Les commentateurs politiques associent toujours le populisme à la droite.
Ce sont les politiciens de droite qui flattent le peuple dans le sens du poil, qui lui disent ce qu’il veut entendre et qui proposent des solutions simplistes à des problèmes complexes.
LES NOUVEAUX CRÉDITISTES
Eh bien, au Québec, le populisme campe à gauche.
Je dirais même : à l’extrême gauche.
Quand je regarde Manon Massé, j’ai l’impression de voir la réincarnation de Réal Caouette, l’ancien chef du mouvement créditiste.
Même défense du « monde ordinaire », même méfiance envers les élites et l’establishment, même discours démagogique, même critique virulente du capitalisme, même haine des banques...
Un politicien de droite parlerait de cette façon qu’il serait cloué au pilori.
Mais quand ce discours complaisant vient de la gauche, on trouve ça « rafraîchissant » et « authentique ».
Pourquoi ?
Réal Caouette voulait lutter contre les inégalités sociales en imprimant de l’argent.
Manon Massé, elle, veut lutter contre les inégalités en « faisant payer les riches » et en nationalisant les principaux secteurs de l’économie.
Même recours à la pensée magique. Un coup de baguette, et tout le monde se trouvera sur le même pied d’égalité.
MANON EST FULL COOL
Et que dire du niveau de langage ?
Gilles Duceppe a tout à fait raison : Manon Massé maîtrise aussi mal le français que l’anglais.
Il fallait l’entendre au Face à Face : « J’appuie le français, qu’on se le dise une bonne fois pour tout ! »
Euh... « Pour toutes », peut-être ?
C’est à se demander si la « chef » de Québec solidaire ne le fait pas exprès pour paraître « proche du peuple ».
Après tout, nous sommes au Québec. Les gens qui parlent un français trop châtié passent pour des snobs ou des « maudits Français ».
Jean Chrétien l’avait compris. Dans la vie, il parle un français impeccable, dit-on. Mais lorsqu’il s’adressait aux électeurs, il baissait son niveau de langage de deux crans, afin de passer pour un « gars ben ordinaire ».
Pas étonnant que les jeunes adorent le style de madame Massé.
C’est full cool, chill et relax.
Avec Manon, on se casse pas le pompon.
Et tout le monde peut comprendre ce qu’elle dit. Elle est à la politique ce que Guillaume Musso et Marc Levy sont à la littérature.
On la regarde et on se dit : « Wow, si cette femme peut aller en politique, moi aussi, je peux ! »
EUX ET NOUS
Dans son essai Pour un populisme de gauche, la philosophe française Chantal Mouffe affirme que si la gauche traîne de la patte depuis quelques années, c’est parce qu’elle est trop déconnectée du peuple. Si elle veut survivre, elle doit réapprendre à parler de nouveau au « vrai monde » en adoptant un ton populiste.
Ce qui veut dire : désigner un ennemi à abattre facilement identifiable (les riches). Nourrir la colère des victimes du néolibéralisme et des exclus de la mondialisation.
Ne pas faire dans la dentelle. Et diviser le monde en deux clans opposés : « eux » (l’establishment) et « nous » (le peuple).
C’est la recette qu’applique Québec solidaire.
Le populisme dans toute sa splendeur.