Route 167 - La facture de l’État grimpe de 140 millions

Le gouvernement du PQ veut réévaluer l’entente signée par les Libéraux

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La route 167 coûtera beaucoup plus cher que prévu. Et c’est Québec qui doit payer la note.

Le prolongement de la route 167 vers la première mine de diamants du Québec coûtera beaucoup plus cher que prévu. Selon la plus récente évaluation du ministère des Finances, la facture annoncée par les libéraux de Jean Charest pourrait augmenter de plus de 140 millions de dollars. Or l’entente signée avec la minière Stornoway Diamond prévoit que toute dépense supplémentaire sera payée avec des fonds publics. Le Parti québécois ne l’entend pas ainsi et compte revoir cette entente, a appris Le Devoir.
« L’entente actuelle n’est pas conforme à nos souhaits en regard des finances publiques. Les dépassements de coûts sont trop importants », a souligné mardi Mélanie Malenfant, attachée de presse du ministre des Finances, Nicolas Marceau. « Il y a plusieurs aspects qu’on veut revoir », a-t-elle ajouté.
« On a constaté des dépassements de coûts très importants, a précisé Mme Malenfant. Des 230 millions de dollars que devait coûter la route au départ, nous en sommes maintenant à des coûts qui pourraient atteindre 420 à 470 millions de dollars. C’est le double. » Ce coût équivaut à près de deux millions pour chaque kilomètre de cette route gravelée.
Or, a aussi rappelé la porte-parole des Finances, « dans l’entente qui a été établie avec le gouvernement précédent, 100 % des dépassements de coûts sont assumés par le gouvernement. On veut que le projet fonctionne, mais on veut aussi protéger l’intérêt des contribuables et essayer de voir comment on peut terminer le projet ».
L’évaluation à 230 millions remonte à 2009, au moment de la première estimation des coûts du prolongement de la route 167 vers la première mine de diamants du Québec. Selon l’entente annoncée en août 2011 entre Québec et la minière vancouvéroise Stornoway Diamond - unique entreprise bénéficiaire de la route pour le moment -, le prolongement de la route 167 sur une distance de 239,5 kilomètres devait coûter 332 millions de dollars.
Le gouvernement du Québec devait investir un minimum de 288 millions de dollars dans le projet. Quant à Stornoway, elle s’est engagée à débourser un total de 44 millions sur une période de 10 ans, et ce, à partir de 2015. L’entreprise doit aussi verser une « contribution maximale » de 1,2 million de dollars par année pour l’entretien de cette route. Mais la participation de la minière au financement de cette infrastructure du Plan Nord est « conditionnelle à la construction de la route dans les délais prévus, à l’obtention de toutes les approbations des organismes de réglementation pour la construction du projet diamantifère Renard et à l’obtention du financement pour le projet Renard ».
Or, devant l’ampleur des dépassements de coûts, le gouvernement péquiste a décidé de revoir tout le dossier, dont l’attribution des contrats aux entreprises qui contruisent la route, surtout sur la partie la plus au nord. Au ministère des Transports, on a aussi indiqué mardi que certains retards avaient été constatés au cours des derniers mois, notamment parce que les travaux nécessitent l’obtention de plusieurs certificats du ministère de l’Environnement.
Selon ce qu’a fait valoir Stornoway dans un communiqué diffusé en fin de journée lundi, la situation devrait retarder la livraison de la route, qui était prévue pour juillet 2013. La minière n’a pas précisé si elle pourrait revoir sa contribution financière, comme le permet l’entente signée avec les libéraux. Elle a simplement indiqué que des « pourparlers » étaient en cours avec le gouvernement. Stornoway a trois lobbyistes inscrits. Ceux-ci ont notamment pour mandat de « s’assurer du respect de l’échéancier de construction de la route afin de permettre de respecter l’échéancier de construction de la mine ». L’entreprise n’a pas rappelé Le Devoir mardi.
Contrairement au gouvernement péquiste, visiblement réticent à payer les dizaines de millions de dollars de dépassements de coûts, les libéraux de Jean Charest avaient décidé de refiler une éventuelle facture au trésor public.
« Je ne commencerai pas à créer de l’incertitude chez les actionnaires », avait fait valoir l’ancien ministre des Ressources naturelles, Clément Gignac, dans le cadre des travaux de la commission parlementaire qui étudiait le projet de loi qui devait permettre de créer la Société du Plan Nord. Malgré les difficultés techniques inhérentes à ce genre de projet, le ministre Gignac jugeait « peu probable » qu’il y ait des dépassements de coûts, à moins de « surprises ». En plus des 240 kilomètres de route traversant 152 cours d’eau sur un territoire exempt de développement, il faut bâtir « au moins 18 ponts », précisent les documents officiels. Les libéraux souhaitaient par ailleurs prolonger la route 100 kilomètres plus au nord pour ouvrir le territoire aux minières.
Le gisement diamantifère situé à 350 kilomètres au nord de Chibougamau a de quoi intéresser d’importants acheteurs de la précieuse pierre. Les plus récentes estimations de l’entreprise de Vancouver font état de réserves diamantifères « probables » de 18 millions de carats. À cela s’ajoutent des « ressources minérales présumées » de 17,5 millions de carats. De quoi assurer plus de 20 ans d’une production dont la valeur devrait se chiffrer en milliards de dollars. La valeur moyenne est estimée à 180 $ le carat.
Pour le moment, les diamants qui seront tirés du sous-sol québécois seront exportés à l’état brut, sans aucune transformation ici. La mine devrait utiliser des carburants fossiles pour son alimentation en énergie. L’entreprise a refusé de payer la facture d’une ligne de transmission de 165 kilomètres qui aurait alimenté son seul projet, comme l’exigeait Hydro-Québec.


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