Hier, Dany Laferrière était intronisé à l’Académie française. Aujourd’hui Clément Duhaime, ce super diplomate québécois — un des seuls à avoir atteint de tels sommets en nous représentant à l’étranger —, reçoit un doctorat honoris causa de l’Université de Montréal pour l’ensemble de son œuvre franco-québécoise et francophone.
Il est par conséquent paradoxal de constater que la relation entre Paris et Québec s’est refroidie depuis l’arrivée du gouvernement Couillard.
Cruelle absence
L’absence du premier ministre du Québec à la grande marche républicaine qui a suivi les attentats de Charlie Hebdo témoignait d’une absence de sensibilité, d’autant plus curieuse que Philippe Couillard se trouvait à ce moment-là en Europe.
Mais il y a plus significatif. Le gouvernement du Québec a décidé de tripler d’un coup les frais de scolarité des étudiants français qui, nombreux, viennent compléter ici leur formation. Ce que Jean Charest avait toujours refusé de faire malgré l’insistance du Conseil du trésor, parce qu’il voyait dans ces étudiants d’excellents futurs émigrants ou de formidables ambassadeurs du Québec en France.
Pour en ajouter une couche, le gouvernement du Québec a amputé le budget de l’Office franco-québécois pour la jeunesse de 30 %, rapetissant ainsi un joyau, né en 1968, qui a toujours su s’adapter aux conditions nouvelles de nos échanges et dont les résultats sont tangibles et quantifiables.
Pourtant, le Québec et la France ont toujours autant besoin l’un de l’autre. C’est en France que nos artistes ont l’occasion de s’imposer à l’étranger
Enfin, il a diminué, proportionnellement plus qu’ailleurs dans le réseau, la voilure de son vaisseau amiral, la Délégation générale du Québec à Paris.
La France, de son côté, a réduit significativement son aide financière à l’Association Québec-France, ce qui force l’organisme citoyen qui donnait une considérable valeur ajoutée à notre relation à mettre la clé dans la porte le 30 juin.
Paris a également vendu la maison Kent dans laquelle elle logeait son Consulat général, au cœur même du centre historique de Québec, à quelques pas du lieu de fondation de la ville par Champlain.
L’axe Québec-France
Pourtant, le Québec et la France ont toujours autant besoin l’un de l’autre. C’est en France que nos artistes ont l’occasion comme ailleurs, mais souvent plus qu’ailleurs, de s’imposer à l’étranger.
Parlez-en à Xavier Dolan, Pierre Lapointe, au jeune David Thibault, à Denis Marleau et à des dizaines d’autres.
Et c’est au Québec que viennent chaque année 400 000 touristes français, deuxième contingent de touristes étrangers, derrière les Américains, que des entreprises comme Ubisoft choisissent de faire affaire en Amérique. C’est au sein de la Francophonie institutionnelle que les deux gouvernements prennent ensemble des mesures pour le développement de la langue française comme grande langue internationale ou encore en faveur de l’exception culturelle et du multilinguisme, indispensables dans un monde aujourd’hui multipolaire.
En un mot comme en cent, il faudra à Québec et à Paris, pour poser à nouveau des gestes forts, des changements à la tête de nos deux États, c’est-à-dire la présence au plus haut niveau d’hommes et de femmes politiques qui croient à la nécessité et à l’avenir de la relation historique entre la France et le Québec.
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