La nouvelle normalité : Guerre Froide 2.0, 24/24, 7/7

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Au rythme et dans le sens que la situation évolue, on va finir par être nostalgiques du passé

Depuis le coup d’état soft juridico-financier et politico-médiatique – comme au Brésil – jusqu’au soutien des jihadistes modérés, de multiples intrications de la guerre hybride par pollinisation croisée ont créé maintenant un tourbillon de nouveaux virus mutants.
La Guerre hybride, un concept washingtonien, a même été mise cul par dessus tête par ses concepteurs. L’OTAN, affectant la perplexité au sujet de l’existence même du concept, met l’invasion russe de l’Ukraine dans la catégorie des guerres hybrides. Cela sert les intérêts des fournisseurs de premier choix de guerres hybrides – comme la société RAND Corporation – et les pousse à aller plus loin en colportant des scénarios de jeux de guerre de la Russie cherchant à envahir et conquérir les États baltes – Estonie, Lettonie et Lituanie – en moins de deux jours et demi.
Et cela, à son tour, alimente encore plus l’hystérie militaire occidentale, orchestrée par le nouveau commandant de l’OTAN, alias Dr. Folamour, le Général Curtis [Le May, Ndt] Scaparrotti, s’assurant que son entrée en scène sera digne de celle de son prédécesseur, Philip Breedlove [alias Breedhate].
Un peu amusés par l’ensemble du cirque conceptuel, les Russes répondent par des actes. Vous déployez des moyens supplémentaires dans nos confins occidentaux ? Pas de problème, voici la réponse asymétrique. Et dites bonjour, sous peu, à notre nouveau jouet : le S-500.
Ce que veut Hillary
L’idée que Moscou aurait un quelconque intérêt à soumettre les États baltes est ridicule en soi. Mais avec la preuve de l’occupation directe de l’Afghanistan par les talibans – ils ne partiront jamais – et l’opération Droit de protéger en Libye – un État défaillant dévasté par les milices – tout cela étant le signe d’un échec lamentable, l’OTAN a cruellement besoin d’un succès. Entre alors en scène la rhétorique belliciste et la manipulation conceptuelle – malgré l’évidence que Washington déploie la guerre hybride sur tout l’échiquier.
La réalité émerge au-delà des lunettes de l’OTAN. La Russie est en avance sur le Pentagone/OTAN en matière de A2AD – anti-accès/interdiction de zone. Les missiles et les sous-marins russes peuvent facilement empêcher les avions de combat de l’OTAN de voler en Europe centrale et les navires de l’OTAN de patrouiller en mer Baltique. Pour la nation indispensable, ça choque – quel dommage !
L’implacable rhétorique hystérique masque le haut niveau des enjeux réels. Et c’est là que la candidate à la présidence des États-Unis, Hillary Clinton, entre en jeu. Tout au long de sa campagne, Clinton a vanté «un objectif stratégique majeur de notre alliance transatlantique». Le principal objectif stratégique n’est nul autre que le Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l’Investissement (TTIP) – un OTAN commercial pour compléter l’OTAN politique et militaire [et parachever le chef d’œuvre, NdT].

Le fait que le TTIP, après les dernières fuites néerlandaises, court maintenant le risque d’être embourbé dans le territoire des Morts vivants est peut-être un revers temporaire. Le projet impérial est limpide ; reconfigurer l’OTAN, qui a déjà muté en super-Robocop global (Afghanistan, Libye, Syrie), en une alliance politico-économico-commercialo-militaire intégrée. Toujours sous le commandement de Washington, bien sûr. Y compris les principaux vassaux/contributeurs périphériques, tels que les pétromonarchies du Golfe et Israël.

L’ennemi impérial, bien sûr, devrait être le seul projet authentique disponible pour le XXIe siècle : l’intégration de l’Eurasie – qui va des nouvelles Routes de la soie chinoises jusqu’à l’Union économique eurasienne pilotée par la Russie ; l’intégration des BRICS, qui comprend la Nouvelle banque de développement (NDB), en tandem avec la Banque chinoise d’investissement dans les infrastructures asiatiques (AIIB) ; et l’Iran, une résurgence, bien qu’indépendante, connectée à l’Eurasie ; et tous les autres pôles indépendants parmi les nations non-alignées (NAM).
Il s’agit de l’ultime confrontation permanente du XXIe siècle, qui va continuer à créer de multiples formes de guerres hybrides localisées – car elle a lieu non seulement à travers l’Eurasie, mais dans l’ensemble des pays du Sud. Tous les rouages sont en place – du Maidan aux négociations secrètes du TTIP ; de la provocation contre la Chine dans ses mers du Sud à la guerre des prix du pétrole et à l’attaque sur le rouble ; de l’espionnage de la NSA sur Petrobras, alimentant un lent mouvement légaliste de changement de régime au Brésil, à une UE ravagée par deux fléaux : une crise de réfugiés, conséquence des guerres de l’OTAN – et instrumentalisée par la Turquie – accompagnée d’un terrorisme djihadiste salafiste également engendré par les mêmes guerres.
Même avec la France et l’Allemagne encore hésitantes – pourquoi payer un prix aussi élevé pour les sanctions contre la Russie ? – le projet de Washington parie sur une UE ravagée et perpétuelle otage de l’OTAN. Et finalement aussi une otage de l’OTAN dans le domaine économique, à cause des impératifs géostratégiques étasuniens contre l’intégration de l’Eurasie [à laquelle l’Europe est interdite de participation, NdT].
Cela implique une autre conséquence ; la guerre conceptuelle – ce sont les méchants Russes qui font la guerre hybride, pas nous ! – doit être gagnée à tout prix, en instillant la peur constante chez le citoyen moyen de l’UE. En parallèle, il est également essentiel de mettre en œuvre le barnum ; d’où l’une des opérations militaires des États-Unis les plus massives sur le sol européen depuis la fin de la guerre froide, avec l’US Navy et la Force aérienne à capacité nucléaire.

Telle est la nouvelle normalité ; Guerre Froide 2.0, 24/24, 7/7.


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