La juste colère de Chevrette

39fc96184c4c532b73fb64a9c06bc5ba

Quand l'Empire Desmarais se cache derrière Chevrette. Faut-il qu'ils aient peur...

«Ma réputation vaut cher!», de lancer un Guy Chevrette ulcéré sur les ondes de LCN. L'ancien ministre péquiste a raison: il n'y a pas de bien plus précieux qu'une réputation intacte. Et il avait aussi raison de fulminer contre la commission Charbonneau, qui a refusé de l'entendre après que Gilles Cloutier l'eût accusé d'avoir réclamé par l'entremise d'un tiers un pot-de-vin de 100 000$.
La réaction de la Commission à la requête de M. Chevrette, qui voulait contre-interroger le témoin, a été d'un cynisme ahurissant. La juge Charbonneau et le commissaire Lachance ont décrété que par leur nature, les commissions d'enquête publiques risquent d'écorcher des réputations. C'est ça qui est ça.
Votre réputation est démolie par l'un de ces témoins-vedettes à la crédibilité quasi nulle dont la Commission fait ses beaux jours? Vous êtes condamné dans l'opinion publique sans avoir été jugé selon les règles du droit? La présomption d'innocence dont bénéficient les pires criminels ne compte pour rien du tout dans votre cas? Eh bien tant pis, la Commission s'en lave les mains! Après tout, on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs, comme disaient naguère les compagnons de route de Staline!
M. Chevrette est loin d'être le premier à s'être fait discréditer par l'un de ces escrocs repentis à qui la Commission passe complaisamment le micro. Ils «collaborent», donc il faut les croire!
Le maire Tremblay, l'an dernier, avait vainement supplié d'être entendu tout de suite après les accusations d'un ancien organisateur. Il y a toute une différence, en termes de poids et de solennité, entre donner une conférence de presse de 15 minutes et témoigner sous serment pendant deux heures devant la Commission.
Il est vrai qu'on n'en finirait pas si la Commission devait entendre tous ceux dont elle a sali le nom, peu importe les conséquences. On pense, par exemple, aux anciennes ministres Line Beauchamp ou Michelle Courchesne, qui ne peuvent plus avoir accès aux postes auxquels leurs qualifications leur donneraient droit sous prétexte qu'elles ont croisé des individus qui allaient plus tard être soupçonnés de gestes illégaux. Sans compter tous ces entrepreneurs acculés à la faillite, eux et leurs employés, sur la base d'allégations non prouvées, pour la simple raison qu'ils ont été «mentionnés» à la Commission...
Il y a maintenant 6 mois qu'une centaine de personnes qui ont été vues au Club 357c sont sous le coup de soupçons imprécis, apparemment parce que le club comptait parmi ses nombreux membres un entrepreneur aujourd'hui accusé de fraude. On a rarement vu un plus beau cas de culpabilité par association. Mais la Commission n'a jamais donné la raison de la publication de cette liste. Pas d'explication, pas d'excuses, rien.
Est-il vrai, comme l'affirme la juge Charbonneau, qu'il est dans la nature même d'une commission d'enquête publique d'infliger des dommages aux réputations - dommages qui s'avéreront irréparables, compte tenu du retentissement qu'ont ces témoignages télévisés? On pourrait croire, au contraire, que des commissaires respectueux des droits d'autrui feraient tout pour atténuer ce risque. N'y a-t-il pas des précautions à prendre?
Mais au fait, où est le Barreau du Québec? Où sont les juristes d'expérience, les juges de la Cour suprême retraités, ceux qui, par leur autorité morale, pourraient ramener la Commission à l'ordre? Jusqu'à présent, à peine une poignée d'avocats de la défense ont émis des critiques. Faut-il mettre le silence assourdissant des autres sur le compte d'une solidarité corporatiste entre magistrats et procureurs de la Couronne?
Ou alors est-il vraiment inévitable qu'une commission d'enquête publique soit une machine à broyer les réputations? Quelles conclusions faudrait-il alors en tirer?


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé