On parle beaucoup de Guy Nantel ces jours-ci. Des gens qui, pour la plupart, n’ont pas vu son dernier spectacle ont décidé de lui déclarer la guerre. Ce qu’ils en ont entendu dire à propos de la « culture du viol » leur déplaît particulièrement.
Hier, on apprenait même que l’humoriste a reçu des menaces de mort de la part d’un maniaque. Mais ce dernier, qui prétend avoir un droit de vie ou de mort sur ses concitoyens, selon qu’il aime ou non ce qu’ils disent, n’est pas seul. D’autres, de manière moins extrême, en ont appelé à ce qu’on perturbe son spectacle.
Censure
Sur Ricochet, un journal web associé à la gauche radicale, une militante féministe écrivait à propos des gens comme Nantel que « tous les moyens sont bons pour les arrêter. S’il faut se prendre des billets pour aller lancer des tomates sur Guy Nantel à sa prochaine représentation, on le fera ».
On voit ce que la nouvelle gauche militante pense de la liberté d’expression: elle s’en moque et n’hésite plus à en appeler à la censure. Elle s’autorise même «tous les moyens».
Je n’ai pas encore vu le spectacle de Guy Nantel. Je ne me prononcerai donc pas sur son contenu, mais sur la réaction qu’il suscite.
Peu importe ce que dit Nantel, peu importe sa manière de le dire aussi, rien ne devrait justifier la volonté de faire taire un humoriste, un intellectuel, un écrivain ou un simple citoyen prenant la parole publiquement.
Mais ce que révèle la controverse autour de Guy Nantel, c’est la puissance de certains lobbies idéologiques fanatisés qui ont désormais le pouvoir de décréter qu’il est interdit de rire des concepts qu’ils imposent dans la vie publique ou même de les remettre en question.
Ivres de vertu, au nom du féminisme ou de l’antiracisme, ils décrètent l’existence de nouveaux tabous.
À certains égards, ils réagissent comme les islamistes qui ne tolèrent tout simplement pas qu’on se moque de leur religion ou qu’on en parle autrement qu’à la manière de fervents croyants. Elle est tellement importante pour eux qu’ils la placent au-dessus de toute forme de critique possible.
Les nouveaux lobbies de la bien-pensance de gauche ont leur propre idée du blasphème et veulent aussi l’interdire publiquement.
Ils décident de quoi on peut rire et surtout de quoi on ne peut pas rire. Ils décident aussi à quelle condition on a le droit de parler d’un sujet ou non.
Fanatisme
Le climat devient étouffant et totalement irrespirable. On se sent surveillé. Le sentiment dominant, c’est qu’on ne peut plus dire grand-chose sans offusquer le porte-parole d’une pseudo-minorité qui fait carrière dans l’indignation médiatique et dans la victimisation systématique.
Notre époque n’en est pas une de liberté, mais de fanatisme. Et un nouvel obscurantisme s’impose grâce à la force des réseaux sociaux. De petits esprits sectaires prétendent dominer la vie publique et distribuer les permis de parler.
Il faut les envoyer paître de la plus belle manière.
Courage, Guy Nantel!