AIDE À MOURIR

Le doc décide!

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La liberté de conscience, ça existe, et les médecins sont en droit de s'en prévaloir

Les mots étaient gênants à lire et à entendre mercredi, dans le cadre du débat lancé par la manchette de La Presse au sujet des 29 maisons de soins palliatifs du Québec et certains services de soins palliatifs en milieu hospitalier qui refuseront d’offrir l’aide médicale à mourir prévue par la loi. Ces mots témoignaient d’un paternalisme médical qu’on croyait dépassé et qui est toujours consternant.

Car que nous ont dit les médecins et dirigeants de maisons récalcitrants ? Qu’ils étaient, eux, les « experts du terrain », que « l’euthanasie n’est pas un soin », que tout ceci ne rentre pas dans le « mandat » des maisons de soins palliatifs, qu’à l’hôpital même il faudra que ça se fasse ailleurs que dans le service de soins palliatifs, « dans une chambre à deux » si ça se trouve… On était loin des convictions personnelles : un vrai rejet de la loi, sans aucun égard pour les gens.

La loi, pourtant, désigne bel et bien un expert : le patient lui-même ! Un patient qui doit certes répondre à des conditions strictement balisées (être en fin de vie pour cause de maladie grave et incurable, avec déclin avancé et irréversible de ses capacités accompagné de souffrances physiques et psychiques constantes et insupportables : la totale, quoi !), mais qui reste maître d’oeuvre de son destin. En veut pour preuve la dernière condition qui s’ajoute à celles énumérées ci-dessus : c’est à la personne condamnée de juger si ses souffrances peuvent être apaisées dans des conditions qu’elle trouve tolérables. Si elle estime que ce n’est pas le cas, et qu’elle répond aux critères objectifs énumérés, alors elle peut demander une aide médicale à mourir. Aide médicale qui relève par ailleurs d’un protocole extrêmement précis de soins, qui en sont de ce fait bel et bien. En refusant même de l’admettre, en persistant à parler d’euthanasie, des médecins osent donc faire peur au monde. Est-ce là la déontologie de leur profession ?

Dans la même veine, il était étonnant d’entendre une directrice de maison de soins palliatifs expliquer son refus par le fait qu’elle ne dirige pas un établissement de santé, mais « un complément du domicile du patient ». Or l’aide de fin de vie pourra être administrée à domicile ! On sera donc plus mal loti si on se tourne vers le « complément » qui a pour mission de donner du soutien ? Que d’incohérence.

La loi québécoise a ceci de formidable que sa seule existence est en soi un réconfort pour les Québécois. Mais maintenant, c’est le retour à l’incertitude : les choix des patients seront-ils acceptés ? Et où ? Dans une « chambre à deux » dans un coin inadapté de l’hôpital parce que des médecins, des maisons, en bloc, ont décidé d’imposer leurs croyances ? Il est donc si médicalement répugnant de laisser les gens mourir dans l’apaisement ?


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