Le CSA met en demeure CNews pour des propos d’Eric Zemmour sur la colonisation de l’Algérie

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Zemmour attaqué pour avoir défendu la colonisation française en Algérie

En direct sur CNews, Eric Zemmour s’était dit, en tant que français, « du côté du général Bugeaud », l’un des officiers de la colonisation de l’Algérie, nommé gouverneur général de l’Algérie par Thiers en 1840, qui massacrait « les musulmans et même certains juifs ». Plus d’un mois après cette émission du 23 octobre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a mis en demeure CNews de respecter ses obligations, notamment en matière d’incitation à la haine ou à la violence, à la suite de propos d’Eric Zemmour sur l’islam et la guerre d’Algérie, tenus dans l’émission « Face à l’info ».


Cette mise en demeure, publiée mardi 3 décembre, constitue une forme d’avertissement pour la chaîne d’info du groupe Canal+. Dans les procédures du CSA, une telle décision peut précéder, en cas de manquements répétés, une sanction – de la suspension temporaire d’un programme à un retrait de l’autorisation de la chaîne, en passant par des amendes ou privations d’écrans publicitaires.


Dans un communiqué, le groupe Canal+ a annoncé qu’il allait déposer un recours pour abus de pouvoir auprès du Conseil d’Etat, considérant cette mise en demeure « injustifiée » et « contraire aux principes de la liberté d’expression ». Pour CNews, les propos mis en cause relèvent de « l’expression du pluralisme des courants de pensées et d’opinion », et le débat épinglé par le CSA était équilibré, même si les opinions exprimées « ont pu “heurter, choquer ou inquiéter” ».


Le journaliste, écrivain et polémiste est devenu à la mi-octobre la vedette de « Face à l’info », une nouvelle émission quotidienne de CNews, lancée peu après la polémique déclenchée par son virulent discours sur l’islam et l’immigration à la fin septembre à la « convention de la droite », organisée par des proches de Marion Maréchal. Depuis, plusieurs de ses interventions dans l’émission présentée par l’ancienne membre du CSA Christine Kelly ont suscité un tollé. En particulier celle du 23 octobre, dans laquelle il avait fait un amalgame entre l’islam et l’islamisme, avant d’évoquer la guerre d’Algérie et de se dire du côté général Bugeaud.


Des propos qui, pour le CSA, contreviennent à plusieurs des obligations de la chaîne, découlant de la loi et de sa convention conclue en 2005 (un texte qui codifie ses engagements vis-à-vis du régulateur). En effet, le gendarme de l’audiovisuel juge que ces propos « ont pu être perçus » comme « une légitimation de violences commises par le passé à l’encontre de personnes de confession musulmane, mais aussi comme une incitation à la haine ou à la violence à l’égard de cette même catégorie de la population ». Il juge que la séquence exprimait un « rejet insistant des personnes musulmanes dans leur ensemble, tendant à encourager des comportements discriminatoires en raison de la religion ». Le CSA a par ailleurs transmis à la justice les éléments en sa possession concernant cette séquence, comme il l’avait déjà fait pour son discours retransmis sur LCI.


En outre, le régulateur estime que CNews, en diffusant ces propos en direct « sans réaction ni même modération » de la part de l’animatrice, a manqué à son obligation de garder la maîtrise de son antenne, qui s’impose en toutes circonstances. Depuis le 29 octobre et après une recommandation du comité d’éthique de Canal+, la direction générale du groupe audiovisuel a décidé d’enregistrer l’émission d’Eric Zemmour plutôt que de la diffuser en direct. Une mesure censée éviter de nouveaux débordements à l’antenne.