QUÉBEC 2014

«La souveraineté? Bof...»

Comment les jeunes sont-ils passés de passionnément à...un peu et pas du tout

147c11e4b7e28f37a5f3b78112b6ea82

{{Souveraineté: Les jeunes sont moins informés}}

En l’espace de vingt ans, l’appui des jeunes à la souveraineté est passé d’environ 60 % à 40 %. Sont-ils pour autant contre l’indépendance? Non... mais ils s’en fichent un peu, nuance un expert.
Pour ou contre un référendum sur la souveraineté du Québec? Laurence Robert hausse les épaules.
«Ça ne vient pas me chercher. On n’en parle pas assez entre nous, et je ne me considère pas comme assez bien informée pour me prononcer», répond l’étudiante en médecine de 24 ans.
Ni pour, ni contre la souveraineté. Les jeunes ne déchirent plus leur chemise à propos de la question nationale comme ont pu le faire leurs aînés à leur âge.
En 1995, la souveraineté était appuyée par 63 % de la population âgée entre 18 et 34 ans. Depuis 2010, cette tranche d’âge de ne se distingue plus du reste de la population. L’appui à la souveraineté est stable autour de 40 %, peu importe le groupe d’âge et il grimpe à 42 % chez les jeunes francophones. La clientèle souverainiste ne se renouvelle donc pas, tranche la sociologue Claire Durand.
«Avec la crise étudiante de 2012, on a vu que les jeunes sont capables de se mobiliser autour d’un projet rassembleur, mais ce grand projet n’est plus la souveraineté», constate-t-elle.
Pas une priorité
Doit-on conclure que les 18-34 ans ont tourné le dos à l’idée que le Québec devienne un pays? Le politologue François Gélineau est persuadé du contraire.
«Les jeunes sont peu intéressés par l’enjeu de la souveraineté, mais ça ne veut pas dire qu’ils sont contre, c’est simplement que pour eux, ce n’est pas une priorité», explique le spécialiste en études électorales de l’Université Laval.
Le chercheur appuie ses observations sur la Boussole électorale, un outil hébergé sur le site de Radio-Canada qu’il a élaboré avec un comité scientifique et auquel 471 000 personnes ont répondu lors de la dernière campagne électorale.
Selon cette boussole, près de la moitié des Québécois âgés de 18 à 34 ans sont fortement ou plutôt en désaccord avec la souveraineté.
Contrairement aux générations passées qui se sont fait expliquer le projet souverainiste par René Lévesque et Jacques Parizeau, la jeune génération actuelle n’a pas l’habitude d’entendre parler de souveraineté, croit la sociologue Madeleine Gauthier.
«Le PQ lui-même ne sait plus comment parler de cette question. Pour que ça soit stimulant pour les jeunes, il leur faut un grand projet qui les touche», explique celle qui enseigne la sociologie de la jeunesse à l’INRS.
L’absence de discours souverainiste a entraîné une pauvreté de l’argumentaire, plaide-t-elle. Dans une enquête qu’elle a menée auprès de jeunes militants, l’un d’eux résume la position des moins de 35 ans.
«On a de la difficulté à parler de la question nationale, on ne sait pas comment.»


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé