Si l'ouverture des Jeux Olympiques Du Canada a suscité beaucoup d'indignation au Québec, il faut noter qu'un député libéral fédéral, un ministre conservateur de l'ouest canadien, des éditorialistes de chez Gesca, et même le Premier Ministre libéral du Québec, ont tenu à souligner la place microscopique qu'occupait le français dans cette cérémonie. Leur réaction est-elle surprenante ? Pas du tout.
Faire de l'oblitération totale d'une nation une seule question de langue, réduire un déshonneur monumental à la taille d'un simple débat linguistique, c'est l'unique avenue envisageable pour les adversaires de l'indépendance, quand il devient impossible d'ignorer le malaise général.
Cela permet non seulement d'accréditer par la bande le sentiment dominant au Canada, celui d'une nation unique agrémentée de diverses communautés culturelles et linguistiques minoritaires, dont les francophones, mais c'est aussi et surtout un magnifique moyen de passer à côté des vraies questions.
Pendant qu'on enfonce des portes ouvertes à propos de la langue, se demande-t-on vraiment ce que le Québec vient de perdre, en étant complètement absent d'une manifestation télévisée de trois heures vue par, dit-on, deux milliards et demie de personnes ? Et ce qu'il perdra en compétitionnant sous les couleurs d'un autre pays dans les prochains jours ?
Combien de touristes ne viendront pas, combien d'échanges culturels et commerciaux n'auront pas lieu, combien d'immigrants potentiels ne seront malheureusement pas investis d'un réel désir d'intégration et de communion avec le Québec ?
Ces olympiques sont une illustration tonitruante, parmi tant d'autres, de ce que signifie notre soumission au régime de domination canadian : le retranchement. Quel est le prix, pas seulement en argent, ni dans le seul contexte de cet événement particulier, de ce retranchement ? Combien coûtent, pour une nation, l'annonymat et la tutelle ?
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