Au moment où le Canada s’engage dans la légalisation et la commercialisation de la marijuana, au moment aussi où le commun des mortels avoue de plus en plus ouvertement ses inquiétudes devant cette mesure qui représentera le principal héritage politique de Justin Trudeau, la Commission de la santé publique de Toronto en appelle à la légalisation de toutes les drogues pour consommation personnelle.
L’argument avancé, presque caricatural est le suivant : la répression ne fonctionne pas, et mieux vaut traiter la question de la consommation des drogues comme un problème de santé publique que comme un problème criminel.
Concrètement, la ville de Toronto veut convertir le Canada à un nouveau modèle de société.
Marijuana
Résumons la chose autrement : on a donné un pouce aux partisans de la légalisation des drogues, maintenant, ils veulent un pied. On présentait la légalisation de la marijuana comme un compromis acceptable : voici une drogue déjà omniprésente dans la vie quotidienne et dont la consommation est banalisée dans presque toutes les générations. En gros, la légalisation de la marijuana était une réformette.
On comprend maintenant qu’il ne s’agissait que d’une première étape dans l’agenda des partisans d’une légalisation intégrale des drogues.
Il faut dire que c’est souvent, et peut-être même toujours comme ça, avec nos progressistes : ils font semblant d’être modérés, puis finissent par nous avouer qu’ils veulent transformer radicalement la société.
Car il s’agirait bien d’une révolution culturelle. S’il est à peu près vrai que le « pot » est intégré dans les mœurs, même si cela se fait en relativisant partiellement ses effets plus que toxiques sur le cerveau, on ne saurait en dire autant de la cocaïne, de l’héroïne et des autres cochonneries que la bête humaine a inventé pour se dérégler l’esprit. L’esprit public, avec raison, associe des drogues à une forme de déchéance morale, physique et sociale. Qui s’y aventure a de grandes chances de s’y perdre et d’y gâcher non seulement sa santé, mais sa vie. C’est pour cela que nos sociétés entourent encore leur consommation d’un tabou très fort.
Mais l’idéologie dominante déteste les tabous et les interdits à l’ancienne : elle voudrait les détruire pour que triomphe absolument le culte des désirs individuels, auxquels rien ne devrait s’opposer.
Certes, il existe toujours des interdits, mais ce sont ceux qui rappellent les cadres mentaux du monde d’hier.
Tabous
Ainsi, il est interdit de supposer qu’un homme est un homme et une femme est une femme : on sera accusé de transphobie. Il est interdit de rappeler que l’islam n’est pas une religion occidentale et qu’il doit emprunter nos codes culturels pour se faire accepter : on sera accusé d’islamophobie. Il est interdit de rappeler que la consommation massive de drogues par la jeune génération serait le signe d’un dérèglement social et profond et d’une faille psychique de nos sociétés : on se fera accuser d’être réactionnaire.
Et ainsi de suite.
Mais aussi bien laisser braire nos adversaires et rappeler cette évidence : le Canada n’a pas à devenir le paradis des drogués.