Le maire de Québec, Régis Labeaume
Le maire Régis Labeaume souhaite bâillonner les citoyens afin qu'aucun d'entre eux n'ait l'idée de questionner la légalité de son entente avec Quebecor, ce qui pourrait nuire à ses chances d'attirer une équipe de hockey dans la capitale. Il a ainsi convaincu le Parti québécois de présenter un projet de loi visant à bloquer toute poursuite judiciaire en ce sens.
Prochaine étape, la loi sur les mesures de guerre?
Ne rions pas. Il ne semble plus y avoir de limites à la mégalomanie du maire de Québec, pas plus qu'il ne reste de jugement aux élus provinciaux lorsqu'il est question de la capitale et de ses caprices. Sauf peut-être à Amir Khadir.
Entendons-nous, l'idée de ramener une équipe de hockey à Québec est excellente. À Montréal, Rouyn, Amos et Blanc-Sablon, ils sont rares à nier à la ville son droit de retrouver une place dans le circuit de la LNH. Mais la fin, aussi juste et excitante soit-elle, ne justifie certainement pas tous les moyens, toutes les lubies d'un maire qui ne voit plus clair.
Suspendre le droit d'ester en justice est un geste d'une extrême gravité, un acte exceptionnel qui doit le demeurer. Et ce, même si Québec s'est déjà permis d'outrepasser les règles démocratiques les plus élémentaires pour imposer le mutisme aux citoyens incommodés par les motoneiges...
Dans le cas qui nous occupe, cette manoeuvre est d'autant plus déplacée qu'il s'agit d'un immense projet frôlant le demi-milliard, financé à même les poches de l'ensemble des contribuables du Québec. Ces «actionnaires» ont donc, tout à fait légitimement, le droit de poser leurs questions, de s'interroger sur le processus, de creuser l'entente en détail avant qu'on leur soutire autant d'argent.
On jure, la main sur le coeur, que le projet a été mené en toute légalité? Tant mieux. Mais dans le contexte politique actuel, il est tout à fait sain que les citoyens soient sur leur garde. Et même que l'un d'entre eux - en l'occurrence l'ancien directeur général de la Ville de Québec Denis de Belleval - songe à se présenter devant les tribunaux pour éclaircir certains points nébuleux.
Cela pourrait potentiellement ralentir le dossier, c'est vrai. Mais c'est hélas le prix à payer en politique. Du moins, dans un système démocratique.
Le projet est peut-être «exceptionnel», il ne rentre pas dans une petite case prédéfinie et ne doit donc pas nécessairement se plier à des règles immuables. Soit. Mais son importance est-elle réellement plus grande que celle des droits fondamentaux?
La question est d'autant plus pertinente qu'en éliminant ainsi le droit de s'adresser aux tribunaux, on affaiblit encore un peu plus le pouvoir des citoyens au profit de deux dirigeants dont la toute-puissance est déjà établie, Régis Labeaume et le commissaire de la Ligue, Gary Bettman.
Un tel geste d'à-plat-ventrisme paverait évidemment la voie à toutes les dérives potentielles, des dérives contre lesquelles le système judiciaire est justement censé s'ériger.
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