La naïveté des Québécois

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L'attitude « nés pour un petit pain » des Québécois doit cesser

Le Québec s’est fait rouler dans la farine par le chef Giovanni « Jean-Claude » Apollo. Star de la cuisine et encensé par les médias, il vient d’être démasqué hier dans une enquête de La Presse + comme un imposteur, un affabulateur et un grossier harceleur sexuel.


Encore une fois, l’on se fait arnaquer par une grande gueule, née de parents italiens non pas en Italie comme il le prétendait, mais en France. Il n’est donc qu’un maudit Français et il se prénommerait Jean-Claude.


L’on croyait révolu ce temps où des Français débarqués chez nous s’imposaient grâce à leur bagout devant des Québécois complexés.


Dans les dernières années, nous avons eu le triste cas de François Bugingo, vedette médiatique, mais faussaire intellectuel et journaliste affabulateur, qui assurait nous informer en direct d’un pays d’Afrique alors qu’il était au bout de son portable quelque part à Montréal.


Fourberie


Apollo s’est inventé une vie de cuisinier cinq étoiles, l’égal des plus grands chefs du monde, dont le premier était Paul Bocuse, son ami supposé. Nous avons tout gobé, si bien qu’il a réussi à se comporter comme un salaud avec les pauvres Québécois qu’il méprise du haut de sa vilenie.


« A beau mentir qui vient de loin » s’applique à sa personne. Le hic, c’est que nous sommes à l’ère de Wikipédia et Google, des instruments qui supposément permettent de faire nos propres enquêtes de limier.


Or personne n’a été fichu de vérifier ses assertions. Ni dans le monde de la cuisine ni dans nos médias, parmi ceux qui l’ont propulsé et lui ont permis d’accéder à la notoriété.


Les Québécois se vantent de ne plus avoir de complexe d’infériorité vis-à-vis des Français. Cet Apollo, né à Bourg-en-Bresse, nous oblige à conclure que les forts en gueule venus de France peuvent encore user de leur ascendant sur nous.


Apollo a roulé des hommes d’affaires. Même Tony Accurso aurait été lésé de deux millions de dollars après avoir effectué des rénovations dans un des restaurants d’Apollo.


Affabulation


Cette imposture est «énorrrrrme», comme dirait Fabrice Luchini le magnifique. L’affabulation a perduré durant vingt ans. Ce qui démontre que le berneur a trouvé au Québec le terrain propice pour sévir et imposer sa loi à coups de séduction perverse, de menaces et d’injures.


Paradoxalement, nous sommes une société de rectitude politique, mais Apollo a eu l’occasion d’insulter, de malmener et de mentir à des centaines de personnes sans être freiné dans ses actions. Il a même été condamné au criminel deux fois plutôt qu’une, mais le chef persiste à nier les faits dont il était reconnu coupable.


Pire, Apollo laisse entendre que ses frasques et ses violences s’expliquent par ses origines. « J’ai été élevé comme ça. Je suis européen. Je suis désolé d’être européen ».


On peut lui rétorquer que nous sommes québécois, qu’on a le dos large, mais qu’on se respecte encore. Donc qu’un imposteur de son espèce n’est plus le bienvenu dans le Québec des naïfs.