Il était inévitable que le gouvernement Couillard demande aux employés de l'État de se serrer la ceinture. La rémunération des employés du secteur public et parapublic équivaut à 59,1% de ses dépenses de programme.
On ne voit pas comment le Québec pourrait éliminer son déficit sans toucher à un poste qui représente 60% de ses dépenses. Mais cela dépasse largement la question du déficit et du rythme de son élimination. Il sera également impossible pour un gouvernement de maintenir l'augmentation de ses dépenses à un rythme acceptable, par exemple, celui de la croissance de l'économie, s'il ne peut pas contrôler la croissance de sa masse salariale.
C'est ce qui explique le caractère plus qu'austère des offres que le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, a faites aux syndicats de la fonction publique. Une convention collective de cinq ans avec un gel des salaires pour les deux premières années et des hausses de 1% pour les trois suivantes, ainsi que des modifications aux régimes de retraite pour restreindre les prises de retraite anticipées.
Il faut être conscients du fait que le gouvernement Couillard demande à ses employés d'importants sacrifices. Ces employés ne sont pas des «gras dur» qui ont abusé du système. Ils ne sont pas responsables de la situation financière de l'État. Il faut plutôt les voir comme des victimes de la conjoncture économique et budgétaire. Le gouvernement n'a pas le choix de leur demander de se serrer la ceinture, mais il doit le faire avec respect.
Les offres gouvernementales soulèvent d'abord un problème d'équité. Depuis des décennies maintenant, la politique salariale du gouvernement du Québec repose sur une philosophie voulant que la rémunération des employés de l'État se rapproche de celle des travailleurs du secteur privé pour éviter que les fonctionnaires soient une caste de privilégiés. Le Québec s'est même doté d'outils statistiques complexes pour s'en assurer.
Cet effort d'appariement des rémunérations du public et du privé est fait. On est même rendus à la situation inverse. Les données de l'Institut de la statistique du Québec pour 2014 montrent que si la rémunération globale - salaires et avantages sociaux - des employés de l'État est équivalente à celles des employés du secteur privé, elle est nettement inférieure à celle des employés syndiqués du secteur privé, qui constituent une base de comparaison plus valide. L'écart avec ces syndiqués du privé atteint 20,7%. Les employés de l'administration québécoise sont également 38,6% derrière ceux de l'administration municipale, 21% derrière ceux de l'administration fédérale.
Ces données montrent clairement que le secteur public québécois mériterait plutôt un rattrapage. C'est d'ailleurs pour cela que les organisations syndicales réclament des hausses de 13,5% sur trois ans, une demande logique sur papier, mais assez démente dans le contexte budgétaire actuel. Mais on doit se souvenir que le gel demandé par l'État constitue un changement des règles du jeu.
Au-delà de l'équité, le fait de comprimer la rémunération des employés de l'État n'est pas une stratégie gagnante parce que cela ne peut pas ne pas avoir d'effets sur le recrutement, sur la rétention des employés, sur leur motivation, ce qui va finir par affecter la qualité des services offerts dans l'enseignement, la santé et la fonction publique.
C'est pourquoi le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a tout à fait raison de dire que la meilleure façon de réduire la masse salariale de l'État n'est pas de mal payer les employés, mais plutôt de réduire leur nombre. Mais une réduction des effectifs n'est pas une mince tâche. On peut sans doute éliminer quelques structures inutiles, mais il sera difficile de vraiment réduire le nombre d'employés de l'État sans repenser le rôle de celui-ci et ses façons de faire.
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