Le Canada a refusé d’être l’invité d’honneur de la Foire du livre de Francfort, le plus important rendez-vous du genre à travers la planète, privant ainsi les éditeurs et les auteurs canadiens d’une visibilité incomparable, déplore l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).
Les organisateurs de la Foire du livre de Francfort ont offert la possibilité au Canada d’être le pays mis à l’honneur lors de l’édition 2017 de l’événement. L’organisme Livres Canada Books a pris en charge le projet, en collaboration avec des organisations comme l’ANEL. L’an dernier, il est allé cogner à la porte de la ministre du Patrimoine canadien, Shelly Glover, à la recherche de financement.
Ottawa a finalement refusé l’invitation de la Foire de Francfort, sous prétexte que les sommes impliquées étaient trop importantes. Le gouvernement aurait dû débourser près de cinq millions de dollars pour financer la présence de la délégation canadienne. Ce sera finalement la France qui jouera le rôle d’invitée d’honneur dans deux ans.
Jeux olympiques du livre
La Foire du livre de Francfort est reconnue comme un important espace de réseautage pour les éditeurs qui souhaitent négocier des droits d’auteur ou des traductions de livres.
Le directeur général de l’ANEL, Richard Prieur, explique que le milieu québécois du livre a été « très déçu » par le refus d’Ottawa. « Être invité à la Foire du livre de Francfort, c’est comme les Jeux olympiques », illustre-t-il. Pour le pays à l’honneur, cette foire annuelle représente une occasion unique de mettre en valeur l’ensemble de sa culture, ajoute-t-il.
La ministre québécoise de la Culture, Hélène David, ne s’en fait pas outre mesure. Son attaché de presse, Philip Proulx, explique qu’une délégation du Québec, financée à hauteur de 140 000 $ par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), sera présente à Francfort, comme chaque année.
« Le Québec va être là, mais quand vous n’êtes pas à l’honneur, vous n’avez pas la possibilité de rayonner autant. Vous occupez un kiosque qui est beaucoup plus modeste », rétorque M. Prieur.
Le président de l’Académie des lettres du Québec, Émile Martel, reconnaît le prestige de la Foire de Francfort, mais il ne croit pas que la décision d’Ottawa soit lourde de conséquences. Celui qui a oeuvré pendant 12 ans aux services culturels de l’ambassade du Canada à Paris décrit l’événement comme un « formidable buffet » aux « retombées relatives ».
Il juge que le Québec possède un carnet de contacts déjà bien garni. Mais surtout, il se demande comment le Canada, en tant qu’invité d’honneur, aurait pu conjuguer les intérêts des éditeurs québécois, francophones hors Québec et anglophones lors de l’événement. « C’est un panier de crabes », dit-il.
Le ministère du Patrimoine canadien n’a pas été en mesure de répondre à nos questions mardi.
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