La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et trois grands syndicats du milieu journalistique dénoncent le fait que les services frontaliers canadiens ont empêché un journaliste d'entrer au pays pour couvrir le projet controversé Trans Mountain.
La FIJ
et les syndicats accusent le Canada d’utiliser la pandémie comme prétexte pour restreindre la liberté de presse.Kristian Lindhardt, journaliste à la radio publique danoise DR P1 et documentariste, avait déjà travaillé au Canada pendant quatre mois avant la pandémie, pour documenter l’expansion du pipeline Trans Mountain et son effet sur les populations autochtones.
Il avait l’intention d’y revenir vendredi pour continuer sa couverture. Il s’est donc présenté aux agents frontaliers avec un plan pour se mettre en quarantaine pendant 14 jours, sa carte de presse et une lettre de son employeur.
Après l’avoir interrogé pendant six heures, les agents ont refusé l’entrée au pays à M. Lindhardt. Ce dernier affirme que la seule explication qu’il a reçue est que les médias ne sont pas un service essentiel.
La pandémie de COVID-19 ne doit pas être utilisée comme une excuse pour empêcher certaines couvertures médiatiques et nuire à la liberté de presse.
Le secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes, Anthony Bellanger, souligne que les autorités canadiennes n’ont pas fourni d’explications satisfaisantes pour l'expulsion refus de Kristian Lindhardt.
Nous exhortons le gouvernement à clarifier la situation et à garantir la liberté de presse ainsi que le droit d’accès des journalistes étrangers
, a-t-il déclaré dans un communiqué publié mardi.
La FIJCommunications Workers of America, se sont joints à elle pour dénoncer l’expulsion de M. Lindhardt.
représente plus de 600 000 professionnels des médias dans 140 pays. Le syndicat des journalistes danois, ainsi que deux syndicats représentant des journalistes au Canada, Unifor etService essentiel?
L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC
) a refusé de commenter le cas de Kristian Lindhardt.Elle a cependant expliqué qu’un reporter étranger doit démontrer qu’il lui est indispensable d’être physiquement au Canada
pour une activité journalistique afin d’être accepté au pays.
Mardi, l’ASFC
a ajouté que, pour qu’un ressortissant étranger soit admis au Canada, il ne doit pas avoir de symptômes de la COVID-19, son voyage ne doit pas être considéré comme discrétionnaire et il doit faire partie des 23 exemptions à l’ordre interdisant temporairement l’entrée des ressortissants étrangers au pays.Être une personne qui fournira un service essentiel durant son séjour au Canada
est l'une de ces 23 exemptions.
Les journalistes et les autres travailleurs qui soutiennent les médias sont reconnus comme des fournisseurs de services essentiels par Sécurité publique Canada, ainsi que par l’administration provinciale en Colombie-Britannique, où se rendait M. Lindhardt.
Dans une entrevue accordée à CBC, Kristian Lindhardt a dit que les agents frontaliers lui avaient répété plusieurs fois que les médias n’étaient pas un service essentiel et que leurs questions portaient surtout sur l’objet de ses reportages.
C’est encore plus troublant parce que la COVID-19 est maintenant utilisée par plusieurs régimes comme façon de plus de réduire la liberté de presse. Le Canada devrait donner un exemple à suivre dans le monde
, affirme le président de Communication Workers of America, Martin O’Hanlon.
Ce dernier demande à l’ASFC d’annuler sa décision dans le cas de Kristian Lindhardt.
Avec des informations de Sarah Rieger