La CSN a orchestré une volte-face en matière de laïcité de l’État. La centrale syndicale estime désormais que l’interdiction des signes religieux « cautionne les préjugés » à l’égard des femmes de confession musulmane.
À l’époque de la charte des valeurs du Parti québécois, la CSN souhaitait qu’on bannisse les signes religieux chez les employés de l’État en position d’autorité.
Lors de son passage mercredi devant les députés, le président Jacques Létourneau a vivement dénoncé le projet de laïcité du gouvernement Legault.
« On ne pense pas que de porter un signe religieux, ça vient trahir la neutralité de l’État », a-t-il lancé aux élus.
Plus encore, le syndicaliste estime que le ministre Simon Jolin-Barrette cible clairement les femmes musulmanes dans son projet de loi 21. « Ça vient un peu attiser les tensions d’une société », a-t-il insisté.
La conseillère syndicale Marie-Hélène Bonin a déploré les effets pervers du texte de loi caquiste. « En s’inquiétant des signes religieux comme le fait ce projet de loi, d’une certaine façon, on cautionne les préjugés à l’égard des gens qui portent des signes religieux et l’on sème même le doute sur leur capacité à agir de façon professionnelle, neutre, intègre, éthique, non prosélytique. »
Danger de ghettoïsation
Mêmes craintes de la part de sa collègue Mireille Bénard, laquelle anticipe une « ghettoïsation de certaines communautés ou de certaines femmes » qui s’étaient pourtant intégrées et émancipées.
Si le gouvernement va quand même de l’avant avec sa loi, la CSN suggère qu’on étende la clause de droits acquis aux étudiants des professions ciblées par l’interdiction de porter des signes religieux.
« Les étudiants qui sont actuellement à l’université et qui veulent devenir professeurs, on pense qu’on devrait leur permettre de porter leurs signes religieux », propose M. Létourneau.
L’Association des policières et policiers provinciaux du Québec n’est pas du même avis. Le président Pierre Veilleux ne croit pas qu’on doive élargir l’interdiction des signes religieux à l’École nationale de police, notamment parce que les aspirants policiers ne sont pas encore des « agents de la paix ».