Hier, dans un article de la Presse Canadienne publiée dans Le Devoir, j’ai
appris que la cour d’appel du Québec venait d'invalider la loi 104.
Celle-ci empêchait les allophones ayant seulement une année de
fréquentation d’école privée anglaise de passer du secteur privé au secteur
public anglais. Cette brèche de la loi 101 rendait possible la
fréquentation d’une école anglophone publique aux frères et aux soeurs de
la famille allophone ayant un enfant qui aurait fréquenté une école privée
anglophone pendant une année seulement.
Ce matin, j’ai su qui était derrière cette contestation de la loi 101.
C’est nul autre ce fameux M. Brent D. Tyler, qui représentait Kitty et
Talwinder Bindra. Angryphone - anglophone enragé - de la trempe de
Galganov, M. Tyler est un personnage qui a fait les manchettes assez
souvent pour dénigrer et salir le Québec sur toutes les tribunes, en
particulier celles du ROC. Il est également un procureur qui a été et qui
demeure très proactif à vouloir démanteler la charte de la langue
française, tant sur le plan de l’affichage que sur le choix de la langue
d’enseignement.
Héritier spirituel de Bill Johnson à qui il succéda au Parti Égalité, il a
également été très impliqué dans les défusions sur l'île de Montréal.
Il a dit, à qui veut l’entendre depuis au moins 1995, que le mouvement
indépendantiste est anti-démocratique parce que le PQ se réservait l’option
de faire une déclaration unilatérale d’indépendance avec 50% + 1 des voix.
À une émission radiophonique de Gilles Proulx en 1996, M. Tyler tenait ce
genre de propos et il s’était fait traiter de paranoïaque et d’hypocrite
par l’animateur qui lui rappelait que ces règles semblaient avoir été
valides et démocratiques lors du référendum de 1980. Plus tard dans
l’émission, un peu bousculé par les questions et le ton de M. Proulx, M.
Tyler comparait la consultation populaire sur l’indépendance du Québec –
par rapport à la majorité requise démocratiquement - aux votes nécessaires
à la dissolution d’un club de golf, disant qu’on ne peut pas dissoudre un
club de golf sans avoir les deux tiers de ses membres en faveur de sa
dissolution. Une petite chose que M. Proulx n’a pas mentionnée pendant son
entrevue avec ce tout petit colonialiste du prénom de Brent, c’est que
Terre-Neuve s’est jointe à la fédération canadian avec à peine 52% des
voix. Si c’est bon pour se joindre, ce l’est également pour se séparer,
aussi simple que ça et je crois que la cour suprême a même vaguement
reconnu ce principe.
M. Tyler, du temps qu’il était président d’Alliance Québec, a eu accès à
des généreuses subventions de Patrimoine Canada, qui finançait à 90% le
Parti Égalité. Ce parti aurait reçu plusieurs centaines de milliers de
dollars - au-dessus de 600 000$ selon certains estimés - de cette généreuse
agence et M. Tyler se servait de cet argent pour contester la loi 101
devant les tribunaux. À date, il aurait initié près d'une dizaine de
causes contre la loi 101. Patrimoine Canada a cessé de subventionner le
Parti Égalité en 2005. Le Parti Égalité se vantait, à une époque, d’avoir
15 000 membres. En 2002, ils étaient à peu près 2 400.
Pour revenir à la victoire de M. Tyler en cour d’appel du Québec hier, une
chronique parue dans La Presse de ce matin explique que le juge Hilton, un
des trois juges de la cour d’appel qui a rendu ce jugement, a déjà été
procureur pour le Parti Égalité.
Même si le verdict a tout de suite été porté en appel par le gouvernement
Charest, on sent le malaise de son gouvernement face à ce jugement. C'est
qu'on ne veut surtout pas se trouver devant un autre débat identitaire
potentiellement explosif, surtout suite aux débats récents et à venir sur
les accommodements raisonnables. Indignés par cette décision du plus haut
tribunal du Québec, les deux partis d’opposition ont vite exprimé leur
soutien de cet appel à la cour suprême.
Donc, on va encore demander à la cour suprême du Canada de valider la loi
101, à la lumière – ou devrais-je dire à l’obscurité - de la charte de
Trudeau. Grosse perte de temps.
Par un éditorial et certains des textes de ses chroniqueurs, aujourd'hui,
les rédacteurs de la grosse presse épaisse se sont efforcés d’afficher une
façade outrée face à cette décision. André Pratte, un apologiste notoire
des autres stratagèmes du fédéral pour veiller à notre doux génocide
culturel et économique, a jugé bon de sortir contre ce jugement de la cour
d’appel en soulignant son illogisme.
Faudrait quand même pas que ça fasse trop des vagues…
Daniel Sénéchal
Montréal
P.S. Manif sur les 30 ans de la loi 101, débutant au métro Mont-Royal
dimanche, soyez-y!
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