La session test

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Une analyse très fédéraliste

Ce devait être le printemps, puis l’automne, mais la saison « chaude » pour le gouvernement Couillard n’est jamais venue. Les conséquences de l’austérité ont beau se faire sentir de plus en plus concrètement, les sondages laissent présager un hiver tout aussi clément, comme si le courant El Niño influençait aussi l’opinion publique.

Les dossiers controversés ne manquent pas : vente de Rona, Uber, registre des armes à feu, exploitation des hydrocarbures, prostitution juvénile, réforme de la gouvernance scolaire, politique d’immigration… Le tout sur fond de croissance économique poussive, apparemment imperméable à l’effet magique que devait avoir le retour au pouvoir des libéraux.

C’est pourtant moins le premier ministre que le chef de l’opposition officielle qui se retrouve sur la sellette à l’aube de la session parlementaire qui reprend à Québec. Les récents sondages de CROP et de Léger Marketing font le même constat : la perte de confiance envers Pierre Karl Péladeau plombe les intentions de vote du PQ.

Au-delà des partis et des programmes, la question que se posent ultimement les électeurs quand ils se retrouvent dans l’isoloir est la suivante : quelle est la personne la plus apte à gouverner ? L’insatisfaction à l’endroit du gouvernement a beau être en hausse, la cote de popularité de M. Péladeau ne cesse de baisser. Lors de son élection à la direction, en mai 2015, 30 % des personnes interrogées par Léger Marketing voyaient en lui le meilleur premier ministre potentiel ; elles ne sont plus que 17 %.

À la fin de novembre, le chef du PQ avait reconnu avoir encore « des croûtes à manger », mais les bourdes à répétition des dernières semaines ne donnent pas l’impression d’un grand progrès dans son apprentissage de la politique. Il reste encore deux ans et demi avant les prochaines élections, mais il ne faudrait pas laisser s’incruster dans les esprits l’impression qu’il n’est pas fait pour ce métier. À cet égard, les prochains mois auront valeur de test.

Son aura d’homme d’affaires milliardaire avait convaincu de nombreux péquistes qu’il saurait vaincre les préjugés qui font du PLQ le champion de l’économie dans l’esprit de plusieurs, mais cela ne suffit manifestement pas. Même si cela ne se traduit pas dans les intentions de vote de la CAQ, les interventions moins intempestives de François Legault sont généralement plus convaincantes.

Dans l’immédiat, c’est cependant moins l’ensemble de la population que les péquistes qu’il devient urgent de rassurer. Seulement 68 % d’entre eux croient que leur chef ferait le meilleur premier ministre, alors que Philippe Couillard et François Legault ont la confiance de 74 % et 75 % de leurs partisans respectifs, selon le dernier sondage Léger Marketing–Le Devoir. Dans ses prises de position, le PQ devrait garder à l’esprit que 13 % de ses électeurs voient Françoise David comme la meilleure première ministre, alors que seulement 4 % préfèrent M. Legault.

La performance de M. Péladeau au conseil national de novembre, alors qu’il avait malencontreusement évoqué la possibilité d’une partition du territoire québécois, avait semé un doute sur son jugement politique, mais il était également resté très vague sur son « plan » pour faire du Québec un pays, qui tarde à se concrétiser. Jusqu’à présent, son élection à la tête du PQ n’a eu aucun effet positif sur le vote référendaire.

Le conseil national se réunira à nouveau durant la dernière semaine de février. M. Péladeau aurait intérêt à ne pas se présenter les mains vides devant les militants. De la désillusion à la rébellion, il n’y a qu’un pas. Il faudrait officialiser au plus vite la création du nouvel institut de recherche sur la souveraineté. La difficulté que cela semble poser n’est pas très rassurante pour la suite des choses.

De tous les chefs du PQ, M. Péladeau est sans aucun doute celui qui s’est montré le plus ouvert à une « convergence » des différents partis souverainistes, mais il constitue aussi un des principaux obstacles. Le dernier sondage Léger Marketing–Le Devoir fait éloquemment écho aux réserves de Françoise David : 0 % des électeurs de Québec solidaire voient en lui le meilleur premier ministre.
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