Je quitte inquiet pour l'avenir du Québec, inquiet parce que je sens que le Québec s'est engagé dans un déclin tranquille, et cela, malheureusement, trop souvent dans la résignation et l'indifférence. Tout projet politique ambitieux quel qu'il soit, peu importent les partis, est difficile à réaliser actuellement. Certains me parleront sûrement de la souveraineté que nous n'avons pas encore réalisée, mais je pourrais aussi dire la même chose du renouvellement du fédéralisme dont le fruit n'en finit plus de mûrir. La question du Québec n'est pas réglée, mais c'est comme si on refusait de se l'admettre collectivement.
La même apathie existe pour les défis économiques et sociaux auxquels nous faisons face. Les raisons sont multiples, mais il faut d'abord constater que la perte de confiance et le cynisme de la population à l'égard de la classe politique freinent tout élan. Avant de jeter la pierre à d'autres, je prends ma part de responsabilité, ayant été impliqué en politique depuis plus de 10 ans. Politiciens, citoyens, médias et groupes de pression, nous sommes tous responsables de cette réalité. Cela dit, la fatigue, le cynisme, le fatalisme ne peuvent servir d'excuse pour accepter l'immobilisme et surtout le déclin tranquille du Québec.Le Québec doit retrouver la voie du courage et de l'audace, c'est mon souhait le plus cher. J'aime bien la remarque que le président américain reprend dans plusieurs de ses discours. Il affirme que chaque génération fait face à des défis importants, mais que c'est la responsabilité de chacune des générations de se retrousser les manches, de relever ces défis pour son bien et pour celui des générations futures.
Trois défis
Pour moi, il y a trois défis qu'il nous faudra surmonter. D'abord, le Québec a toujours un écart de richesse important avec les autres États en Amérique du Nord. Ensuite, nos réseaux publics de santé et d'éducation connaissent de graves problèmes d'efficacité. Et enfin, le Québec vit une crise des finances publiques.
Reprenons un par un ces défis. Premièrement, le Québec n'a pas réussi à réduire l'écart de richesse qui le sépare des autres États en Amérique du Nord. Il a un revenu moyen trop faible qui risque d'encourager l'exode de nos jeunes et de nuire au financement de nos programmes sociaux. Pour créer de la richesse, le Québec devrait investir davantage en éducation. Il faudrait aussi avoir une fiscalité des entreprises plus attrayante pour accroître les investissements et du même coup améliorer notre productivité. Et nous devons également mieux utiliser tous nos outils de développement économique, en particulier la Caisse de dépôt, pour protéger et favoriser la croissance de nos grandes entreprises québécoises.
Deuxièmement, les problèmes d'efficacité qui assaillent nos grands réseaux publics restent trop nombreux. Il faut changer la culture dans nos écoles, dans nos commissions scolaires, dans nos hôpitaux et dans nos agences de santé pour mettre en place une culture de l'évaluation et une culture des résultats.
Troisièmement, l'état des finances publiques du gouvernement du Québec est tel que l'on peut véritablement parler d'une situation de crise. Si on refuse d'y faire face, ce problème de déficit structurel va s'accentuer au cours des prochaines années en raison du vieillissement de la population. On ne réussira pas à protéger nos programmes sociaux si on accepte l'endettement perpétuel du Québec et de ses générations futures. Il est encore temps d'agir. Ne restons pas collectivement les bras croisés.
Député du Parti québécois depuis 1998, l'auteur a annoncé hier son départ de la vie politique. Ce texte est un extrait des propos qu'il a tenus lors de son point de presse.
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