis. Il n'y a pas d'autres mots pour décrire cela.
Hier, tout le monde déchirait sa chemise. Le vérificateur général, Michel Doyon, affirmait qu'il n'avait jamais «vécu ça» en sept ans, le nouveau patron de la SHDM, Jean-Claude Cyr, était «choqué et estomaqué» et le maire de Montréal, Gérald Tremblay, disait, en s'accrochant à son lutrin, que c'était «inadmissible», «inacceptable» et qu'il condamnait le tout avec «virulence».
Voilà pour l'indignation.
Mais qui est responsable de ce gâchis? Gérald Tremblay. C'est lui, le maire. Il est responsable, que cela lui plaise ou non. Un ministre aurait démissionné pour moins que ça.
Pourtant, Gérald Tremblay s'est empressé de s'en laver les mains. Il ne savait rien, a-t-il juré, hier. Et ce n'est pas la faute des élus qui siègent au conseil municipal et au comité exécutif, a-t-il ajouté.
Les élus sont blancs comme neige ? Ils sont les pauvres victimes du méchant Martial Fillion, ex-directeur général de la SHDM, qui aurait tout manigancé sous le nez et à la barbe des politiciens?
Au cours de son point de presse, le maire a joué les Ponce Pilate. Encore. Il commence à connaître ce rôle par coeur. À chaque scandale, il tombe des nues. C'est toujours le même scénario: un brin d'indignation, un coup d'éponge - ce n'est pas moi, je le jure -, et hop! Il se débarrasse du bébé en le larguant au vérificateur, à une firme externe ou, comme c'était le cas hier, à la police.
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Au coeur des allégations: la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM), organisation paramunicipale responsable du parc immobilier de la Ville, évalué à 300 millions. Le directeur concerné : Martial Fillion, ex-chef de cabinet de Gérald Tremblay, marié à Francine Sénécal, ex-vice-présidente du comité exécutif. Nommée par Gérald Tremblay. Donc proche du maire.
Martial Fillion, un homme qui ne connaissait rien à l'immobilier.
En 2007, l'entourage du maire a manoeuvré en cachette pour transformer la SHDM en organisme privé, la soustrayant du même coup au regard des élus. La SHDM en a profité pour boucler des transactions douteuses, dont celle du Faubourg Contrecoeur.
À l'époque, le maire avait défendu le changement de statut juridique de la SHDM. Je me rappelle son point de presse où il avait quasiment traité les journalistes de paranoïaques. Mais où est le problème? avait-il demandé en s'offusquant parce que son intégrité était remise en question.
Deux semaines plus tard, il revenait, piteux, devant les journalistes. Changement de ton : la SHDM allait retrouver son statut public et Martial Fillion était congédié.
Hier, le vérificateur et la firme Deloitte, chargés d'enquêter sur les transactions effectuées par la SHDM en 2007 et 2008, c'est-à-dire au moment où elle était un organisme privé, ont déposé leurs rapports. Accablants. Suffisamment accablants pour que la police intervienne. Dès aujourd'hui, c'est la Sûreté du Québec qui prend les choses en main. Du rarement vu à Montréal.
Deloitte a consacré les 115 pages de son rapport à la vente du Faubourg Contrecoeur à l'homme d'affaires Catania, une transaction où la Ville a perdu de l'argent.
La Ville a vendu le terrain du Faubourg Contrecoeur à la SHDM pour la somme de 1,6 million. La SHDM l'a, à son tour, vendu 4,3 millions à Catania. Pourtant, le terrain était évalué à 23,5 millions.
Au coeur de la transaction : Martial Fillion et la firme Dessau. C'est une des filiales de Dessau, GGBB, qui a piloté le dossier.
Les faits soulignés par Deloitte sont troublants. GGBB, par exemple, a détruit des documents importants. Deloitte met d'ailleurs en doute la «transparence et l'intégrité du processus» qui a mené au choix de Catania.
C'est aussi une filiale de Dessau, LVM Fondatec, qui a évalué les coûts de décontamination du terrain: 11 millions. Coûts qui auraient dû osciller autour de 6 millions. Le problème, c'est que les 11 millions ont été déduits du prix de vente, ce qui a permis à Catania de ne payer que 4,3 millions pour le terrain.
Dessau, une des firmes qui a décroché le mégacontrat des compteurs d'eau, un autre scandale qui éclabousse le maire. Dessau qui a embauché Frank Zampino six mois après son départ de la vie politique. Zampino qui était responsable des sociétés paramunicipales, donc de la SHDM. Zampino qui a été le bras droit de Gérald Tremblay pendant sept ans et demi.
Et pour couronner le tout, deux membres de l'exécutif du parti politique du maire, Union Montréal, ont siégé au comité de sélection de la SHDM lors de l'octroi du projet Contrecoeur. Ils ont choisi, oh! surprise, le groupe Catania.
Et Gérald Tremblay affirme qu'il ignorait tout.
Il y a des limites à ne rien voir. Peut-on être à ce point ignorant sans être incompétent?


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