Estimant que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n’a pas démontré une réelle volonté de contrer la discrimination systémique envers les minorités, la Ligue des Noirs du Québec a demandé mardi sa mise sous tutelle.
Au lendemain du dépôt du rapport de trois chercheurs indépendants révélant que les Autochtones, les Noirs et les Arabes étaient plus susceptibles que les Blancs de se faire interpeller par les policiers, la Ligue des Noirs a déploré le surplace observé depuis des années en matière de profilage racial.
« Nous avons eu plusieurs rapports accablants sur le même sujet dans le passé. Et nous nous retrouvons dans la même situation : des gens de notre communauté continuent d’être arrêtés injustement et parfois emprisonnés », a souligné Dan Philip, président de la Ligue des Noirs du Québec.
Jugeant que la confiance du public est brisée et que les autorités ne semblent pas en mesurer de corriger la situation, la Ligue a réclamé la mise sous tutelle du SPVM et demandé que le Bureau des enquêtes indépendantes fasse enquête.
De son côté, Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), croit qu’il faut laisser la chance au coureur. « Les données du rapport sont percutantes. […] Je pense que ça va être très difficile pour le SPVM et pour les autorités municipales de nier la situation et retarder l’instauration des mesures qui s’imposent. »
Des gens de notre communauté continuent d’être arrêtés injustement et parfois emprisonnés
Il ne juge pas qu’une mise sous tutelle soit appropriée. « Ça créerait davantage de conflits avec tout le monde. […] Il y a 4500 policiers au SPVM et ils n’agissent pas tous de façon discriminatoire », a-t-il dit tout en insistant sur l’instauration de balises claires en matière d’interpellation.
Questionnée mardi sur l’existence de la discrimination raciale dans les autres corps policiers au Québec, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a indiqué qu’un comité de travail regroupant des organisations policières se penchait déjà sur le dossier. Elle a aussi demandé que des représentants de la société civile se joignent à ce comité : « C’est donc quelque chose qu’on prend très au sérieux ».