À RETENIR
Visionner le débat sur les enjeux féministes organisé par la Fédération des femmes du Québec, qui se tenait le jeudi 23 août 2012
Ah, les femmes ! Il faut avoir une vision bien réductrice de ce vaste électorat pour tenter de susciter leur intérêt simplement en s’entourant de candidates, comme l’a fait lundi François Legault.
Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) voulait ainsi atténuer la méfiance des femmes à son égard, que révèlent les sondages et qu’il attribue à leur insécurité face aux changements. Un cliché dans la même veine que ses explications quant à la composition de son équipe - qui, de tous les partis, est celui qui compte le plus faible pourcentage de candidates. La CAQ n’aurait cherché qu’une chose : la compétence.
Il faudra bien que M. Legault remette ses connaissances à jour : c’est la culture politique qui fait fuir les femmes, pas leurs capacités ! Il faut donc mettre les efforts pour qu’elles acceptent de plonger et qu’elles se sentent à leur place. C’est un travail constant, même au plus haut niveau, comme le vit présentement Pauline Marois - dont on ne sait plus à quel point c’est sa performance intrinsèque de chef qui est jugée ou celle d’une femme-chef qui refuse de sacrifier sa féminité. Et c’est une approche qui a besoin de symboles forts, comme l’a fait Jean Charest, qui n’a pas eu peur de constituer un Conseil des ministres paritaire, octroyant à des femmes des ministères-clés.
La représentativité ne peut toutefois à elle seule tenir lieu de discours sur la condition féminine, particulièrement sa facette économique. Les programmes du Parti québécois (on l’a encore vu dimanche avec une annonce sur l’encadrement des agences de placement, qui recrutent surtout des femmes) et de Québec solidaire, tout comme bien de leurs candidates, féministes affichées, témoignent d’un réel souci de l’électorat féminin.
À l’inverse, le grand ménage que promet la CAQ cible spécifiquement des secteurs - santé et éducation - où les femmes dominent, dans des emplois bien payés et avec de bonnes conditions de travail. Ces travailleuses écoperont. Cela n’est pas banal dans un marché où les femmes sont majoritaires dans les emplois précaires ou au salaire minimum et où subsistent encore écarts salariaux importants et plafond de verre.
C’est la même logique qui s’applique avec le Plan Nord du Parti libéral. Techniquement, c’est un projet ouvert aux travailleurs des deux sexes. Mais pour que cela s’avère, il faudrait des mesures qui favorisent l’embauche de femmes dans des emplois massivement masculins et la mise en place d’infrastructures, comme des places en garderie, pour humaniser ce grand développement plutôt que de miser sur des travailleurs nomades. Une réflexion est en cours à ce sujet avec le Conseil du statut de la femme, expliquait la ministre de la Culture et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, au (passionnant) panel que la Fédération des femmes du Québec tenait jeudi dernier sur les enjeux féministes de la campagne.
Mais pourquoi, encore une fois, tout cela n’a-t-il pas été considéré au départ ? Pour une avancée sociale majeure comme les CPE, combien de décisions nuisent aux femmes - en tant qu’aidantes naturelles par exemple ou retraitées aux goussets moins garnis que ceux des hommes. Les électrices sont méfiantes ? Elles ont bien raison.
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