La démocratie et la pensée magique

IDÉES - la polis



En réaction au texte «[Abolir les partis politiques, c'est possible!->39316]» de M. Roméo Bouchard
Claude Poulin - On peut comprendre M. Roméo Bouchard d'être déçu du système démocratique actuel et de vouloir en conséquence le réformer. Mais l'idée qu'il propose, celle d'un modèle démocratique sans partis partis politiques relève de la pure utopie.
En somme, ce qu'il propose c'est la forme de la démocratie directe où le citoyen pourrait exprimer son choix politique sans avoir à passer par la procédure traditionnelle des partis politiques. Sur le plan de la pureté des principes, c'est sans aucun doute la formule idéale pour assurer la plus parfaite expression de la liberté du citoyen et de sa communauté. Elle fut d'ailleurs, comme chacun le sait, conçue et adoptée dans la Grèce ancienne de certaines Cités-États et va progressivement servir de fondement en Occident à nos systèmes de représentation démocratique.
Or au fil de son évolution, l'histoire a bien montré que la réalité concrète de la vie publique, alors que le jeu des intérêts de toutes sortes, de contraintes diverses et d'abus de toute nature, a fait en sorte qu'il a fallu créer des institutions plus complexes pour assurer l'ordre, la paix et la justice. Autrement c'était le désordre, l'anarchie ou la simple dictature.
Roméo Bouchard sait tout cela ! Ce qui motive son analyse est le contexte politique du jour et sa déception face au projet de souveraineté du Québec et d'un éventuel référendum. Sa suggestion de créer « une coalition de députés territoriaux, élus à titre personnel, qui s'engagent à une seule chose : mettre en place une nouvelle démocratie sans partis, où les citoyens sont souverains, et confier cette réforme à une constituante, tirée au sort pour en garantir l'indépendance, chargée d'élaborer et faire adopter démocratiquement une constitution pour le Québec où sera défini comment nous voulons vivre, nous gouverner et nous approprier ce pays », est une idée qui fait abstraction complète des institutions existantes, et qui, de toute évidence, ne serait pas retenue par le PQ. Et encore moins par la population prévenue des dangers d'un tel recul dans le mode primitif de la gouvernance. Cette règle d'initiative populaire glissant inévitablement vers le pire des populismes.
En tout respect pour celui qui, dans le passé, a contribué à faire avancer la cause sociale et politique de sa communauté, il faut lui faire comprendre que sa proposition n'est pas recevable parce qu'elle est, à mon humble avis, le produit de la pensée magique. Désolé !
Claude Poulin, Québec


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