Nous sommes désormais familiers avec le style politique de Philippe Couillard : faire des déclarations fracassantes qui rallient l’opinion publique pour ensuite agir en sens inverse le plus discrètement possible de manière à satisfaire les intérêts d’une caste de privilégiés. On l’a vu lors de la conférence de la COP21 à Paris et dans le dossier des forages à Anticosti. Ce style s’illustre encore de manière frappante dans la nouvelle politique énergétique québécoise dévoilée le 7 avril dernier.
Ce document, intitulé L’énergie des Québécois, répète comme des mantras les engagements du gouvernement pour la transition énergétique, la protection des milieux naturels, la sécurité des populations, la réduction de l’empreinte carbone et la lutte aux changements climatiques. Mais au-delà des bonnes intentions concernant les cibles de réduction de la consommation de pétrole, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, la nouvelle politique énergétique du Québec marque surtout un virage historique vers l’exploitation, le traitement et le transport pour l’exportation des combustibles fossiles. Un projet totalement inconciliable avec les engagements mentionnés plus haut.
Le gouvernement veut convaincre la population que le gaz naturel est une énergie de transition parce que la combustion du gaz produit moins de gaz à effet de serre que le diésel ou le mazout. Sauf que, depuis au moins 2014, des scientifiques ont démontré que l’avantage concurrentiel du gaz devient nul si on tient compte des émissions fugitives de méthane qui sont produites par l’extraction du gaz et des émissions de GES liées à la machinerie lourde utilisée. Si on fait une analyse du cycle de vie du gaz naturel, le bilan des GES devient autant, sinon plus dommageable que celui du charbon. C’est d’ailleurs pourquoi la Californie vient de voter une série de lois pour réduire sa dépendance au gaz naturel et diminuer la pollution de méthane associée.
Le gouvernement veut également convaincre les Québécois et Québécoises que l’exploitation des énergies fossiles nous permettrait de nous enrichir et d’assurer des revenus nécessaires pour faire le virage vers les énergies renouvelables. Or l’expérience américaine démontre qu’en plus de nuire à la transition énergétique, l’exploitation du pétrole et du gaz non conventionnels s’avère peu rentable. Des analystes parlent d’une bulle spéculative qui arrive à son éclatement : « L’éphémère flambée de l’activité d’extraction des hydrocarbures non conventionnels montre son vrai visage : celui d’une activité spéculatrice basée sur des montages financiers malsains». Les faillites et les pertes d’emploi dans ce secteur sont le signe d’une industrie en pleine déroute.
En se montrant favorable au pipeline Énergie Est, à l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels et à un virage vers le gaz naturel, le gouvernement libéral agit davantage comme le défenseur des intérêts d’une industrie désespérément à la recherche de nouveaux marchés que comme un leader de la transition énergétique. Les Québécois et Québécoises sont appelés à consommer du gaz pour pallier les pertes découlant des choix énergétiques de nos voisins américains et canadiens. C’est encore une fois utiliser des fonds publics pour venir en aide à quelques riches actionnaires. Sauf que dans le cas du pétrole des sables bitumineux et de l’industrie du pétrole et du gaz de schiste, ce ne sont pas seulement les créances qui sont toxiques.
La nouvelle politique énergétique du gouvernement de Philippe Couillard est comparable à une bouteille d’alcool frelaté. Ce qu’on lit sur l’étiquette n’a pas grand-chose à voir avec son contenu. Est-ce qu’on n’appelait pas autrefois ce type de procédé malhonnête une fraude?
Louise Morand
Comité vigilance hydrocarbures de L’Assomption
9 mai 2016
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2 commentaires
Jean-Claude Pomerleau Répondre
10 mai 2016Hydro-Québec saigner de milliards de dollars par le régime libéral.
Avec ce régime, le passé est garant de l'avenir
Les deux dernières politiques énergétiques des libéraux ont servis de paravent à de vastes manœuvres de privatisation à la pièce des filières énergétiques d'Hydro-Québec, ce qui a mené à la saigner de milliards de dollars de l'entreprise, devenue la chose du régime..
La première politique énergétique était centré sur les centrales au gaz. Bécancour nous a coûté plus d'un milliards pour ne pas qu'elle produise. Ce sera plus de deux milliards à la fin du contrat à long terme signé avec TCE de Calgary. Rappelons que le gouvernement Charest avait 12 centrales dans les cartons, une seul à passé. Merci à ceux qui sont monté au front contre le Suroît.Merci Daniel Breton.
La deuxième politique énergétique portait sur l'énergie renouvelable : éolienne, mini-centrales. Elles nous coûtent près d'un milliards par année pour de électricité qu'Hydro-Québec n'avait pas besoin. C'étaient des commande politiques selon Thierry Vandal (2013, commission parlementaire).
Démonstration : http://dossierplq.com/hydro_quebec-2.html
La troisième politique énergétique des libéraux contient un volet sur l'international, c'est là qu'il faut craindre le pire. Pour le régime libéral, le passé est garant de l'avenir.
JCPomerleau
P.s Ce dossier n'est qu'un des volets de la Commission d'enquête sur le régime libéral.
Serge Jean Répondre
9 mai 2016«L’énergie des Québécois»
Je le réécris, je le répète, jamais au grand jamais n'ai-je reçu gratuitement un seul plein d'essence, un madrier de 2X4, un homard, de l'électricité ou quoi que ce soit d'autre contrôlé «par l'économie à jobs de pitance de la banque au canada» jamais!
Aussi, est-ce une claque sur la gueule recevons-nous en applaudissant incroyablement, à chaque fois qu'un ministre vient nous annoncer des grands projets avec «L’énergie des Québécois». Le mot de passe de la caverne d'Ali Baba et les quarante milliards de la caisse dépôt.
Ce qu'ils nous annoncent tour à tour en réalité c'est qu'ils ont besoin d'un groupe de volontaire pour les aider à nous dilapider une fois de plus. Les emplois.