Hydro-Québec a annoncé mardi une réorganisation des activités de son institut de recherche pour prioriser les innovations « les plus profitables ». Cette refonte, qui entraînera quatre mises à pied et la réaffectation de cinquante employés, illustre le manque de vision de la direction, dénonce le syndicat des chercheurs et des ingénieurs de l’institut.
L’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ) subira une transformation au cours des prochains mois pour « concentrer ses efforts vers les domaines d’avenir ». En entrevue au Devoir, le président d’Hydro-Québec Innovation, équipement et services partagés, Réal Laporte, explique que les changements à venir sont nécessaires pour permettre à la société d’État de réagir rapidement aux transformations qui surviennent à travers la planète dans le domaine de l’énergie.
« On se doit de rester à l’affût pour voir les impacts que ça peut avoir, mais aussi les occasions que ça amène pour Hydro-Québec », dit-il.
Recherche appliquée
L’IREQ s’intéressera par exemple à la décentralisation de la production d’énergie, une tendance émergente qui permet notamment à des utilisateurs de s’alimenter en électricité grâce à leur panneau solaire personnel. Cette pratique n’est pas répandue au Québec en raison du faible coût de l’hydroélectricité, mais elle aurait l’avantage de désengorger le réseau en période de pointe, souligne M. Laporte.
En contrepartie, Hydro-Québec mettra fin à la recherche sur certains matériaux pouvant être utilisés dans la construction de lignes de transport et ne fera plus d’« essais normalisés », qui permettent de valider le fonctionnement des composantes du réseau.
Les détails de la réorganisation n’ont pas tous été dévoilés, mais l’intention de la société d’État est de prioriser la recherche appliquée en délaissant certains projets de recherche fondamentale.
Le président d’Hydro-Québec Innovation indique que les quatre personnes mises à pied sont des employés temporaires, et que cinquante travailleurs seront affectés à des projets jugés plus « porteurs ». Le budget de l’IREQ, qui est bon an mal an de 130 millions de dollars, demeurera le même, assure-t-il.
Du jamais vu
Le Syndicat professionnel des scientifiques de l’IREQ, qui a pris connaissance mardi de la réorganisation à venir, se demande dans quelle direction se dirige l’institut. « Il y a plusieurs projets qui vont disparaître, mais on ne sait pas encore lesquels. Il y a un manque total de vision à l’IREQ », déplore son président, Michel Trudeau, qui constate que l’atmosphère de travail se détériore depuis un an et demi.
« Il n’y a pas de discussion entre la haute direction et les chercheurs. Ça n’a jamais été comme ça, poursuit-il. Même les gestionnaires de premier niveau ne savent pas ce qui se passe. Ça fait 30 ans que je suis à l’IREQ et je n’ai jamais vu ça. »
Le budget annuel de l’IREQ, qui est demeuré le même depuis plusieurs années, représente une part de plus en plus mince du budget total d’Hydro-Québec, fait remarquer M. Trudeau. « Je ne sais si Éric Martel [le p.-d.g. d’Hydro-Québec] comprend vraiment l’importance de la recherche », soupire-t-il.
Objectif 2030
Les travaux de l’IREQ retiennent particulièrement l’attention depuis que M. Martel a annoncé qu’il voulait miser sur la commercialisation d’innovations pour doubler les revenus d’Hydro-Québec d’ici 2030.
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