Le chat devait sortir du sac

Briser le silence

Tribune libre

Comme on pouvait s’y attendre, l’annonce par Justin Trudeau de la suspension de deux des députés de son caucus pour « fautes personnelles » et harcèlement contre des députées néodémocrates est en train de tourner malheureusement en joute partisane de bas étage menée par Thomas Mulcair.

Pourtant, quand on analyse le déroulement de ces pitoyables événements, il m’apparaît que le chef libéral n’avait d’autre choix que de suspendre illico les présumés coupables des allégations qui pèsent contre eux. Quant à la présomption d’innocence, elle a toujours sa raison d’être tant et aussi longtemps que ces allégations ne seront pas confirmées par un tribunal.

À mon sens, le seul reproche que l’on pourrait adresser à Justin Trudeau est qu’il aurait dû aviser les parties concernées de ses intentions d’informer la population de sa décision. Pour le reste, le chat devait sortir du sac pour le plus grand bien de saines relations entre les hommes et les femmes au sein du Parlement, particulièrement en cette période où des femmes osent lever le voile sur les agressions dont elles ont été victimes.

Briser le silence

Dans la foulée du scandale entourant l’animateur Jian Ghomeshi, un simple clic sur #BeenRapedNeverReported a suscité la débâcle de la digue qui retenait prisonnières des millions de personnes, majoritairement des femmes, des agressions dont elles avaient été victimes.

Au Québec, s’inspirant de ce mouvement, la Fédération des femmes du Québec, sous l’impulsion de sa présidente, Alexa Conradi, a lancé sur Twitter #AgressionNonDénoncée, Mme Conradi y levant le voile sur l’agression sexuelle qu’elle avait vécue. Ce n’est ni par vengeance ni pour se donner en spectacle, mais plutôt parce qu’elle sentait que, comme présidente de la Fédération des femmes du Québec, elle pouvait contribuer à faire évoluer les mentalités. Elle pouvait ébranler les tabous en prenant la parole. Le courage de celles qui ont osé dénoncer lui a donné du courage. « Le poids de ce silence est lourd », ajoute-t-elle, tout en rappelant que 90 % des agressions sexuelles ne sont pas dénoncées. L’avalanche des messages a suivi.

Aujourd’hui, c’est le parlement fédéral qui est entaché par des allégations de harcèlement de la part de deux députés libéraux vis-à-vis deux députées néo-démocrates. Jusqu’où ira cette avalanche? Personne ne le sait. Toutefois, une chose est sûre. Plus les langues se délieront en défiant le silence dans lequel sont emprisonnées les histoires de viols, plus notre société ne s’en portera que mieux dans ses rapports entre les hommes et les femmes.

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Henri Marineau2101 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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