« La politique a sa source dans la perversité bien plus que dans la grandeur de l’esprit humain. » Bien que datant du 18e siècle, cette citation de Voltaire semble plus à propos que jamais.
Ce n’est pas la valse des milliards occasionnée par l’avalanche de promesses absurdes qui déconcerte. Acheter des votes avec l’argent des contribuables est maintenant une perversion courante. Dépenser d’abord et penser plus tard, vendre du rêve pour dérober le pouvoir, tel est le mode opératoire de la politique, tous partis et toutes époques confondus.
Rhétorique
En revanche, le raz-de-marée de demi-vérités, de calomnies, d’hypocrisie et de mensonges est un phénomène pestilentiel qui prend une ampleur démesurée. Les candidats n’ont plus aucun scrupule à vomir leur fiel sur leurs adversaires. La rhétorique prime sur la vérité. Le mensonge en politique est devenu la politique du mensonge.
L’Oscar du mensonge revient toutefois au Parti libéral. Dans une publicité visant à célébrer son bilan économique, la quasi-totalité des séquences vidéo a été tournée dans une douzaine de pays, et non au Québec. Rien n’est authentique. C’est le règne de l’artifice et de la contrefaçon. Le Parti libéral n’a pas simplement enjolivé une réalité, il a sciemment renvoyé aux Québécois des images empruntées à d’autres peuples. Par son geste, il a non seulement insulté ses électeurs, il a malgré lui fait l’aveu de son échec économique.
Tragédie
Le mensonge a atteint son paroxysme. C’est tragique ! Mais la véritable catastrophe, c’est l’acceptation sociale du mensonge. Quand le leurre est institutionnalisé et que la tromperie ne fait plus scandale, quelle société construisons-nous ?
Pourtant, l’éthique est aujourd’hui à l’avant-scène. Elle est exigée des travailleurs, des entreprises, des financiers, des chercheurs. L’État québécois a même instauré l’éthique au programme du secondaire. Personne n’y échappe. Personne, sauf la classe politique. Pourquoi sommes-nous donc si complaisants à son égard ?