Depuis quelques semaines, lorsque je consulte mon babillard Facebook, j’ai l’impression d’assister à une bataille rangée entre ceux qui aiment le nouveau Star Wars et ceux qui s’en désolent ou l’exècrent.
Chose certaine, on avait des attentes immenses envers lui, comme si Star Wars était plus qu’un film, mais une légende dans laquelle nous souhaitons nous projeter et qu’on présente comme un conte philosophique. Star Wars n’est pas qu’un événement cinématographique, mais culturel.
Héroïsme
Il vaut la peine de décrypter le phénomène Star Wars, car il répond manifestement à des besoins qui vont au-delà du simple divertissement.
Nous vivons dans un monde aride, froid, gestionnaire, technocratique et chaotique qui manque terriblement de poésie. C’est un monde désenchanté.
Nous n’avons plus devant nous de grands affrontements entre des visions du monde. Le commun des mortels, sans le savoir, en souffre. Il a aussi besoin de légendes, d’héroïsme, de grandes missions et de grands sacrifices.
C’est justement ce qu’on retrouve dans la saga Star Wars. C’est aussi ce qu’on retrouvait dans la trilogie du Seigneur des anneaux.
Dans un univers hanté par le mal et même dominé par lui, une petite bande de valeureux, souvent assistés d’égarés, d’éclopés et d’aventuriers, font alliance et s’engagent dans une longue quête, dont ils ne savent pas s’ils reviendront. En fait, ils acceptent à l’avance qu’ils n’en reviendront probablement pas.
Leur objectif : sauver le monde, le délivrer des forces qui l’écrasent et l’avilissent.
C’est une histoire éternelle, qui sait émerveiller chaque génération.
Elle réveille des vertus qui sont généralement oubliées dans la modernité. On y célèbre l’aventure, le sens de la camaraderie, la fidélité inflexible aux principes qui nous commandent. Des mots comme honneur et trahison veulent encore y dire quelque chose.
L’homme qui s’engage dans la grande aventure joue son âme. C’est tout son être qu’il met dans la balance. Nous sommes loin de la communication pour rien dire : nous sommes dans le domaine des paroles sacrées et des serments définitifs.
Je devine la réaction des sceptiques : mais ce n’est que du cinéma ! Évitons cette perspective bêtement réductrice. L’art n’est pas qu’un divertissement.
C’est aussi une manière de scruter les zones intimes de l’âme humaine, celle des aspirations enfouies ou refoulées, qui peuvent relever de l’émerveillement ou de l’épouvante.
En d’autres mots, les passions cinématographiques d’une époque peuvent en dire beaucoup sur ses plus grands manques existentiels et sur le genre d’histoire qu’elle souhaite se faire raconter.
Cinéma
Star Wars, Le Seigneur des anneaux : que ces histoires se déroulent dans un lointain futur de science-fiction ou dans un Moyen Âge fantastique en dit beaucoup sur la sécheresse mentale de notre temps.
Pour voir des hommes courageux, braves, héroïques, capables de se soulever contre une tyrannie qui les écrase, on doit les imaginer dans un autre monde que le nôtre.
Comme si notre époque neutralisait l’âme humaine et qu’elle ne pouvait refleurir que dans un tout autre contexte.