La patience à un milliard

Après des fiascos comme Phénix, à quand la révolte des contribuables?

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Un fiasco de 1 milliard $, et le fédéral verse des bonis aux cadres responsables de la gestion du programme

Un syndicat de fonctionnaires fédéraux réclame maintenant l’abandon du système Phénix. La cerise sur le sundae. Ils jugent le système irréparable !


Le logiciel dont la facture devait s’élever à 300 millions $ pourrait maintenant engendrer des factures trois fois supérieures... pour le rafistoler. En fait, la ministre Qualtrough ne se risque même plus à une véritable estimation. Elle se contente de dire qu’elle espère que la facture de la réparation ne « dépassera pas le milliard $ ».


Le contribuable canadien est très patient. Dimanche dernier à Montréal, une manifestation s’est tenue avec tous les habitués. Une manifestation contre tout : le racisme, la « haine », la loi 62, le capitalisme. Le spécialiste des manifestations s’invente des causes au besoin. Mais le contribuable prend son mal en patience.


À quand une manifestation monstre des contribuables ? À quand une protestation si bruyante que les gaspilleurs auront peur pendant des lustres ? Franchement, apprendre que la correction du système de paye Phénix coûtera un milliard $ supplémentaire devrait suffire à provoquer une révolte.


Bonis bien versés


Vous rappelez-vous que les fonctionnaires chargés de l’implantation du système ont reçu leur boni l’année du fiasco ? Oui, oui, les quelque 340 fonctionnaires chargés de superviser l’opération Phénix au ministère des Services publics et Approvisionnement Canada se sont partagé 5 millions $.


Personne n’est responsable des résultats. Personne n’est congédié. Aucun haut fonctionnaire n’est rétrogradé de cinq étages pour punir son incompétence. Aucun cadre ne voit sa paye descendre comme punition. Au contraire, tout le monde chante « Tout va très bien madame la marquise » en se partageant de gros bonis. Des bonis à la performance, je suppose.


Et pour l’année en cours, avec autant de problèmes et un milliard $ de plus à gérer, on peut s’attendre à ce que les bonis soient encore plus généreux !


Personne ne répond sur la place publique d’un fiasco historique. Seuls les ministres répondent aux questions. Mais comme ils changent assez souvent, celui qui est en train de vous répondre peut toujours dire qu’il n’est pas responsable de l’étape précédente.


Gâchis complet


Il faut dire que Phénix aura été un flop honteux à tous points de vue. Avant même de constater le gouffre pour les contribuables, les ratés pour verser les payes aux employés furent gênants. Des employés de l’État qui ne reçoivent pas leur paye. D’autres qui n’ont pas le bon montant. D’autres qui en reçoivent trop et à qui on demande un beau jour de rembourser.


Un pays du G7 qui n’arrive plus à verser la paye à ses propres employés. Un gouvernement empêtré dans une opération, la paye, qu’il contribue lui-même à compliquer avec toutes ses retenues. Et si une entreprise gaffait de la sorte et ne versait pas ses payes... alors elle aurait les organismes du gouvernement aux fesses.


Au fait, rendus à un milliard $, on approche du point de rupture où il sera plus économique d’embaucher du personnel pour faire toutes les damnées payes à la main !