La SGF tourne

Cinéma québécois : crise de financement


La Société générale de financement (SGF) en a surpris plus d'un en annonçant la semaine dernière un investissement de 140 millions dans le tournage - au Québec - de 16 téléséries et longs métrages du producteur indépendant réputé Lionsgate.



Ceux qui s'étaient réjouis du virage prudence pris sous la direction de Pierre Shedleur sont étonnés que la Société mette le pied hors des six secteurs ciblés il y a deux ans pour le plonger dans un domaine aussi risqué que complexe. D'autant que les six secteurs en question avaient été retenus en raison de l'expertise particulière des gens de la SGF, qui jusqu'à preuve du contraire ne connaissent rien au cinéma. Personne n'a oublié que la Caisse de dépôt, dans son dérapage du début du millénaire, avait investi 300 millions à Hollywood, magot dont il n'est à peu près rien resté. Enfin, on se demande si une société d'État dont le mandat est de stimuler le développement économique du Québec n'aurait pas pu choisir un autre champ d'action que le showbiz américain.
À tout cela, la SGF répond que le tournage de films étrangers au Québec garantit du travail à des centaines de techniciens, caméramen, éclairagistes, etc. dont l'expertise est reconnue. Or, ce secteur est menacé par la concurrence de plus en plus vive d'autres villes. Lionsgate s'est engagée à tourner ici huit séries et huit films en quatre ans, ce qui devrait créer quelque 1400 emplois par année.
La Société affirme qu'elle a examiné cet investissement en employant les mêmes critères que pour tout autre. Elle a confiance d'en tirer un rendement de 10%. Les responsables du projet jurent qu'ils n'ont pas été influencés par le côté jet set d'Hollywood!
Tout indique qu'en effet, la SGF a fait une analyse consciencieuse du projet. Parmi plusieurs offres reçues, elle a choisi celle d'un producteur reconnu pour sa compétence et son sérieux. Elle a pris des moyens pour diminuer les risques, notamment en partageant son investissement entre le film et la télévision, cette dernière offrant des revenus plus prévisibles.
Dans le milieu du cinéma, les réactions à la décision de la SGF sont partagées. Si ceux qui travaillent grâce aux tournages étrangers sont enchantés, des artisans croient que la société d'État aurait dû utiliser ce levier de 140 millions pour convaincre Lionsgate de confier un ou deux films à des équipes entièrement québécoises - réalisateur, auteurs... La SGF n'y a pas songé. Ses dirigeants soulignent que les productions québécoises ne sont pas rentables. Ils ajoutent que plus Lionsgate tournera ici, mieux elle connaîtra les talents créatifs québécois. Déjà, dans le cadre de cette entente, trois épisodes de la série The Dead Zone ont été confiés au réalisateur Érik Canuel (Bon Cop, Bad Cop).
On peut donc croire qu'au moins une partie de l'industrie québécoise du cinéma sortira gagnante de cet investissement. La SGF? Elle court un gros risque. Financier, bien sûr. Mais c'est aussi la réputation de la société, fragilisée sous la direction précédente, qui en jeu. Cet investissement sera, de par sa nature, sous les projecteurs plus que les autres. Un échec amplifierait le doute populaire quant au jugement des gestionnaires des fonds publics québécois.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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