Si le Canada s'est fait recaler dès le premier tour du vote à l'ONU, c'est la faute des partis de l'opposition, qui ont offert une image divisée du pays. Voilà la justification qu'a fournie hier le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, peu après avoir annoncé que le Canada retirait sa candidature à l'un des sièges temporaires du Conseil de sécurité.
Le ministre Cannon pensait-il vraiment ce qu'il a dit? C'est difficile à croire. Quoi qu'il en soit, son explication est pathétique. Car les ambassadeurs internationaux à l'ONU n'avaient pas besoin de décortiquer les chicanes internes canadiennes pour conclure que quelque chose ne tourne pas rond à Ottawa.
Pas besoin de chercher midi à quatorze heures pour comprendre la cuisante défaite d'hier. Elle est le résultat d'une série de virages dans la politique étrangère canadienne. Virages qui ont fait perdre au Canada jusqu'à ses alliés les plus naturels.
Des exemples? Une politique inconditionnelle d'appui à Israël, qui tranche avec notre approche équilibrée passée, et qui a ulcéré les 57 pays musulmans. Une nouvelle politique d'aide étrangère axée dorénavant sur les «pays de priorité», que plusieurs pays africains ont interprétée comme un abandon, ni plus ni moins. Là encore, il y avait une cinquantaine de votes en jeu.
L'attitude du Canada au sommet de Copenhague sur le climat, où il a mis des bâtons dans les roues des négociations, a fâché les Européens. Les micropays du bout du monde, qui craignent d'être submergés sous les océans avec le réchauffement climatique, n'ont pas aimé non plus. Ils ont beau être tout petits, ils ont un vote chacun...
Il reste l'Asie. Et puis, l'Amérique latine - mais là encore, il y a des points de friction, car le Canada n'a toujours pas ratifié la Convention sur les peuples autochtones. Et puis il y a ces visas imposés aux Mexicains en guise de barrière à l'asile politique.
Bref, les ambassadeurs à l'ONU n'avaient pas besoin de Michael Ignatieff pour se convaincre que le Canada ne mérite pas sa place au Conseil de sécurité. Ils s'en sont rendu compte tout seuls. Et pas à peu près.
Dès le premier tour du vote d'hier, le Canada s'est retrouvé en troisième place. Aucun des experts à qui j'ai parlé la semaine dernière n'avait prévu le coup. Tous m'ont dit s'attendre à ce que, malgré des décisions impopulaires et un poids international déclinant, le Canada finisse par accéder au Conseil. Parce que c'est ce qui est arrivé tous les 10 ans depuis la création de l'ONU. Parce qu'il y avait une place pour un acteur non européen dans la configuration politique actuelle. Et parce que, malgré toutes ses défaillances, le Canada jouit encore d'un bon capital de crédibilité, en raison de son leadership international passé.
Les experts se sont trompés. Le capital de crédibilité a été dilapidé. Et l'ONU a infligé un puissant camouflet au pays de Stephen Harper.
La gifle
Les experts se sont trompés. Le capital de crédibilité a été dilapidé. Et l'ONU a infligé un puissant camouflet au pays de Stephen Harper.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé