La moto à trois roues

Tribune libre - 2007

« Bombardier Produits récréatifs (BRP) a dévoilé, lundi matin, un premier véhicule routier: le roadster Can-Am Spyder 2008. Ce véhicule à trois roues, deux à l'avant et une à l'arrière, est propulsé par un moteur bicylindre en V de 990 cc. (…) Jean Charest, était d'ailleurs présent lors du dévoilement du nouveau véhicule. Il en a profité pour annoncer une contribution financière remboursable de 17,8 millions $ au développement du Spyder. »

Avez-vous vu Jean « Cuirette » Charest affublé de son blouson en cuir synthétique sur la nouvelle moto à trois roues fabriquée par Bombardier ?

Non?

C’était de toute beauté! C’était tant et tellement réjouissant qu’il est possible que certains de ses fans aie mouillé leur culotte en l’apercevant tout souriant dans ce show de boucane. Charest = la nouvelle mâlitude incarnée ! Harpeur serait fier de lui !

Qu’était-il allé faire là, demandez-vous?

Il était allé offrir ses hommages et son soutien aux dirigeants de la compagnie Bombardier-récréation. C’est normal… Quoi! Vous ne connaissiez pas ses accointances idéologiques avec le président de Bombardier, monsieur Beaudoin?

Entéka, moi, je les connais. Et si je considère mon moi-même, en tant que néo-kénado-québécois-inclus et uni, je suis fier de cette compagnie qui est encore, toujours, régulièrement et largement subventionnée par nos taxes.

Pour mémoire, Beaudoin est ce dirigeant fédéraliste qui s’était permis lors du dernier référendum d’écrire un petit mot gentil qui accompagnait le chèque de paye des employés. Il y était écrit que, si le OUI emportait le référendum, les « jobs » de Bombardier seraient ipso facto emportés ailleurs. Inutile de dire que cela a eu pour effet de rafraîchir la mémoire des employés sur un glorieux épisode de l’histoire du Québec. Ici, je fais allusion au chapitre relatant la fuite des capitaux.

Vous n’en avez pas souvenance?

Ben voueillons don! Sous le règne de Bourassa-le-Grand, on avait montré à la UNE du Montréal-Matin (l’ancêtre du journal de Mourial) une magnifique photo en gros plan de plusieurs camions de la Brink. Imaginez le tableau… Dans ces robustes camions, on avait mis à l’abri, des capitaux, titres et autres objets de valeur afin de les transporter en lieu sûr, quelque part derrière les frontières séparant la calme Ontario du Québec révolutionnaire. La richesse du bon peuple (c’est du moins ce que l’on prétendait à l’époque) serait ainsi placée entre bonnes mains.

C’était bien avant le vol du dernier référendum (ce que le rapport Grenier confirmera APRÈS les prochaines élections). Comme quoi l’histoire se répète avec des variations sur un même thème…

J’entends grommeler… Ne me dites pas que certains de vous sont restés accrochés à l’histoire de Bombardier là!

Vous me parlez des pressions indues de la part de monsieur Beaudoin?

Meuh non! On n’appelle pas cela des pressions indues. On appelle ça du réalisme politique !

C’est du même ordre que le sabotage effectué par Jean-John-James dans le dossier de Meech (il était ministre conservateur dans le cabinet de Mulroney) lorsqu’il a sabré généreusement dans les demandes du Québec pour présenter une position plus « acceptable » par le ROC.

C’est de là que vient ma perception de magouilleur de l’actuel premier ministre qui s’apprête à partir en campagne électorale pour nous expliquer pourquoi il n’a pas respecté ses principales « promesses ».

Bref, après avoir perdu un viaduc (construit sous le règne des patroneux libéraux, dont, bien sûr, la compagnie n’existe plus!), le parti libéral a laissé aller sa quatrième roue, pour adopter l’auto-moto.

Vive Jean Charest, le centriste extrême!
Vive celui par qui les décisions ne viennent pas!

Quelle belle image de flottement pour un gouvernement avachi!

Serge Longval,
Longueuil



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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2007

    Monsieur Longval,
    Moi aussi, je me souviens des camions de la Brink's
    en 1976.
    Dans les faits, ces camions étaient vides!
    Si vous avez d'autres souvenirs, n'hésitez pas à les
    rappeler aux lecteurs, qui sait? Ça peut réveiller
    des indépendantistes somnolants!
    Thaïs Potvin