À une époque où l’anglicisation menace de plus en plus le territoire du Québec, particulièrement l’île de Montréal, j’ai cru opportun de vous présenter ce texte de Félix Leclerc, offert quelques mois avant sa mort en 1988 au Mouvement Québec français sous le titre « La Loi 101 » :
« Oui, je suis bilingue ;
Ce n’est pas à l’école primaire que j’ai appris l’anglais
mais dans les rues d’Ottawa et à l’âge de 15 ans.
C’est une mauvaise partance pour l’enfant anglais ou français,
(suffisante pour l’écœurer à tout jamais)
que de lui inculquer deux langues à l’école primaire.
Que chacun baigne dans sa langue maternelle jusqu’à
l’âge de 15 ans, s’il veut la bien posséder.
Une langue seconde s’apprend en six mois
dans une ville étrangère
quand on a l’âge de 17 ans et le goût de la parler.
C’est faux des bilingues à 8 ans, ce sont des baragouineux.
La langue, c’est comme un instrument de musique,
celui qui les joue tous, les joue mal.
Celui qui n’en joue qu’un seul le joue bien.
Nous avions la Loi 101 comme protection et survie.
Où est-elle rendue ?
la Loi 101 reconnaissait le français
la seule langue officielle au Québec,
comme la langue américaine est reconnue
la seule langue officielle aux États-Unis,
(ce qui ne les empêche pas d’en parler 5).
la Loi 101 criait aux deux Amériques
ce qu’on leur cachait depuis des siècles,
qu’une Nouvelle-France existait à leur porte.
la Loi 101 disait à l’univers que les Québécois
étaient l’un des deux peuples fondateurs du Canada.
la Loi 101 me faisait marcher librement et partout
dans le Québec, comme si j’avais été chez moi.
la Loi 101 disait à l’immigrant
arrivant ici en terre d’accueil,
que le français était la langue du Québec
contrairement à ce que la propagande d’Ottawa
leur avait appris avant leur départ,
que nous étions tous anglais.
Afficher et parler notre langue à l’usine, à l’école,
à la douane, au restaurant, au forum, au magasin, partout,
était une affaire entendue et acceptée par la minorité
anglaise du Québec, qui avait fini par comprendre
qu’enfin décolonisés, nous avions une langue maternelle,
et surtout que nous apportions, (parce que différents)
une richesse incalculable au Canada entier.
Hélas,
il aura fallu que quelques arrivistes,
Canadiens-français de surcroît,
vendent pour un plat de lentilles (de votes)
notre droit d’aînesse en Amérique.
Est-ce que tout serait à recommencer
à cause de quelques magasiniers
qui échangent
trafiquent
vendent
trois siècles d’histoire pour quelques heures de pouvoir ? »
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