Après les enquêtes IFOP pour le JDD, qui avaient montré une chute de 24 points de la popularité de M. Macron durant les deux mois d’été, un sondage YouGov France pour Le HuffPost et CNews, publié lundi, confirme cette baisse : seuls 30 % (-6) des Français sont satisfaits de son action. Et la tendance est identique pour le Premier ministre. Dans ces conditions, les interrogations des éditorialistes vont bon train sur leur capacité à mener des réformes importantes et sur la réalité de leur socle politique.
Mais – une fois n’est pas coutume – il faudrait donner raison à Alain Duhamel contre Éric Zemmour, quand il reconnaît sur RTL que le Président « a perdu durablement la bataille de l’opinion, mais pas la bataille politique ». En effet, ce reflux général de popularité masque des détails qui montrent qu’au contraire, il est en train de la gagner !
De fait, cet effondrement n’est que le retour normal, après une élection à 66 % contre Marine Le Pen, à l’étiage de son socle du premier tour. Atterrissage. Et c’est à ce niveau qu’il faut regarder comment se comportent les électeurs centristes « et de droite et de gauche » qui sont ses meilleurs soutiens. Et là, surprise : pas d’effondrement, mais une consolidation, voire une hausse. Certes, M. Macron perd 8 points chez les sympathisants PS et EELV, mais il y est tout de même populaire à 39 %. Chez les sympathisants du centre, il peut encore compter 75 % d’opinions favorables mais – et c’est là le plus intéressant – il connaît un regain de popularité auprès des sympathisants Les Républicains (45 %, +6 points). On observe à peu près les mêmes chiffres pour M. Philippe. Chez les sympathisants LR, il ne perd qu’un point, avec 46 % d’opinions favorables, ce qui est considérable. Chez les centristes, il remonte même de 7 points, à 84 %. Et chez les sympathisants PS et Verts, il gagne 2 points à 43 %.
Le pari initial d’Emmanuel Macron d’occuper tout le centre politique est gagné, avec une symétrie quasi parfaite, et le duo qu’il forme avec M. Philippe leur permet de tenir cet équilibre et de solidifier un socle central que l’on aurait pu croire fragile. Les secousses de l’été n’ont pas eu d’impact véritable sur cette base acquise au macronisme. Et c’est logique car, pour une fois, et quoi qu’on en pense par ailleurs, ce Président fait, une fois élu, la politique de sa base électorale et ne la trahit pas. Contrairement à Chirac, à Sarkozy et à Hollande. Macron et son électorat ont une qualité : la cohérence.
Alors, l’effondrement ? Il se produit évidemment aux deux extrêmes : 12 % à l’extrême gauche et 9 % à l’extrême droite (-5 points). Mais rien d’étonnant ni d’inquiétant pour M. Macron. Au contraire.
On peut même aller jusqu’à avancer que son impopularité aux deux extrêmes est son meilleur allié. Car le spectre d’un mélenchonisme et d’un Front national durablement élevés, chacun autour des 20 %, solidifiera automatiquement sa base et empêchera de facto toute autre majorité. Avec les divisions de LR et l’échec du rêve philippotiste de réunir les deux extrêmes, ce quadripartisme qui a assuré son élection au printemps 2017 risque de perdurer et de lui ouvrir un avenir politique bien plus souriant que ce que disent les sondages du moment.
Quant à sa phrase du Louvre, dont l’importance avait été soulignée par un contributeur de Boulevard Voltaire, (« Je ferai tout, durant les cinq années qui viennent, pour qu’ils n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes »), il faut en faire une lecture mitterrandienne. M. Macron, pour gagner sa bataille politique, fait et fera évidemment tout pour que mélenchonnistes et frontistes aient toujours de bonnes raisons de le rester. Quatre mois après, le pari est déjà gagné.
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