Après quatre semaines d'absence consécutive à une agression commise par un détraqué, Silvio Berlusconi a repris son poste de premier ministre. Dans un premier temps, il a annoncé une réforme fiscale à venir sans en exposer les principales lignes. Puis, il fait l'impasse sur les violences raciales dont les travailleurs saisonniers ont fait les frais dans le sud de l'Italie la semaine dernière. Bon. Pour faire court, soulignons qu'il a accordé temps et énergie à peaufiner les contours d'une loi qui étouffera toutes les poursuites dont il est le sujet.
En fait, on devrait parler de deux lois. La première, et qui le concerne au premier chef, consiste à réduire à un maximum de six ans la durée des causes judiciaires. La deuxième, et qui elle concerne tous les députés, prévoit accorder à nouveau l'immunité parlementaire aux élus qui avait été gommée en 1993 à la suite de l'avalanche de scandales politico-financiers. Revenons à la première.
Si le texte est adopté, ce qui ne devrait poser aucun problème, le parti de Berlusconi disposant d'une majorité confortable, alors pas moins de 100 000 poursuites allant de la corruption de fonctionnaire à la fraude en passant par la contrefaçon seront abandonnées. Outre les dommages que l'on suppose à l'intérieur du pays, cette profonde entorse à la justice aura des répercussions graves hors des frontières.
En effet, une fois la loi votée, ceux qui ont détourné des fonds alloués par l'Union européenne pourront dormir tranquille. Ceux qui ont violé les droits d'auteur, notamment sur le front de la musique, ceux qui se sont livrés à la contrefaçon de marques, ceux qui ont bafoué des lois environnementales de divers membres de l'Union européenne pourront concocter en toute liberté d'autres méfaits. Bref, en agissant de la sorte Berlusconi bafoue le droit d'une nation à qui l'on doit justement le droit, en plus de se moquer des droits exercés par des citoyens et des institutions des pays voisins.
Dans cette histoire qui symbolise plus que jamais que l'Italie est confrontée au fait du prince, il faut s'arrêter à la manière choisie par Berlusconi pour s'auto-amnistier. Il a développé son plan avec l'aide évidemment de son avocat, mais aussi, voire surtout, du ministre de la Justice. Autrement dit, en l'espace de quelques heures il a transformé ce ministère en contentieux voué à sa seule personne.
Cet énième épisode la saga politico-judiciaire se poursuit, c'est à retenir, alors que la péninsule est aux prises avec une récession qui mine autant la capacité industrielle que les coffres de l'État. Et alors? Plutôt que de s'attaquer à ce problème, le premier ministre Silvio Berlusconi gère l'Italie en observant les travers du bon plaisir.
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