Il n’y a qu’une seule façon de savoir pour vrai si on a l’appui des membres d’un parti, de ses députés et des électeurs en général : c’est de se porter candidat. Et parfois, on a de bonnes surprises, comme celle que Pauline Marois a eu au cours des derniers jours, parfois on a de mauvaises surprises comme ce qui est arrivé à Gilles Duceppe.
En se retirant de la course avant même qu’elle n’ait commencé, le chef du Bloc québécois ne fait que constater l’appui bien réel dont jouissait Mme Marois autant au PQ que dans la population en général.
Le caucus des députés péquistes, en particulier, était carrément réfractaire à l’arrivée de M. Duceppe à Québec. On peut, peut-être, gagner une course au leadership sans avoir de larges appuis dans le caucus, mais c’est se préparer des lendemains difficiles. Pour un chef qui devra – gouvernement minoritaire oblige – se retrouver en campagne électorale rapidement, ce n’est pas la situation idéale.
D’autre part, il y a un véritable mouvement d’opinion au Parti québécois pour dire que c’est le temps d’une femme à la tête du parti et, éventuellement, du Québec. Appelons cela le syndrôme Ségolène Royal. Sauf que Mme Marois a énorme avantage que n’avait pas la candidate socialiste en France : l’expérience. Elle est la seule personne de toute l’histoire du Québec à avoir occupé les quatre principales fonctions ministérielles : Finances, Santé, Éducation et Conseil du Trésor. Il n’y aura jamais personne qui pourra dire qu’elle est là « juste parce que c’est une femme ».
Cela plaçait Gilles Duceppe dans une position délicate : il n’y a pas de réponse facile au sentiment que c’est le temps qu’une femme accède aux plus hautes fonctions. Surtout quand on est un politicien progressiste.
Enfin, il y avait un sentiment réel parmi les militants souverainistes à l’effet qu’il ne serait pas bon de dégarnir le front d’Ottawa pour aller aider le PQ. M. Duceppe jouit d’une réelle estime dans le mouvement souverainiste, mais comme chef du Bloc. Le premier choix de la majorité des militants souverainistes était d’avoir Pauline à Québec et Gilles à Ottawa et ils ne voulaient pas d’un choix qui aurait envoyé l’un des deux à la retraite.
Évidemment, il sera un peu étrange pour M. Duceppe d’aller dire à ses députés, demain, que finalement, il voudrait bien rester leur chef. Même si des ambitions légitimes seront froissées et que M. Duceppe ne fait, pas plus que tout autre chef, l’unanimité dans son caucus, il est plus que probable que ses députés se montreront heureux de sa décision.
Tout indique donc que le PQ va couronner Pauline Marois cet automne. Même s’il est toujours possible qu’un autre candidat se présente, l’élection de Mme Marois ne sera tout de même qu’une formalité. Cela change considérablement la donne politique au Québec.
Le sondage commandé par notre groupe de presse avant même que les candidats ne se soient officiellement annoncés a permis de découvrir deux choses importantes : soit que les Québécois n’avaient pas oublié Pauline Marois, mais qu’ils espéraient que le Parti québécois corrige l’erreur qu’il avait fait il y a 18 mois en ne la choisissant pas comme chef.
Évidemment, les sondages pris quand quelqu’un vient de présenter sa candidature sont à prendre avec un énorme grain de sel. C’est, en partie tout au moins, en les croyant que les péquistes ont élu André Boisclair.
Mais ils restent un indicateur intéressant. Ils montrent que ceux qui prédisaient la mort du PQ il y a quelques jours à peine sont allés beaucoup trop vite et que rien n’est acquis pour l’ADQ, dont les appuis semblent manquer de profondeur.
Surtout, ils montrent un scénario littéralement catastrophique pour le Parti libéral du Québec, ce qui laisse présager des mois très difficiles pour Jean Charest quand le congrès à la direction du PQ sera terminée.
On savait déjà que la politique québécoise serait passionnante au cours des prochains mois. Elle risque de l’être encore plus que tout le monde ne pouvait l’imaginer.
Le couronnement de Pauline
On savait déjà que la politique québécoise serait passionnante au cours des prochains mois. Elle risque de l’être encore plus que tout le monde ne pouvait l’imaginer.
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